SIDI M’HAMED BOUQEBRINE(*1)
Une fondation contre l’évangélisation
Un groupe d’universitaires, de chercheurs et des militants associatifs s’attellent à mettre sur pied une fondation qui porterait le nom de Sidi M’hamed Bouqebrine.
Selon le comité d’organisation, l’objectif de cette fondation est de « préserver une identité culturelle et un patrimoine historique et promouvoir la philosophie et le savoir du saint hadj Sidi M’hamed, fondateur de la Tariqa errahmania ».
Les initiateurs du projet relèvent que le fondateur de la Tariqa « mérite de la gratitude pour s’être illustré dans la résistance contre la conquête française(*2) et la défense contre l’évangélisation du peuple algérien(*3) ». Outre le fait que Sidi M’hamed soit aux frontières de l’oubli de l’histoire de son pays qu’il faudrait réhabiliter, a estimé le comité d’organisation, les initiateurs de cette fondation voudraient contrecarrer l’avancée remarquable de la campagne d’évangélisation qui touche de nombreux foyers en Kabylie.
Ce serait aussi sauvegarder un idéal – promotion des valeurs islamiques – défendu par le fondateur de la Tariqa errahmania. Sidi M’hamed Ben Abderrahman Guechtouli El Djerdjari El Azrahi est né en 1715 dans la tribu des Aït Smaïl (Boghni) et mourut en 1794(*4), témoigne un descendant du saint.
Dans l’avant-projet des statuts de la fondation, il est indiqué que l’organisation œuvrerait à la promotion de la solidarité, de la concorde, de la paix et de la réconciliation.
La fondation aurait son siège à Tizi Ouzou avec des annexes à travers le pays et éditera une revue. Des projets de construction de la grande mosquée et du centre islamique figurent dans le plan d’action. Le comité d’organisation appelle à une première rencontre jeudi prochain à la mosquée de Tizi Ouzou.
Sources : Saïd Gada – El Watan -30/09/2006
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*1-Ce Kabyle du piémont du Djurdjura (dans la Wilaya de Tizi-Ouzou) est né et a vécu au 18e siècle (entre 1700 et 1800), à l’époque turque de l’Algérie. Il est dit BU-QEBRIN (l’homme aux deux tombes) parce qu’étant mort et enterré en Kabylie (At Smaïl), le pouvoir turc, voulant le récupérer, pour sa “baraka” et pour éviter la naissance d’un foyer de sédition supplémentaire chez les Kabyles irrédentistes (déjà!), prétendit que ses restes furent ramenés à Alger, où on lui construisit une kouba (mausolée) et une mosquée.
On le dit de ce fait “patron” d’Alger: d’où la chanson de Matoub Lwennas.
*2-Signalons que pour “s’illustrer contre la conquête française”, il eût fallu qu’il soit vivant en 1830, au moins (voir la note ci-dessus)!
*3-M. Mammeri rapporte à son propos, dans “les poèmes kabyles anciens” (éd. Maspero), à la page 340: “Accusé de schisme, il comparaît devant un conseil d’oulémas présidé par le mufti malékite H. Ali ben Amine pour y justifier ses prétentions et pratiques extatiques… Les populations du Djurdjura manifestant leur soutien à Sidi M’hamed, le gouvernement turc, [craignant une réaction kabyle], fit rendre un arrêt favorable au cheikh.”
Abderrahman a donc eu des démêlés avec les clercs musulmans orthodoxes et le pouvoir politique turc.
Il n’a jamais eu à s’opposer à l’évangélisation du peuple algérien!
Il est, au contraire, par son humilité, par sa charité et son respect des hommes créés par Dieu très proche du message de l’Evangile.
Si nous avions un souhait à formuler c’est celui de voir les fondamentalistes musulmans prendre exemple sur Abderrahman et non sur Ben Laden.
*4-Soit au moins 36 ans avant la prise d’Alger, en 1830, par les Français, qu’il aurait combattus!