Au cas où le lien deviendrait obsolète, voici l’article du 17 01 08 de la Dépêche :

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Vers la création d’une ”Commission de lutte contre la christianisation”

Cartographie religieuse et flamberge au vent

 

Aujourd’hui, une insidieuse et vénéneuse idéologie essaie de nous faire prendre l’ombre pour la proie en focalisant les regards sur une supposée campagne d’évangélisation qui toucherait spécialement la Kabylie et le sud du pays.

Pourtant, on vient de commémorer, ce 15 janvier, le sixième anniversaire de la mort d’un des plus fervents partisans/acteurs du dialogue des religions. Il s’agit de feu Abdelmadjid Meziane, ancien président du Conseil supérieur islamique qui a très tôt dénoncé publiquement l’intégrisme islamiste et son corollaire, le terrorisme.

Pour équilibrer l’entreprise de culpabilisation, on vient de rajouter les wilayas de Sidi Bel Abbès et Mascara. Le journal El Khabar d’avant-hier s’est fait l’écho de la création d’une cellule au sein des services de sécurité qui se chargerait de l’observation des activités de christianisation en Algérie. C’est à un véritable plan de lutte contre l’ ”offensive croisée”, comme la qualifie le journal, que nous avons affaire.  On nous apprend que des imams et autres théologiens ont mené une enquête sur le terrain pendant une année au terme de laquelle ils ont élaboré un rapport qui propose au président de la République de constituer une ”commission de lutte contre la christianisation”. L’une des équipes qui s’en dégagera s’emploiera à ” demander aux populations de la Kabylie de lui fournir toutes les informations sur l’identité des missionnaires et des personnes ciblées par leur action “.

Au fameux appât financier sur lequel serait basée la mission évangélique, notre commission substituerait ses propres dons pour faire garder aux candidats leur religion initiale et les sensibiliser au danger de la christianisation.  En Kabylie, le rapport des Ulémas a identifié 17 raisons-une précision à donner le tournis- qui auraient facilité la campagne de christianisation. On relève, entre autres, la ”non assimilation par les populations locales des questions de la foi et de la théologie et le vide spirituel”.

Les ”experts ès foi” son même parvenus à cartographier le degré d’attachement à la religion des Algériens. Ainsi, les wilayas de l’Est et du Sud-Est seraient le ”parangon” de la rectitude et de la fidélité en religion.  Pour avoir trop joué avec la cartographie religieuse et/ou ethnique, certains idéologues ont tout simplement été à l’origine de l’embrasement de leur pays. Le Rwanda, le Nigeria et le Liban sont les tristes exemples de la deuxième moitié du 20e siècle, sans parler des guerres intestines en Irak qui ont fait ”durer le plaisir” des Américains et donné consistance à leurs infinie convoitise et vorace appétit.

Que gagnerait l’Algérie à s’enfoncer davantage dans les futilités et le cercle vicieux de la lutte contre les ”moulins à vent” ? Ce donquichottisme nous fait non seulement tromper de cible en ce 21e siècle de la mondialisation où les retardataires et les faibles n’ont pas de place, mais conduit surtout à jouer avec le feu en montant en épingle la sensibilité religieuse au détriment de la citoyenneté, laquelle seule est censée fonder les valeurs de la République. Nous n’aurons rien inventé ; le Congrès de la Soummam et, avant lui, la Déclaration du 1er Novembre, sont clairs quant au caractère républicain et social de l’État algérien pour lequel plusieurs générations se sont sacrifié. S’agissant spécialement de la Kabylie étrangement mise sous les feux de la rampe, nous reprenons cette image. Dans une belle métaphore propre aux gens façonnés par la rudesse de la nature et le labeur des jours, un vieil homme de la montagne eut cette réplique à une question d’un journaliste qui se démenait à ”jauger” sa foi: ” L’on est, sur ces pitons et ces crêtes, tellement proches du ciel et de Dieu que l’on n’a pas besoin de le héler à tout instant ou de commenter ses commandements “. Comment peut-on se permettre encore de mettre flamberge au vent dès qu’une différence ou une simple nuance de teinte vient bousculer notre idée étriquée d’unicité et d’uniformité ? Tout en sachant que cela se passe dans un pays qui n’a pas retrouvé  toute sa sérénité et les vraies valeurs du travail à même de chasser l’esprit de la rente et l’ennui assassin ? Pas plus tard que la semaine passée, l’ancien numéro 2 du FIS, Ali Benhadj, a signé un communiqué dans lequel il soutient les actes terroristes du 11 décembre dernier à Alger en ces termes : ” Ces attentats sont dictés par les principes de l’Islam à travers le Coran et la Sunna “. A bon entendeur, salut !

Amar Naït Messaoud