Oui qui défend l’islam ?
Des personnes catholiques, qui n’en connaissent pas grand-chose, comme Mgr Giovanni Giuduci, qui, pompeusement, à la fin du Ramadan, déclare ceci aux musulmans :
Nous savons que vous avez célébré la descente céleste du Livre sacré du Coran, vous vous êtes appliqués à une lecture plus intense et pieuse de la Parole de Dieu et que vous avez offert à Dieu le sacrifice de votre jeûne quotidien. Reconnaissant de votre témoignage, nous nous sentons en communion de prière et de foi.

 

))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))) Ou des musulmans ((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((

Comme ces deux magnifiques journalistes (le second est en 2ème page) :

1)     La plus surprenante, d’abord, en la personne de la journaliste d’origine marocaine, qui travaille à Charlie Hebdo, dont le nom est Zineb el Rhazaoui, que je ne connaissais pas avant cette nouvelle affaire de caricatures. Comment l’aurais-je connue n’ayant que peu d’atomes crochus avec l’idéologie sous jacente à ce journal satirique ?

Son courage inspire du respect, à la lecture des deux articles dont je vais citer des extraits, qui sont datés du 26/09/12 :
a)     Charlie Hebdo a caricaturé le pape, Jésus et Sarkozy, pourquoi pas Mahomet ?
b)    Aucun texte du Coran, n’interdit de caricaturer le prophète.
       Nous nous devons de commenter l’actualité comme tout le monde, mais aussi à notre façon. Et l’actualité de la semaine c’était cela: des hordes de barbus enragés qui ont tué un ambassadeur, qui ont brûlé des bâtiments au Bangladesh et à Téhéran. On ne pouvait pas manquer cela.
       On nous a également reproché de vouloir jeter de l’huile sur le feu, en mettant en danger la vie des Français vivant à l’étranger. Je pense qu’on ne peut pas faire endosser la responsabilité à des journalistes d’actes violents qui seraient commis à Tripoli ou à Kaboul. Il faut être clair: les seuls responsables de ces actes, ce sont leurs auteurs, pas les journalistes.
       […]
       Slate Afrique – Le dessin avec l’étoile collée sur les organes génitaux du Prophète fait vraiment partie de l’actualité?
Z.R.: Disons que c’est la ligne éditoriale de Charlie. Il a caricaturé dans des positions extrêmement délicates le pape, Jésus ou encore Nicolas Sarkozy (ex-président français). Je ne vois pas pourquoi Mahomet ferait exception.
       Il faut que les détracteurs nous disent clairement s’ils veulent que nous respections une interdiction religieuse musulmane. Je crois que, nous, en tant que journalistes satiriques français, dans un pays où, jusqu’à nouvel ordre, il n’y a pas de délit de blasphème, on a le droit de le faire.
       Je sais que le blasphème ne fait pas plaisir à tout le monde mais il faut être conscient que ces groupuscules de barbus -qui prétendent s’exprimer au nom d’un milliard et demi de musulmans, comme moi, parce que je suis de culture musulmane, même si je suis athée, et au nom d’une majorité de musulmans croyants et peut être même pratiquants- même s’ils n’apprécient pas le contenu de Charlie, ils n’iraient jamais égorger un ambassadeur.
       A chaque fois que nous aurons des réactions violentes, nous aurons la confirmation qu’on a là un tabou bien coriace. Et à ce moment-là, en tant que journalistes satiriques, nous aurons le choix entre deux options: soit on se couche en nous disant que c’est dangereux et qu’on ne touche plus à Mahomet, soit on se dit qu’on a le devoir de repousser les lignes de la liberté d’expression.
       […]
       Vous savez que nous avons à Charlie plus de procès avec les extrémistes catholiques qu’avec les musulmans, sauf qu’eux n’égorgent personne pour se venger. C’est seulement lorsqu’il s’agit des musulmans que l’on fait un maximum de bruit. 
       […]
       Ces gens, qui sont en Afghanistan, en Tunisie ou encore en Libye, qui n’attendent que le petit truc pour sortir et égorger du blanc ou de l’Occidental, ceux-là, sont dans une approche belliqueuse et n’attendent que le prétexte pour le faire.
       Si ce ne sont pas les caricatures de Charlie, c’est autre chose. Je rejette complètement ces sous-entendus et allégations qui voudraient que Charlie soit responsable d’actes criminels de gens à Islamabad.
       […]
       Slate Afrique – Êtes-vous inquiète pour votre sécurité?
       Z.R.: Non, je n’ai pas peur des barbus. Mais, il se pourrait que les choses changent dans l’avenir. Et auquel cas, je serai probablement amenée à vivre sous protection policière.
       Je m’en passerai bien. mais elle me serait utile quand on voit le type de réactions qu’on pourrait avoir en face. Je sais que je suis vulnérable de part mon identité généalogique et culturelle. Je suis une arabo-berbère, sensée être musulmane. Pour le moment je n’ai pas subi d’attaques personnelles.
       […]
       Si je n’avais pas eu cette conviction, ma vie aurait été beaucoup plus simple. Au Maroc, si j’avais voulu faire des concessions sur mes principes, j’aurais pu avoir un boulot très bien payé.
       Mais que vaut le confort matériel lorsque l’on ne porte aucun message? Si j’avais voulu faire le sacrifice de mes convictions pour le confort ou les privilèges, je l’aurais fait il y a bien longtemps.
       […]
       Mais le problème tel que je le vois de mon côté, c’est que beaucoup se font traiter de racistes ou d’islamophobes, dès qu’ils critiquent l’islam. D’ailleurs pour moi ce mot est un non-sens.
       C’est quoi l’islamophobie? Avoir la phobie de l’islam? C’est ridicule. J’ai grandi parmi les musulmans, c’est mon père, c’est ma famille, c’est aussi la majorité de mon entourage. Je refuse d’être qualifiée d’islamophobe parce que je critique cette religion.
       Je connais des gens qui développent une critique très rationnelle de l’islam, mais qui ne le critiqueront jamais de peur d’être taxés de racistes. Cela aussi, c’est un racisme à l’envers.
        
       SlateAfrique – Vous vous battez aussi pour la démocratie au Maroc, ne craignez-vous pas que ce débat soit utilisé contre vous pour essayer de vous décrédibiliser? 
       Z.R. – Cela ne fait pas l’ombre d’un doute que le régime marocain fera feu de tout bois pour décrédibiliser ses opposants. Jouer sur l’ignorance des masses ou instrumentaliser le sentiment religieux ne sont pas des techniques étrangères au Makhzen (État marocain).
       Que le régime marocain se serve du fait que je défende des caricatures jugées islamophobes, ne m’empêchera pas de dire ce que je pense par rapport à cela.
       Je pense que l’État marocain, n’a pas de leçons à donner, si on voit le traitement qu’il fait aux chrétiens ou le racisme d’État envers les Africains subsahariens.
       Il y a eu des rafles de chrétiens, qu’ils soient Marocains ou étrangers soupçonnés d’évangélisation.
       Ces dernières années, il y a eu des centaines de personnes qui ont été arrêtées ou expulsées du pays, sans parler des clandestins africains que l’ont relâche à la frontière algérienne, aux confins du Sahara, avec une bouteille d’eau, en les envoyant vers une mort certaine.
       L’argument du «respect des religions» n’est pas recevable de la part d’un État qui ne protège qu’une seule religion: l’islam.
       Le Maroc emprisonne régulièrement des gens sous prétexte qu’ils ont critiqué le Prophète, en revanche, appeler à la persécution de juifs ou de chrétiens au cours du prêche du vendredi n’est passible d’aucune peine.
       Je milite pour une République marocaine libre, laïque et démocratique. Je milite pour que la religion soit remise à sa place normale et légitime, c’est-à-dire dans une logique de spiritualité personnelle.
       Slate Afrique – Est-ce à cause de cette religion d’État que vous avez rejeté votre l’islam?
       Z.R. Dans mon parcours personnel, j’ai rejeté l’islam avant de savoir ce que c’était vraiment l’État. J’ai rejeté l’islam pour d’autres raisons. Par exemple, parce que la femme hérite de la moitié de ce dont hérite un homme.
       Quand on est petite fille, on se rend compte très vite qu’on n’a pas les mêmes droits que les hommes. Et c’était hors de question d’accepter cela. Pourquoi je devrais bénéficier de la moitié de l’héritage, alors que je paie tout au même prix? Pourquoi les hommes ont-il le droit d’être polygames?
       Petite fille, j’ai très vite compris que la religion posait problème, ce qui m’a poussée, plus tard, à entreprendre une quête de recherche, de lecture et de compréhension des textes, à l’issue de laquelle je suis devenue athée.
       Slate Afrique – Est-ce que vous pensez que les représentations que l’on fait du Prophète témoignent vraiment de l’image de Mahomet et du message que véhicule l’islam?
       Z.R. – Pour avoir lu le Coran et pour avoir appris par cœur une bonne partie du livre, il n’y a aucun texte ni dans le Coran ni dans la Sunna (enseignements du Prophète), qui interdisent de représenter le Prophète ou qui que cela soit. Cela n’existe pas.
       Je défie tous les cheikhs et les oulémas (théologiens de l’islam), de n’importe quel centre théologique du monde, de me trouver un seul texte qui interdise de le dessiner. Il y a eu des représentations du Prophète, chez les chiites, des représentations occidentales comme des gravures ou des dessins.
       Dans le Coran, on trouve tout. A la fois, des choses extrêmement poétiques et belles que des messages belliqueux. On trouve aussi bien des appels au meurtre que des choses bien, comme le respect des parents. On y trouve aussi des versions contradictoires dans les récits.
       On a annoncé pour le 14 décembre prochain la sortie d’un film sur la vie du Prophète. C’est un film d’un iranien qui s’appelle Majid Majidi avec un budget de 30 millions de dollars (plus de 23 millions d’euros).
       Les chiites ont le droit de le représenter pourquoi pas Charlie. Il y a eu des représentations du Prophète dans le passé, notamment chez les chiites. Il y a eu des représentations occidentales comme des gravures et des dessins. Il y a eu aussi des biographies extrêmement subversives qui ont analysé les rapports de Mahomet aux femmes, à l’alcool.
       Tout ce qu’il traîne comme casseroles dans sa vie et qui laisse douter du caractère céleste de son message. Les plus véhéments et les plus subversifs sont des livres écrits par des musulmans dont la plupart ont une formation théologique.
       Un des plus célèbres est cheikh Khalil Abdelkrim, ou Sayyed El Qimni. Ces livres, extrêmement fouillés, se vendent sous le manteau au Caire ou ailleurs. Aujourd’hui si un français écrivait cela, on dirait que c’est de la provocation. Il existe des descriptions du Prophète dans les sources islamiques.
       Slate-Afrique – Et aujourd’hui, vous vous sentez prête à tout sacrifier, quitte à mourir au nom de vos idéaux?
       R.Z. – Je ne sais pas si je suis courageuse physiquement. Personne n’aime souffrir évidemment, mais s’ils me tuent, je ne serai certainement pas la première à être victime de ces gens. Je préférerai mourir plutôt que de devoir porter le voile et de me soumettre à ces gens. Perdre sa liberté est déjà une mort.