Le terrorisme ne désarme pas, mais les dirigeants ont d’autres soucis… Nous ne pouvons pas oublier toutes ces victimes, sur Notre-Dame de Kabylie. Nous voulons le redire: nous prions pour leurs familles et pour tous les Algériens en général, y compris ceux qui gouvernent, y compris pour les assassins.

1) Sur El-Watan du 12 mars:

Un kamikaze s’est fait exploser près de Tizi Ouzou, à Tadmaït, tuant par la même occasion deux autres personnes. Pour lui, le bilan est un peu triste, un kamikaze voulant par définition faire un maximum de morts en plus de la sienne, pour pouvoir régler son différend au paradis ou en enfer. Ou ne rien régler, l’acte possédant autant d’explications du côté de l’espoir (changer l’histoire) que du côté du désespoir (en finir avec sa propre histoire). Le fait est que ce fait n’a suscité aucun commentaire, ni de la part de l’opposition, pourtant à l’affût, ni de la part des mouvements islamistes, pourtant à l’origine de la méthode, ni a fortiori du président en pré-campagne, très occupé à distribuer l’argent public.

Dans de nombreux pays, et pas forcément les meilleurs, pas loin de nous ou juste à côté, une information de cette taille aurait engendré de longs débats à la télévision, dans les journaux et les radios et aurait convoqué une foule d’experts, sociologues, spécialistes du terrorisme, psychiatres ou bouchers. En Algérie, la mort violente est devenue tellement aussi peu originale qu’un président qui veut rester président qu’aucun commentaire n’est tombé. Parce que le régime aura réussi à localiser le terrorisme, comme une tradition ancestrale de certains villages et à transformer un attentat kamikaze à la bombe en chahut de gamins désespérés.

On ne connaît pas l’âge du kamikaze de Tadmaït, mais il doit probablement avoir l’âge d’un harraga(1) ou d’un demandeur d’emploi. Ou plus, ou moins. Dans cet énième drame, on n’a pas vu qu’il y avait des électeurs en moins. Un votant parti en fumée, plus deux votants désintégrés par le premier, au final 3 votants qui iront grossir les rangs de l’abstention. Ce qui devrait inquiéter les sponsors de la reconduction. Erreur. En Kabylie, ça ne compte pas. Puisqu’en Kabylie, on ne vote pas de toutes façons.

Par C. A.

(1) Un émigrant clandestin par la voie maritime.

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2) Du site du journal Le Soir d’Algérie du 10 mars:

Un policier qui s’apprêtait à se rendre dans son village, Aït- Mendès, situé à trois kilomètres de Boghni, 30 km au sud de Tizi-Ouzou, a été intercepté par un groupe de terroristes qui avaient fait une incursion dans la localité. Cela s’est passé, avons-nous appris de sources concordantes, dimanche dernier vers 23 heures.

En remarquant la présence des terroristes qui l’ont d’ailleurs interpellé par son prénom, le policier tentera de s’enfuir. La victime, malheureusement, n’échappera pas aux balles des terroristes qui l’ont ensuite achevée à l’arme blanche, selon des témoignages qui précisent que le policier, après avoir été égorgé, fut placé dans sa voiture à laquelle les criminels ont mis le feu. Le défunt ammi Ali, dont la dépouille a été transférée à la morgue de l’hôpital de Boghni, était âgé de 55 ans. Il était fonctionnaire de police à la Sûreté de daïra de la même ville où, dit-on, il était très apprécié.

S. A. et Azwaw

A. I.

Sur le même site, du 12 mars, voici des recommandations pour le jour du vote:

Le ministère de l’Intérieur a le plaisir d’annoncer

aux électrices et électeurs qu’ils pourront accomplir

leur devoir électoral le 9 avril prochain sur simple

présentation d’une pièce d’identité, une carte nationale,

un permis de conduire, un passeport, un…

… ticket de bus, un billet de train,

un reçu de pressing, une vignette

de médicament, un bouton de manchette,

une fermeture éclair,

une photo de Cheb Mami…

Aujourd’hui, je relaie volontiers les appels du FFS, du RCD, du MDS, du MAK, du CCDR et de plusieurs personnalités appelant au boycott de l’élection présidentielle du 9 avril et à une insurrection citoyenne et pacifique. D’abord, une évidence, mais qu’il faut tout de même rappeler : le jeudi 9 avril, personne ne viendra vous mettre le canon d’un pistolet sur la tempe pour vous forcer à aller voter. Vous craignez des représailles si vous ne vous rendez pas au bureau de vote, comme le refus de délivrance de papiers administratifs par vos mairies respectives ? Si cela devait advenir, signalez ces dépassements de l’administration aux journaux. Au Soir d’Algérie, le monsieur qui s’occupe de la page Periscoop est un gars charmant, disponible et tout et tout. Il se fera un malin plaisir de répercuter. Mais ne pas aller au bureau de vote ne suffit pas. Le MAK propose aux boycotteurs de présidentielle de porter un brassard noir. C’est une idée. Le noir, le MAK le veut en hommage aux victimes du Printemps berbère. Si vous n’aimez pas le noir, vous pouvez opter pour un brassard d’une autre couleur. Evitez le vert, il pourrait prêter à confusion. Et puis, c’est connu, dès qu’un brassard vert fait son apparition en ville, on voit aussitôt surgir Ali Benhadj. Vous pouvez également accrocher un drapeau à votre balcon. Mais le mettre en berne, bien en berne. Si la météo est clémente ce jour-là, les boycotteuses et boycotteurs peuvent porter des tee-shirts à l’envers, retournés. Pour ceux qui sont équipés de caméscopes, vous pouvez également vous pointer devant les bureaux de vote de vos localités aux heures connues de calcul du taux de participation par le ministère de l’Intérieur, 9 heures, 11 heures, 13 heures, 15 heures, 17 heures, une heure avant la fermeture des centres de vote, filmer l’absence flagrante de la foule inventée au même moment par l’ENTV et diffuser vos images sur la toile, sur le web. Lorsque vous apercevrez un citoyen interviewé par l’ENTV et disant devant les caméras qu’il est «heureux et fier d’accomplir ce jour son devoir électoral», vous pourrez vous mettre plein champ derrière lui, chanter et danser «zoudj barakat !». Bien évidemment, les équipes techniques de l’Unique couperont au montage, mais vous leur aurez compliqué la tâche, fait perdre du temps et perturbé la fraude. Faites preuve d’imagination. On peut tout imaginer un 9 avril. Avec tout de même à l’esprit une préoccupation : foutre le barouf, oui, mais pacifiquement ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

H. L.