Ou crée potentiellement une hérésie… Deux cardinaux restés fidèles à la doctrine de toujours, Raymond L. Burke et Gerhard Müller déclarent : « Ce sont ceux qui nient ces vérités de la foi qui tombent dans le schisme. C’est très triste, mais il faut le dire ».Ils ajoutent cet encouragement :

« Restons avec le Christ dans l’Eglise. Même si c’est le Pape qui défend ce qui est faux, défendons la vérité (…). Croyons que le Seigneur mène tout à bonne fin. En attendant, la souffrance est terrible ; je ne sous-estime pas la souffrance des catholiques ; je ne sais pas si je suis un bon catholique, mais moi aussi je souffre. Mais nous devons faire confiance au Seigneur, rester avec Lui, ne pas aller ailleurs. »

Cardinal Burke

Cet encouragement nous fait penser aux paroles du 1er pape (st Jean 6:68-69) : Simon-Pierre lui répondit : «Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu.» Ces paroles indiquent qu’il faut un discernement en matière de foi. Pour cela il nous faut des critères.

  • 1er critère d’analyse, les paroles du Christ.

La référence ultime reste le Christ en effet : les commandements qu’Il a laissés à son Eglise sont fondés et sont en lien avec ce qu’Il a proclamé (Mt. .24.35) : Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas. Depuis 2 000 ans bien des hommes, en dehors de l’Eglise et, hélas, aussi dans l’Eglise, ont voulu changer ou remplacer la parole du Seigneur. Mais jusque-là, avec le discernement qui convient, les vrais disciples, en grand nombre, ont rejeté toute déviation, toute erreur, ou accommodement, comme on dit aujourd’hui, pour plaire au monde. Il en résulte toujours des conséquences graves. Au début du christianisme malgré les persécutions le cap a été gardé, avec l’aide de Dieu. Le cas le plus célèbre est saint Athanase, exilé plusieurs fois, qui a lutté fermement contre l’arianisme dont les erreurs avaient ébranlé l’Eglise au 4ème siècle.

En sorte que le Cardinal Müller a rectifié l’assertion d’un autre Cardinal, Mgr Fernández, selon qui le pontife romain aurait sa propre doctrine : « Il n’y a tout simplement pas de doctrine du pape ; dans l’Église, il n’y a que la doctrine de Jésus-Christ et des apôtres (…). Le pape et les évêques promeuvent cette doctrine, mais ils n’ont pas de doctrine propre »

Image illustrative de l’article Athanase d'Alexandrie St Athanase le grand.

  • 2ème critère d’analyse le Saint-Esprit.

Burke a ensuite mis en garde contre l’appel constant à l’Esprit Saint dans les décisions, notamment pendant le Synode. L’Esprit Saint « est le même qui a inspiré l’Église pendant deux mille ans et qui ne se contredit pas. Il ne peut pas avoir inspiré pendant deux mille ans que quelque chose est mauvais, et maintenant inspirer que c’est bon ». De fait il est encore plus facile de se dire “inspiré” du Saint-Esprit que de dire qu’on est dans la voie de Jésus Christ. Les enseignements du Christ sont dans les évangiles, mais l’Esprit, comme le signale notre Maître et Seigneur (st Jean 3::08) est comme le vent : « Il souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. » C’est cela ce qui nait de l’Esprit. Puisqu’il s’agit d’attribuer à l’Esprit des inspirations ou des pensées qui engendreront des actes ou des conduites humaines dans la foulée. Là aussi on peut donner un exemple célèbre, celui de Saint John Fisher. Evêque, il s’opposa seul à Henri VIII… Il a perdu la tête, par décapitation pour avoir simplement dit au roi : « Non ! Non ! Je ne vous déclarerai pas chef de l’Eglise. »

  • 3ème critère : ne pas oublier que l’esprit du monde s’oppose à l’Esprit de Dieu.

Nous donnerons un seul exemples, celui d’Ignace d’Antioche, que nous avons découvert tout dernièrement. Il a écrit (1) : “Il est scandaleux de prononcer le nom de Jésus-Christ et de vivre dans le judaïsme.” Explication pour les croyants d’aujourd’hui, qui pourraient ne pas comprendre : En d’autres termes, il est scandaleux de prononcer le nom de Jésus-Christ et de vivre ensuite comme s’Il n’était pas venu. De vivre évidemment dans le monde et aux yeux des hommes, en se disant chrétien tout en pratiquant le judaïsme, à cause de l’esprit du monde, à cause du regard des bien-pensants de ce monde.

Et cela devrait être particulièrement bien compris par les ex-musulmans tel celui qui écrit ici. En effet nous avons rencontré certains d’entre eux qui se disent chrétiens, qui sont parfois même baptisés, mais vivent comme s’ils pratiquaient toujours l’islam. On appelle cela le Christ-islam. Le judaïsme actuel, tout le monde le sait, compte pour nulle la venue du Christ, rejeté dans sa prétention à être le Messie annoncé par les prophètes de l’Ancien Testament. Il en est de même de l’islam, qui rejette la divinité de Jésus et qui ignore sa venue (2). Ce n’est pas étonnant, du reste, puisque la plupart des personnages coraniques viennent du judaïsme ; les “colonnes” ou les “piliers” de l’Eglise chrétienne, que sont les apôtres, notamment Pierre, Jean et Paul, ou Joseph l’époux de Marie, sont inexistants dans le Coran.

Néanmoins nous ne pouvons pas ignorer le problème du respect et de la bienveillance, en somme l’amour du prochain, que nous devons aux Juifs et aux Musulmans. Non seulement ils sont proches de nous sur le plan humain et sociétal, la nation et la famille parfois, mais aussi par la croyance en un Dieu créateur et Juge ultime de tous les hommes et Maître de l’histoire. Cela peut nous perturber, et parasiter notre engagement radical, en tant que disciples, envers le Christ. Mais justement, c’est là que le Seigneur nous attend. Comment, en tant que disciples, relever le défi de les aimer sans oublier que l’amour de Dieu est premier. En effet Jésus est exigeant dans l’amour, dans la continuité de ce qu’Il proclame dans l’Ancien Testament : Je suis un Dieu jaloux ! (3)

Voici la jalousie du Christ en st Matthieu chapitre 10 : 34 Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre : je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. 35 Oui, je suis venu séparer l’homme de son père, la fille de sa mère, la belle-fille de sa belle-mère : 36 on aura pour ennemis les gens de sa propre maison. 37 Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ; 38 celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi.

  • En conclusion

La croix est le critère définitif pour le disciple de Jésus. Sans l’aide de l’Esprit-Saint c’est de la folie de croire en Jésus crucifié. Selon la formule de st Paul, dans sa 1ère lettre aux Corinthiens : 1.23 nous, nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les nations païennes.

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(1) Ignace a également écrit : “J’ai de grandes pensées en Dieu, mais je m’impose à moi-même une mesure, pour ne pas me perdre par ma vanterie (orgueil). Moi-même, bien que prisonnier, et en état de concevoir les choses du ciel, de connaître les hiérarchies des anges, les armées des principautés, les choses visibles et invisibles, je ne suis pas encore pour autant un vrai disciple.”

(2) Rappelons ici, une fois de plus, que le 3issa du Coran n’est pas Jésus, mais le neveu d’Aaron et de Moïse, par sa mère Mariam (Myriam), sœur aînée des deux fils de Imran (Amram).

(3) Exode 34: 14 >>> Car tu ne te prosterneras pas devant un autre dieu. Le Seigneur, en effet, a pour nom : “Jaloux” ; il est un Dieu jaloux.