Arrêté par la police pakistanaise au début de 2010 sous la fausse accusation de « blasphème » par des membres du Tablighi Jammat, un groupe fondamentaliste et prosélyte musulman, le chrétien pakistanais Aslam Masih avait été rapidement relâché pour absence de preuve, puis remis en prison en raison des pressions exercées par les extrémistes musulmans. Il vient de décéder dans une prison du Penjab le 9 septembre. Atteint du virus de la dengue, Aslam Masih s’est vu refusé tout soin par la direction de la prison, malgré les demandes insistantes d’une association chrétienne locale de défense des droits de l’homme.
Aslman Masih vient de rejoindre la longue nécrologie des chrétiens accusés de « blasphème » et qui sont morts en prison ou abattus lors de leurs procès.
Le 20 septembre 2009, Falish Masihétait retrouvé mort dans sa cellule : les autorités affirmèrent qu’il s’agissait d’un suicide, mais son corps portait les traces de nombreux coups. Le 19 juillet 2010, deux frères, Rashid et Sajjid Emmanuel, furent révolvérisés par des islamistes alors qu’ils sortaient d’un tribunal de Faisalabad où ils venaient de comparaître pour « blasphème ». Le 15 mars de cette année, Qamar Davida été retrouvé mort dans sa cellule : crise cardiaque, ont affirmé les autorités… Il avait été accusé de blasphème par son associé en affaires.
Ce nouveau décès ne laisse d’inquiéter sur le sort d’Asia Bibi, elle aussi incarcérée pour « blasphème » et toujours sous le coup d’une sentence de mort. Asia Bibi attend toujours le règlement de son sort. Mère de cinq enfants, elle a été condamnée à mort par pendaison pour avoir prétendument mal parler du Prophète Muhammad. Elle a nié ces accusations.
95% de la population pakistanaise est musulmane, avec 75% de sunnites et 20 % de chiites. La pratique du christianisme et de l’hindouisme représente 5%, selon le “CIA Fact Book“.
Le 10 janvier 2010, après la récitation de la prière de l’angélus, Benoît XVI s’est exprimé sur ces violences: “La violence envers les chrétiens dans certains pays a suscité une grande indignation, aussi parce qu’elle s’est déroulée au cours des jours les plus sacrés de la tradition chrétienne. Les institutions politiques et religieuses ne doivent pas renoncer, je le rappelle, à leurs responsabilités. Il ne peut y avoir de violence au nom de Dieu, et on ne peut pas davantage prétendre l’honorer en offensant la dignité et la liberté de ses semblables“
Lors des messes les intentions de prières sont nombreuses, mais restent liées à des notions qui restent abstraites pour la plupart des fidèles: la paix, la justice, l’entente entre les peuples, les droits des sans papiers, l’accueil, etc. Mais les faits concrets de persécutions sont absents (est-ce pour des raisons de “politiquement et religieusement correct“?). On oublie ces passages du Nouveau Testament:
– “Pierre était gardé en prison tandis que l’Eglise priait Dieu pour lui ardemment” Actes 12; 5.
– “Souvenez-vous des prisonniers, comme si vous étiez dans les liens avec eux, de ceux qui sont maltraités, vous aussi qui avez un corps.” (Hébreux 13:3).
Aujourd’hui non seulement Pierre est en prison, mais des membres de sa famille sont torturés, massacrés, les jeunes filles enlevées, violées. Dans les contrées des premières Eglises du Christianisme, les chrétiens victimes d’un nettoyage religieux sont contraints à l’exil. Dans l’indifférence la plus totale le christianisme disparait progressivement de ces régions. Où sont les “ardentes prières” de leurs frères? On les cherche dans les intentions de prières dites chaque dimanche dans les églises catholiques, sur les sites des diocèses (sauf de rares exceptions). Quand il est question de “persécutions”, elles sont mentionnées sous forme floue, comme les “Intentions de prière 1er trimestre 2010, confiées par Mgr Lucien Fruchaud, évêque de Saint-Brieuc et Tréguier” (cf. le texte dans l’article de Notre-Dame de Kabylie, en fin de page 1).
Peut-on espérer qu’à chaque messe, les intentions de prières mentionnent enfin les persécutés? Voir aussi Notre-Dame de Kabylie.