Que veulent les Arabes ?

Cet article publié dans le Matin.dz (Algérien), journal en ligne, résume la problématique « arabe », certes, mais évite d’y répondre, bien que le titre interrogatif soit une réponse, en soi.

Il n’empêche qu’il est très éclairant sur sa troublante actualité, tout comme il cerne bien la difficulté d’y répondre clairement.

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Justement cette absence de réponse est très intéressante et il convient de s’y arrêter : pourquoi cette question ne mériterait pas une réponse claire et nette?

Passons en effet sur l’anachronisme de vouloir considérer « arabes » des populations aussi diverses que sont les Irakiens et Syriens, les Libanais et les Koweitiens, les Saoudiens et les Yéménites, les Égyptiens et les Soudanais, les Libyens et les Marocains, etc.

L’auteur signale du reste que, ce « regroupement hétéroclite » de peuples parfois aux antipodes les uns des autres, sans vraiment le récuser, est une des difficultés majeures de cette impossibilité à répondre à la question posée.

Cependant il donne des réponses déjà proposées, en commençant par la plus répandue :  

« Ils veulent, sinon la disparition totale de l’Occident, du moins son humiliation, son affaiblissement, sa décadence. Pourquoi cacher la haine croissante de l’« infidèle » qui bouillonne en terre d’Islam ? Elle s’étale au grand jour à Amman comme à Bagdad, à Alger comme à Islamabad, à Londres comme à Paris…C’est Fouad Saleh, chef de réseau terroriste, qui s’écrie à son procès : Je m’appelle la mort de l’Occident. »

 

On remarquera qu’il y est question de « terre d’islam et de la haine croissante de l’infidèle », de la ville d’Islamabad qui, localisée au Pakistan, n’est pas sur une terre arabe ; bref, sans le vouloir, l’auteur maintien la confusion entre Arabes et musulmans ; or, il faut le rappeler, tous les Arabes ne sont pas musulmans et que, à plus de 80%, les musulmans ne sont pas Arabes. L’auteur de l’article ne l’ignore pas qui se garde bien d’inclure parmi les Arabes, les Iraniens…

Puis l’auteur ajoute que, plus de 40 ans plus tard :

« … les Arabes n’ont pas réussi à faire disparaitre l’Occident et n’y pensent même plus. Aujourd’hui, à suivre les actualités au quotidien, on en déduit sans effort que les Arabes veulent faire disparaitre des Arabes… À vrai dire en l’absence de statistiques de sondages d’opinion, on ne peut savoir ce que pense vraiment la masse arabe, mais seulement ses représentants autoproclamés et ses brebis galeuses. Du syndrome algérien [le terrorisme islamique a débuté en 1992, suite à un coup d’état militaire interrompant le processus électoral qui a ainsi privé le FIS, le parti intégriste, de sa victoire] on est tombé dans le syndrome égyptien, mais heureusement le syndrome syrien a stoppé définitivement la contamination « printanière ». Qui mieux que ces Syriens savent le prix de la trahison, eux qui ont ouvert leur porte au calife Omar [le second successeur du prophète de l’islam] sur les cendres de leurs trois églises [allusion à la division des chrétiens à l’arrivée des musulmans] épuisées par leur haine incestueuse. »

 

L’auteur émet également une autre hypothèse :

« Que veulent les Arabes ? La destruction de l’Iran avec la bénédiction de l’Occident et le restant humant la poussière sous les pieds du roi saoudien et du prince qatari. »

Pour conclure l’auteur, Mimi Missiva, émet le vœu que cesse cette guerre arabo-arabe:

« Les temps ont changé, mais les régnants arabes non, ils continuent tels des vampires à avoir besoin de sang pour asseoir leur règne sur des cadavres comme leurs ancêtres. Il est temps de leur donner des livres d’histoire écrits par de vrais historiens, s’ils savent lire, pour les réveiller. Ils ont fait de l’Islam une horreur du monde arabe, une boucherie, [et] de l’Arabe un psychopathe, un zombie. Il est temps que ça cesse. En tous les cas, les forces vont finir par s’épuiser d’elles-mêmes avec le dessèchement des puits [de pétrole]. »

 

L’auteur considère donc que l’islam (de paix et d’amour ?) a été transformé par les Arabes en une « horreur et une boucherie » ; est-ce vrai ?

N’est-ce pas accréditer la thèse « raciste », que j’ai entendue, moi-même, des dizaines de fois dans la bouche des Arabes, qui prétend que « les Arabes sont des dégénérés, qui ne méritent pas leur religion de sagesse et de paix… » ?

C’est une thèse digne des théories du « national-socialisme », c’est-à-dire du nazisme. Arrêtons-nous justement à ce national-socialisme et à ses adeptes, pour nous poser la question : a-t-on jamais entendu dire que les Allemands étaient des dégénérés à cause des horreurs nazies, et qu’ils ont été indignes du national-socialisme, une idéologie de paix et d’harmonie ?

N’est-ce pas plutôt le national-socialisme qui a fait des Allemands des nazis d’une inhumanité devenue légendaire ?

Si nous considérons le passé des Arabes, sur ce territoire élargi par l’auteur de l’article, nous découvrirons que leurs ancêtres sont à l’origine de grandes civilisations qui ont laissé de considérables vestiges, qu’il y a eu des écrivains et des penseurs païens non négligeables, des saints et des théologiens chrétiens remarquables. L’auteur cite d’ailleurs, à une époque où l’islam n’avait pas encore imposé sa domination définitive sur les populations non-musulmanes, de belles réalisations : « Certes la révolution abbasside [de Abbas, un parent de Mahomet] a été sanglante, terrifiante, avant d’aboutir à l’âge d’or arabo-musulman, fait essentiellement par les convertis issus des grandes civilisations défuntes, mais aujourd’hui le sang coule pour rien… »

 

Nous savons, nous chrétiens, qu’aucune parole du Christ ne peut corroborer ces thèses racistes, selon lesquelles certains peuples, certaines ethnies, certaines tribus, pour ne pas parler de races, sont plus viles que d’autres et condamnées à faire le mal. Du reste, de la lecture de la Bible, nous ne pouvons pas tirer d’autre conclusion : il n’y a qu’une seule race humaine.

Allah (puisque c’est le nom de Dieu en langue arabe) n’a donc pas fait des Arabes des dégénérés ou des tarés. Tout musulman censé n’en doutera pas un instant.

Alors pourquoi l’auteur de l’article, qui s’est montré cultivé et intelligent tout du long, nous laisse sur cette impression de malaise.

C’est que, selon moi, il n’a pas l’audace de l’un de ses commentateurs, portant l’alias de Khelaf Hellal qui écrit :

« Il ne faut pas avoir peur de dire les quatre vérités : Ils ont fait de l’islam une horreur peut-être aussi parce que l’islam a fait d’eux une horreur. Vous ne le pensez pas? Il y a un grand effort d’introspection, d’autopsychanalise et de remise en question de soi pour pouvoir comprendre les choses. Pour en avoir trop souffert, les arabes sont normalement les mieux placés pour dire toute l’horreur qui y réside et tous les malheurs qui en découlent. La célèbre psychiatre d’origine arabe Wafa Sultan ne mâche pas ses mots quand elle a prononcé son diagnostic: Islam is the problem. »