ABDUL RAHMAN risque la peine de mort pour s’être converti au christianisme.

 

KABOUL (AFP) 24 mars 2006 – 10:46
 
A la une : Pressé par l’Occident, Kaboul confirme la clémence pour l’Afghan chrétien
Sommé par ses bailleurs de fonds occidentaux, notamment les Etats-Unis, de respecter la liberté religieuse d’un Afghan converti au christianisme, Kaboul a confirmé que ce dernier échapperait à la mort, la sanction prévue par la loi islamique, selon les autorités canadiennes.
Confronté depuis plusieurs jours à une énorme pression de l’Occident, emmené par les pays de tradition chrétienne, l’Afghanistan s’est efforcé mercredi et jeudi de rassurer la communauté internationale sur le sort d’Abdul Rahman, 41 ans, emprisonné il y a deux semaines pour avoir abandonné l’islam.
La confirmation que l’homme ne sera pas exécuté, châtiment prévu par la loi islamique (charia) pour les musulmans qui abandonnent l’islam, a été donnée de manière indirecte jeudi par le Premier ministre canadien, Stephen Harper, qui a indiqué avoir reçu des assurances du président afghan Hamid Karzai en ce sens.
“Les Canadiens ont raison d’être inquiets. Et c’est pourquoi j’ai téléphoné hier au président afghan pour lui faire part de notre préoccupation. Il m’a dit que nous n’avions pas à craindre une telle issue”, a déclaré M. Harper lors d’une conférence de presse à Ottawa.
Quelques heures auparavant, Hamid Karzai avait reçu un autre coup de téléphone, du chef de la diplomatie américaine Condoleezza Rice, qui a usé “des termes les plus fermes” pour l’exhorter à “chercher une réponse favorable à ce cas le plus rapidement possible”, selon le département d’Etat américain.
Les pressions de Washington, tombeur des talibans à la fin 2001 et principal soutien civil et militaire du président Karzai, sont allées crescendo ces derniers jours.
Mercredi, Mme Rice avait déjà haussé le ton en faisant part de son “mécontentement” au ministre des Affaires étrangères afghan Abdullah Abdullah, en visite officielle à Washington.
La veille, le très chrétien président américain George W. Bush s’était lui-même déclaré “profondément troublé” par le sort d’Abdul Rahman. “Cette affaire constitue une claire violation des libertés universelles chères aux démocraties dans le monde”, avait expliqué la Maison Blanche.
Cette position a fait l’unanimité cette semaine en Occident, rassemblant, outre les Etats-Unis, la France, l’Italie, l’Allemagne, l’Australie, la Grande-Bretagne, le Canada, l’Autriche, l’Onu et l’Otan.
Selon la Cour suprême afghane, Abdul Rahman est passible de la peine de mort car la constitution afghane stipule qu'”aucune loi ne peut être contraire aux principes” de la loi de l’islam.
Les Occidentaux répondent de leur côté que la même constitution afghane mentionne le respect de la déclaration universelle des droits de l’homme qui, elle, garantit le respect de la liberté de culte.
Même si le procès d’Abdul Rahman, converti au christianisme il y a 16 ans alors qu’il travaillait pour une ONG chrétienne à Peshawar (Pakistan), était loin d’être terminé, Kaboul s’est attaché à rassurer rapidement ses soutiens occidentaux, qui verraient toute exécution comme un retour en arrière pour la démocratie naissante qu’ils tentent de promouvoir en Afghanistan.
A Washington, Abdullah Abdullah a ainsi affirmé qu’il était de l’intérêt de son pays de trouver une solution “viable” pour ne pas que cette affaire “porte atteinte à la bonne volonté et au soutien que l’Afghanistan recueille dans le monde pour devenir un pays démocratique, stable et prospère”.
“Nous tentons de traiter cette affaire rapidement et de trouver une solution satisfaisante”, avait de son côté déclaré jeudi à Kaboul le juge chargé de l’affaire, Ansarullah Mawlavizada, en soulignant que “l’islam est une religion de tolérance et de pardon”.
Mercredi, le juge avait évoqué la possibilité qu’Abdul Rahman ne soit pas condamné en déclarant que celui-ci avait peut-être un “problème psychologique” qui, “s’il est prouvé”, pourrait lui éviter d’être jugé.