Le pape va canoniser les 800 martyrs d’Otrante
Le pape François va canoniser dimanche 800 martyrs qui avaient refusé en 1480 d’abjurer le christianisme pour se convertir à l’islam et avaient été décapités à Otrante (sud de l’Italie) sur ordre du commandant ottoman Gelik Achmet Pascia.
L’épisode de la prise d’Otrante s’inscrit dans la tentative du sultan Mehmet II le conquérant, après la chute de Constantinople en 1453, de contrôler l’île de Rhodes.
Le 13 août 1480, au lendemain du saccage d’Otrante par ses troupes, le commandant turc avait ordonné que tous les hommes survivants à partir de l’âge de quinze ans soient conduits à son campement et obligés de renier leur religion.
La réponse immédiate avait été donnée par le seul des 800 martyrs à être aujourd’hui connu, Antonio Primaldo, un modeste cordonnier. Il aurait déclaré au nom de tous ses compagnons: “Nous considérons Jésus Christ comme notre seigneur et le vrai Dieu. Nous préférons plutôt mille fois mourir que de le renier et devenir turcs”.
Tous ces hommes devaient être passés aussitôt par le fil de l’épée. En juin 1481, les troupes qui libéraient Otrante retrouvaient les corps sans sépulture sur le lieu de leur supplice. Ils étaient ensevelis dans l’église “à la source de la Minerve”.
Dès 1485, la mémoire de ces martyrs a commencé à être célébrée à Otrante.
En 1539, l’évêque local instruisait le premier procès informel, recueillant les témoignages de survivants. En 1771, le pape Clément XIV acceptait un décret reconnaissant la béatification de fait des martyrs.
Jean Paul II, le pape qui a procédé aux plus nombreuses canonisations de l’Histoire, s’était rendu en 1980 en pèlerinage à Otrante pour le cinquième centenaire des martyrs.
C’est Benoît XVI qui, le 11 février 2013, lors d’un consistoire ordinaire, a annoncé pour le 12 mai la cérémonie de canonisation d’Antonio Primaldo et de ses compagnons. Juste avant de faire savoir en latin qu’il avait décidé de démissionner.
Le thème de l’apostasie est un sujet délicat entre l’islam et le christianisme. Certaines autorités musulmanes punissent de mort la conversion à une autre religion.
Le pape François procèdera également dimanche à la canonisation de la toute première sainte colombienne, Laura de Santa Caterina da Siena Montoya y Upeguila, et la deuxième Mexicaine, Maria Guadalupe Garcia Zavala. Toutes deux sont fondatrices d’ordres religieux et mortes au XXe siècle.
Histoire de ce massacre ICI et AUSSI
Pour le pape François, « le temps des martyrs n’est pas terminé » : c’est ce qu’il a déclaré ce 15 avril 2013, évoquant les chrétiens persécutés « en haine de la foi » : « aujourd’hui encore nous pouvons dire, en vérité, que l’Eglise a plus de martyrs qu’au temps des premiers siècles » (LIRE)