La confusion du sens des mots “islam-civilisation” est fréquente dans les textes publiés sur l’islam, d’où une source d’erreurs thème de l’entretien intitulé “Civilisation islamique : l’aveuglement occidental” (24-01-2024), entre l’islamologue Marie-Thérèse Urvoy et Frédéric Saint-Clair du Journal Politique et Parlementaire.

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Remarque liminaire

Dans cet article, les parties soulignées de couleur bleue correspondent à des liens “hypertexte”. Un clic sur l’une d’elles donne accès directement à une information (définition, justification d’une affirmation, etc. qui jouent le rôle des notes de bas de page, ou de références de fin de texte)

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La non distinction des termes “islam” et “civilisation” est à l’origine d’erreurs d’analyse par confusion de leur sens. Ces erreurs sont dues au fait que « Le mot islam est le terme arabe employé par les musulmans pour désigner à la fois leur religion et la civilisation qui s’en réclame». Cette phrase apparait dès le début du livre de l’islamologue Marie-Thérèse Urvoy « Islam et islamisme, frères ennemis ou frères siamois ? » (2021, éditions Artège). L’amalgame des deux termes se rencontre dans la plupart des discours, et écrits des classes politique et médiatique, où la confusion “religion-civilisation” est la source de nombreuses erreurs d’interprétation. Cette situation constitue alors un obstacle pour une analyse correcte du problème d’une présence grandissante de l’islam dans un Occident de moins en chrétien. Pour la  France, la situation est dépeinte dans l’article du Gatestone Institute Islam Overtaking Catholicism in France” citant un sondage de l’IFOP de 2011, basé sur le critère de la pratique religieuse. Il y a une douzaine d’années, ce sondage faisait apparaitre que l’islam était déjà la première religion de France: 1.9 million de catholiques pratiquants vs 2.5 millions de musulmans pratiquants. Bien que cet aspect ne soit pas directement abordé dans l’entretien, on peut le considérer comme lié aux illusions des Occidentaux qui cherchent, par tous les moyens à concilier civilisation chrétienne et civilisation islamique. Dans sa réponse à la dernière question de Frédéric Saint-Clair, Marie-Thérèse Urvoy critique cette démarche :

” Ce n’est pas seulement le fait de se bercer d’illusions dans cette recherche, c’est son principe même qui, à mon sens, pose problème. Quand on procède ainsi, il n’y a pas d’équilibre : les uns s’échinent à trouver chez l’interlocuteur des points où ils croient se reconnaître, et les autres constatent tranquillement que puisqu’on pense en avoir trouvé, ils n’ont pas à faire plus de leur côté.

Un exemple de cette situation est donné précisément par l’évocation du nom d’Averroès : on a donné son nom à un lycée dans le Nord de la France, mais à Marrakech, c’est celui du Cadi ‘Iyâd -, soit son exact opposé sur le plan intellectuel – qui est mis en avant. Tout est une question de rapport au public, de « vitrine » ; on présente à chacun ce qui lui convient.”

L’intérêt de cet entretien réside dans la compétence exceptionnelle de l’interviewée pour le sujet “islam / civilisation“. Cette expertise est résumée dans les quelques lignes qui suivent. Née à Damas Marie-Thérèse Urvoy a accompli un cursus d’études atypique. A Damas elle obtint les baccalauréats français et syrien. Reçue première au baccalauréat syrien en langue arabe pour les établissements privés, le prix de ce résultat était alors le titre de membre correspondant de l’Académie arabe de Damas. A l’Université Américaine de Beyrouth (AUB), elle poursuivit ses études de Lettres Classiques (discipline qu’elle préfère par goût), et obtint également un BA (Bachelor of Arts) d’anglais. Simultanément, à l’université à l’Université Jésuite de Beyrouth (USJ, ou en arabe Al Yassouïya) elle entreprend l’étude des Langues Orientales (ILO). L’ensemble du travail de Marie-Thérèse URVOY est alors bâti sur un socle: une vaste connaissance préalable de la littérature, de la philosophie, de la pensée arabe et islamique (textes contemporains, et médiévaux). En outre, sa connaissance de la langue arabe et de l’islam lui a permis de suivre les enseignements du Cheik Ahmed Kaftaro (plus tard, Grand Mufti de Damas) à la faculté de la Sharï’a de l’Université de Damas, bénéficiant ainsi d’un accès à l’islamologie pratiquée en milieu islamique, et appliquée aux musulmans arabes. C’est sous la direction de l’islamologue Gérard Troupeau qu’elle prépare une thèse aboutissant au doctorat d’études arabes et islamologiques, et au doctorat ès lettres et sciences humaines, obtenus à l’université Panthéon-Sorbonne où elle envisageait de faire carrière. Elle est alors reconnue comme experte dans les différentes branches des études arabes et de la codicologie médiévale. En 1986, sous l’amicale pression de l’islamologue dominicain Jacques Jomier, professeur à l’Institut Catholique de Toulouse (ICT), elle accepte de lui succéder. En 2005 l’équipe de recherche  qu’elle dirige prend le nom de CISA (Christianismes, Islams et Sociétés Arabes), avec la participation d’islamologues reconnus de six pays d’Europe, aussi de la Tunisie, et du Liban. Jusqu’en 2019, ces échanges ont lieu à l’ICT sous forme d’un colloque annuel. Depuis 2020 le Avicenna Institute of Middle Eastern Studies de Budapest, dirigé par le professeur Maroth MIKLOS (membre de l’Académie Hongroise des Sciences) accueille maintenant dans ses murs la CISA, et ses colloques annuels.

Comme elle le fait depuis longtemps (voir par exemple cf1, cf2, cf3, cf4), une fois de plus, le professeur Marie-Thérèse Urvoy a bien voulu donner son accord pour publier “Civilisation islamique : l’aveuglement occidental” (24-01-2024) sur le site Notre-Dame de Kabylie. Elle en est vivement remerciée.

Le document (PDF) ci-dessous donne accès au texte de l’entretien.

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