En résumé:

“Les palestiniens chrétiens en Cisjordanie et à Gaza (8% des 5 millions d’habitants) ont longtemps vécu dans l’idée qu’ils s’en tireraient mieux que leurs coreligionnaires orientaux, une fois mises en place des institutions définitives dans le cadre d’un État reconnu” (1).

C’est pourquoi ils ont toujours participé au combat en faveur de l’indépendance du peuple palestinien, entraînés par leurs autorités religieuses et tout particulièrement par Mgr. Michel Sabbah, longtemps patriarche latin de Jérusalem, qui cependant ne cautionna jamais le recours à la violence. La loi fondamentale de l’Autorité palestinienne, datée de 2002, stipule que l’islam est la religion officielle et la charia, la source principale de la législation. Mais, d’un autre côté, les églises chrétiennes disposent de leurs propres tribunaux pour le statut personnel et 6 sièges sur 152 leur sont réservés au Conseil législatif depuis 1996.

       Retour à la dhimmitude

“La victoire du Hamas (2) en 2005 (76 sièges) et sa prise de contrôle exclusif de Gaza par la force en juin 2007 ont suscité chez les chrétiens des inquiétudes sans précédent face à leur avenir” (1).

Mgr. Sabbah lui-même, après avoir incité les prêtres à proclamer l’amour de leurs frères musulmans en arrive à cette amère constatation : “nous attendons que sur les minarets, dans les mosquées, soit dit  ‘musulmans, aimez vos frères chrétiens’,  
ce qui n’a jamais été dit” (1).

Désormais, les vexations se multiplient, les commerçants doivent payer un “impôt religieux”. Le propriétaire de l’unique librairie chrétienne de Gaza a été assassiné en octobre 2007 et les chrétiens, volontairement ou expropriés, quittent le territoire…

Quant aux 3000 chrétiens restant encore parmi les 1 400 000 habitants du territoire de Gaza, ils connaissent l’avertissement du chef de groupe du Hamas au conseil municipal de Bethléem – la cité de la naissance du Christ ! – : “nous accueillons tout le monde en Palestine, mais à condition de se soumettre à nos lois” (1).

Et pour que la coupe déborde encore plus, dans l’actuel conflit, ils se savent parfois considérés, au mépris de la raison, comme “occidentaux” parce que chrétiens… et donc  comme alliés des États-Unis et donc d’Israël.

       Oseront-ils ?

Des musulmans de bonne volonté ont signé une déclaration finale à l’issue du forum islamo-catholique de Rome le 6 novembre 2008 (3). Elle stipule que “la dignité originelle de chaque personne implique que leur soit reconnue par la législation civile des droits égaux et une entière citoyenneté” ?

Oseront-ils rappeler cette déclaration à leurs coreligionnaires du Hamas à Gaza ?

Jacques Bercoux – 29 décembre 2008 – PFV13

Contact :
petitefeuilleverte@orange.fr

(1) cf. Annie Laurent. Les chrétiens d’Orient vont-ils disparaître ? (Éditions Salvator 2008) (pp. 91 à 94)

(2) Hamas : mouvement islamiste radical créé il y a environ 10 ans et dérivé de celui des Frères Musulmans. Bien que sunnite, il est épaulé par l’Iran et le Hezbollah chiite.

3) cf. PFV 09 du 19 novembre 2008