« J’ai vu tomber les croix de toutes les Eglises » affirme une missionnaire au Pakistan

ROME, Mardi 24 octobre 2006 (ZENIT.org) –

Sœur Pilar Vilasanjuan, de la Congrégation Jésus et Marie, missionnaire espagnole à Lahore au Pakistan, a affirmé que pour la minorité chrétienne, il est « difficile de vivre ».

Dans une déclaration à Zenit, la religieuse a formé le vœu qu’au cours de la Journée mondiale des missions (qui a eu lieu dimanche 22 octobre) ne soit pas recueillies uniquement des aides en argent mais surtout des prières, qui sont ce dont ont le plus besoin les missionnaires qui travaillent dans les pays musulmans.

« Les chrétiens souffrent ici tous les jours, non pas du fait du manque de nourriture ; ils ont de quoi manger, mais ils sont chassés des usines parce qu’ils sont chrétiens ; c’est une situation terrible impossible à expliquer », a-t-elle affirmé, en insistant sur la nécessité de la « tolérance » et de la « réciprocité ».

Dans une conversation téléphonique depuis Lahore, il y a quelque temps, la religieuse affirmait : « Il y a cinq minutes j’ai conduit hors du pays une famille menacée parce qu’elle était chrétienne ».

Sœur Pilar a également critiqué l’attitude de l’Europe à l’égard de l’islam : « EN EUROPE NOUS NE SOMMES PAS SOUTENUS, ON SOUTIENT L’ISLAM ; MAIS PLUS ILS OBTIENNENT LÀ-BAS DE CONSIDéRATION, PLUS ILS SONT DURS À NOTRE EGARD ICI ».

TANDIS QU’EN EUROPE ON CONTINUE À CONSTRUIRE DES MOSQUEES, commente la missionnaire, ELLE « A VU TOMBER LES CROIX DE TOUTES LES EGLISES ; ILS VEULENT QUE NOS TEMPLES AIENT DES TOITS PLATS, SANS CROIX, AFIN QUE L’ON NE REMARQUE PAS QUE CE SONT DES EGLISES ».

« J’aime ce pays, poursuit sœur Pilar, mais quand on parle de foi il n’y a pas de respect ». La religieuse a exprimé son désir de vivre parmi les musulmans, en les aimant et en les respectant, mais elle demande « la même chose pour nous ».

Sœur Pilar est convaincue que les missionnaires dans ces pays ont avant tout besoin de prières.« Aujourd’hui être missionnaire dans certaines régions est dangereux », et les prières aident « à aller de l’avant », affirme-t-elle. « Les intolérances, reconnaît-elle, se multiplient en vengeances, grandes ou petites ».

=================================================

Message pour la fin du Ramadan:

ROME, Vendredi 20 octobre 2006 (ZENIT.org) – Voici le texte intégral du message aux Musulmans pour la fin du Ramadan présenté ce matin au Vatican par le cardinal Paul Poupard. Il a pour titre : « Chrétiens et Musulmans: en dialogue confiant pour relever ensemble les défis de notre monde”.

Chers amis musulmans,

1. C’est pour moi un motif de grande joie de vous adresser ce message, pour la première fois comme Président du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux, et de vous présenter les vœux les plus chaleureux de ce Conseil à l’occasion de la fête qui conclut le mois de jeûne du Ramadan. Je vous souhaite paix, tranquillité et joie dans vos cœurs, dans vos maisons et dans vos pays respectifs. Ces vœux font écho à ceux que Sa Sainteté le Pape Benoît XVI a en personne formulé au début du Ramadan, aux diplomates de pays à majorité musulmane accrédités auprès du Saint-Siège et à d’autres pays membres et observateurs de l’Organisation de la Conférence islamique, et à des représentants des communautés musulmanes en Italie.

2. Il est beau de pouvoir partager avec vous ce moment significatif dans le cadre de nos rapports de dialogue. Les circonstances particulières que nous venons de traverser ensemble montrent, elles aussi, que si le chemin d’un dialogue authentique peut être parfois ardu, il devient plus que jamais nécessaire.

3. Le mois de Ramadan que vous venez de vivre a été également, sans nul doute, un temps de prière et de réflexion sur la situation difficile que traverse notre monde. Tout en voyant ce qui est bon et en remerciant Dieu, il est impossible de ne pas constater les graves problèmes qui pèsent sur notre époque : l’injustice, la pauvreté, les tensions et les conflits à l’intérieur des pays, mais aussi entre eux. La violence et le terrorisme sont une plaie particulièrement douloureuse. Combien de vies humaines détruites, de femmes rendues veuves, d’enfants qui perdent leurs parents et se trouvent ainsi orphelins… Combien de personnes sont blessées dans leurs corps et dans leurs cœurs, handicapées… Combien de destructions, en quelques instants, de ce qui a été construit parfois pendant des années, au prix de nombreux sacrifices et d’énormes dépenses !

4. En tant que Chrétiens et Musulmans, ne sommes-nous pas les premiers à être appelés à offrir notre contribution spécifique à la solution de cette grave situation et de ces problèmes complexes ? C’est sans doute la crédibilité des religions qui est en jeu, mais aussi celle des chefs religieux et de tous les croyants. Si nous ne tenons pas notre place comme croyants, beaucoup s’interrogeront sur l’utilité des religions et sur notre cohérence en tant qu’hommes et femmes qui se prosternent devant Dieu.

Nos deux religions accordent beaucoup d’importance et d’espace à l’amour, à la compassion et à la solidarité. C’est dans cette perspective que je désire partager avec vous le message de la première encyclique de Sa Sainteté le Pape Benoît XVI, Deus caritas est : « DIEU EST AMOUR », qui fait écho à la « définition » la plus caractéristique de Dieu dans l’Écriture Sainte des Chrétiens: « DIEU EST AMOUR » (1 Jn 4, 8). L’AMOUR AUTHENTIQUE POUR DIEU EST INSEPARABLE DE L’AMOUR POUR LES AUTRES : « SI QUELQU’UN DIT : ‘J’AIME DIEU’ ALORS QU’IL A DE LA HAINE CONTRE SON FRÈRE, C’EST UN MENTEUR. EN EFFET CELUI QUI N’AIME PAS SON FRÈRE, QU’IL VOIT, EST INCAPABLE D’AIMER DIEU, QU’IL NE VOIT PAS » (1 Jn 4, 20). En le rappelant, l’encyclique souligne l’importance de la charité fraternelle dans la mission de l’Église : l’amour, pour être crédible, doit être effectif. Il est nécessaire qu’il vienne en aide à tous, à commencer par les plus démunis. L’amour véritable doit se mettre au service de tous dans la vie de tous les jours, mais aussi au service de la recherche de solutions justes et pacifiques aux graves problèmes qui assaillent notre monde.

5. Les croyants qui s’engagent dans l’aide aux personnes dans le besoin et dans la recherche de solutions à ces problèmes le font d’abord par amour pour Dieu, « pour le visage de Dieu ». Le psaume 27 (26) le rappelle : « C’est ta face, Seigneur, que je cherche, ne me cache pas ta face … » (vv. 8b-9a). Le jeûne que vous avez vécu tout au long de ce mois vous a non seulement rendus plus attentifs à la prière, mais également plus sensibles aux besoins des autres, surtout de ceux qui ont faim, favorisant une générosité encore plus grande avec les personnes dans la détresse.

6. Les soucis quotidiens et les graves problèmes du monde sollicitent notre attention et notre action. Demandons à Dieu dans la prière de nous aider à les affronter avec courage et détermination. Là où nous pouvons œuvrer ensemble, ne travaillons pas séparément. Le monde, et nous avec lui, a besoin de Chrétiens et de Musulmans qui se respectent, s’estiment, et donnent le témoignage de s’aimer et œuvrer ensemble à la gloire de Dieu et au bien de tous les hommes.

7. C’est avec des sentiments de sincère amitié que je vous salue et que je confie ces pensées à votre réflexion. Je demande à Dieu Tout-Puissant qu’elles contribuent à promouvoir, partout, des rapports de plus grande compréhension et de coopération accrue entre Chrétiens et Musulmans, qui participeront grandement au rétablissement et à l’affermissement de la paix au sein des nations et entre les peuples, selon le vœu profond de tous les croyants et de tous les hommes de bonne volonté.

Paul Cardinal Poupard

Président

Archevêque Pier Luigi Celata

Secrétaire