Le mot Monde est pris ici dans le sens johannique (Jean 12.31 ; Jean 14.30 ; Jean 16.11). La Haine du Monde est celle dont le Christ a été la première victime, celle qui persévéra jusqu’à la fin des temps (Jean, 15, 18-19). Elle se manifeste sous deux aspects:
– une forme “ordinaire“, celle rencontrée dans la vie courante, et les médias (dérision, insultes, calomnies, attaques aux biens de l’Église, …) sans aboutir à l’assassinat, mais qui peut conduire à une agression avec coups,
– une forme “violente et systématique“ institutionnalisée, avec lois anticatholiques visant à la disparition du culte, accompagnée d’une répression sanglante en cas de résistance. Sur ce plan, la présente étude est essentiellement axée sur le cas peu connu du Mexique, avec recours à des méthodes extrêmes: brutalités systématiques, assassinats de fidèles, prison, mise hors la loi du culte et de sa pratique. Une image symbolique de cette violence est la photo en-tête de cette étude. Elle a été prise lors de l’exécution du Père Francisco Vera. Avec beaucoup d’autres images (cf.), dans un but de dissuasion, cette image a été largement publiée par le gouvernement mexicain du président Plutarco Elías Calles. Ce gouvernement avait adopté une forme radicale d’athéisme et de socialisme qui l’a conduit à prendre des mesures drastiques visant à éradiquer le catholicisme du Mexique. Il s’agissait de montrer une implacable détermination à réprimer toute opposition aux lois anticatholiques dont celle qui, en particulier, interdisait le culte même privé, et toute autre forme de vie sacramentelle (VOIRa, VOIRb, et VOIRc). La résistance du peuple a donné lieu à ce qui est appelé la guerre des Cristeros. D’abord sobriquet que les soldats fédéraux donnent aux insurgés, ceux-ci s’approprient ce nom, et en font leur cri de ralliement : Viva Cristo Rey! (Vive le Christ Roi!). Dans un pays du continent américain, théâtre de 1924 à 1940 à une féroce persécution (90 prêtres, et de très nombreux fidèles exécutés au cours du conflit), avec la découverte de la photographie, et du cinéma, cette répression du catholicisme a offert de belles et édifiantes pages illustrées au martyrologue de l’Église.
Après cette partie introductive, le plan cette étude est le suivant:
Le § 2 est consacré à la forme ordinaire de haine en identifiant ses différentes composantes, passées sous silence par la majorité des médias dominants, mais rappelées dans une statistique (2019) du Ministère de l’Intérieur. Avec la nouvelle évangélisation, cette haine a été le thème de la XIIIème Assemblée Générale Ordinaire du Synode des évêques (7-28 octobre 2012). Ce synode dénonçait des mass-médias divulguant “une présentation de la foi chrétienne et de l’histoire parfois débordante de calomnies, désinformant le public aussi bien sur le contenu de notre foi qu’à propos de la réalité de notre Église“. Il mettait aussi en relief un “enseignement de la religion, appelé neutre, qui comporte davantage une éducation au syncrétisme ou à l’indifférentisme“.
Le § 3 est une tentative d’analyse historique de la forme violente de la haine du Monde.
Le § 4 est une réflexion sur “le prêtre face à la haine du Monde“. Il analyse la portée symbolique de l’exécution du père Francisco Vera au Mexique (photo en-tête de l’étude). L’image de cette exécution devient alors celle de la célébration d’une messe interdite, momentanément interrompue par l’arrivée des soldats, mais qui poursuit son cours devant les bourreaux. L’Hostie (du latin Ostia: la Victime du Sacrifice) est alors le prêtre face à la haine du Monde symbolisée par les fusils des soldats, et l’officier, qui va commander l’ouverture du feu. Mains jointes, le prêtre prie. En se plaçant dans le cadre de la messe de l’époque, et de son fondement liturgique essentiellement sacrificatoire, il est alors possible de deviner la prière de la victime, avant et à l’instant où la photo a été prise.
Le § 5 est consacré au “baptisé face à la haine du Monde” lors de la guerre des Cristeros.
Le § 6 traite des persécutions contemporaines liées à l’idéologie de l’islam.
Le § 7 se penche sur l’existence d’une volonté de négation, minimisation, relativisation, et même justification des formes violentes antichrétiennes. A ce sujet, en lien avec le génocide des vendéens, l’historien français, Reynald Secher, utilise le terme mémoricide.
En tant que conclusion le § 8 note que, de nos jours, la Haine du Monde envers les disciples du Christ, dans sa forme la plus violente, concerne toutes les branches du christianisme, et aboutit à un véritable œcuménisme du sang. Les martyrs contemporains pourraient ainsi jouer un rôle essentiel dans le rapprochement des Églises chrétiennes.