Cette étude concerne l’actualité du texte de Genèse (2 16,17; 3 1-7), à propos duquel Claude Tresmontant disait qu’il “porte sur l’ensemble du destin de l’humanité. C’est vraisemblablement un texte prophétique tout autant qu’un texte portant sur le passé de l’humanité“. La première partie de l’analyse porte sur les éléments de cette actualité, relatifs au franchissement de la ligne rouge du domaine strictement réservé à Dieu, celui “d’être le Créateur de l’homme “. A ce sujet, on peut citer: la révision des lois de bioéthique (euthanasie, IVG, GPA, PMA, transhumanisme), l’évolution de notre société sur le mariage, la filiation. La seconde partie traite de la sanction (“sous peine de mourir“, Genèse 3,3). Cette sanction est détaillée dans le Deutéronome (XXVIII, 15-68), dont le verset 28 “L’Éternel te frappera de délire, d’aveuglement, d’égarement d’esprit” concerne bien notre époque. Devant cet aveuglement, et ses conséquences (Deutéronome (XXVIII, 43), le cardinal Sarah préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, exprime son angoisse (07/11/2016): ” L’Europe a perdu ses racines. J’ai peur que l’Occident meure. Il y a beaucoup de signes. Plus de natalité. Et vous êtes envahis, quand même, par d’autres cultures, d’autres peuples, qui vont progressivement vous dominer en nombre et changer totalement votre culture, vos convictions, vos valeurs.” (LIRE).
Sur le critère de la pratique religieuse, l’article Islam Overtaking Catholicism in France, basé sur un sondage (2011) de l’IFOP, disait que l’islam était déjà la première religion en France:
1.9 million de catholiques pratiquants, 2.5 millions de musulmans pratiquants
-1 Le verset 5 du chapitre 3 de la Genèse. Sens et portée prophétique.
Dans son livre “Les premiers éléments de la théologie” (Ed. OEIL, Paris, 1987) Claude Tresmontant définit ainsi le contexte de l’écriture de l’Ancien Testament:
- Il faut admettre que fort tôt ce minuscule peuple hébreu a eu conscience d’être une zone embryonnaire, ou une zone germinale, et de porter un message destiné à l’humanité entière. Ce qui est certain, c’est donc qu’au VIIIe siècle avant notre ère (la philosophie grecque commence au VIe siècle avant notre ère…) le peuple hébreu avait en lui la conscience qu’il était un peuple germinal et que les nations païennes viendraient un jour recevoir l’Information qu’il contient et qui le constitue.
Plus loin l’auteur ajoute:
- Il existe donc une lecture archaïque ou archaïsante de l’Écriture sainte qui, de fait, est régressive, car elle nous reporte aux plus anciennes couches ou stratifications de l’Écriture. Les livres de la révélation doivent être lus dans leur sens, dans leur direction historique, c’est-à-dire en regardant vers l’avenir et non vers le passé.
A propos du texte de la Genèse (2 16,17; 3 1-7), Tresmontant précise que l’Information communiquée “porte sur l’ensemble du destin de l’humanité. C’est vraisemblablement un texte prophétique tout autant qu’un texte portant sur le passé de l’humanité“. Le sens et la portée prophétique de cet écrit concerne plus particulièrement une scène avec trois acteurs: une femme (Eve), son époux (Adam, ha-adam), et un serpent:
- 1 Mais le serpent était rusé, plus qu’aucun des animaux terrestres qu’avait faits l’Éternel-Dieu. Il dit à la femme: “Est-il vrai que Dieu a dit: vous ne mangerez rien de tous les arbres du jardin?”
- 2 La femme répondit au serpent: “Les fruits des arbres du jardin, nous pouvons en manger;
- 3 mais quant au fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit: Vous n’en mangerez pas, vous n’y toucherez point, sous peine de mourir.”
- 4 Le serpent dit à la femme: “Non, vous ne mourrez point;
- 5 mais Dieu sait que, du jour où vous en mangerez, vos yeux seront dessillés, et vous serez comme Dieu [1] connaissant le bien et le mal.“
- 6 La femme jugea que l’arbre était bon comme nourriture, qu’il était attrayant à la vue et précieux pour l’intelligence; elle cueillit de son fruit et en mangea; puis en donna à son époux, et il mangea.
- 7 Leurs yeux à tous deux se dessillèrent, et ils connurent qu’ils étaient nus; ils cousirent ensemble des feuilles de figuier, et s’en firent des pagnes.
Analysant ces lignes, Tresmontant en dévoile le sens profond:
- Dans toute la Bible hébraïque, le mot HA-ADAM n’est pas un nom propre, désignant un individu singulier. C’est un nom commun qui signifie : l’Homme, l’Humanité. L’hébreu a pour habitude d’utiliser un mot au singulier pour désigner une collectivité ou une multitude ; par exemple : l’Oiseau des cieux, – pour dire : les oiseaux multiples appartenant à de multiples espèces. Le théologien qui a composé ce texte (Genèse), sans doute à partir de traditions orales antérieures, ne se propose donc pas de nous parler d’un individu singulier appelé Adam. Il nous parle de l’Homme, de la création de l’Homme, du passé de l’Homme, du destin de l’Homme, et aussi, nous le verrons, de l’avenir de l’Homme. L’humanité a pris connaissance de la distinction qui existe entre le bon et le mauvais. Elle est entrée dans un régime nouveau. […]
- Toutes ces données, que le théologien hébreu d’il y a trente siècles nous communique, sous la forme d’une fable, sous la forme d’un mâschâl, correspondent à quelque chose pour celui qui étudie les origines humaines : le passage de l’animalité à l’humanité, ou, pour parler comme les anthropologues, l’émergence de l’humanité hors de l’animalité ; c’est bien en effet, avec la formation d’un cerveau complexe, et plus précisément d’un néocortex exceptionnellement développé, l’accès à la conscience réfléchie. Cet accès à la conscience réfléchie comporte des risques et même des risques mortels pour l’humanité ; notre génération sera peut-être en mesure de le vérifier par elle-même.
En mentionnant le verset 3 du chapitre 3 de la Genèse, le Catéchisme de l’Église Catholique insiste sur l’existence d’une ligne rouge que l’Homme (i.e. toute société humaine) ne doit pas franchir “sous peine de mourir“:
- L’arbre de la connaissance du bien et du mal (Genèse 2, 17) évoque symboliquement la limite infranchissable que l’homme, en tant que créature, doit librement reconnaître et respecter avec confiance. L’homme dépend du Créateur, il est soumis aux lois de la création et aux normes morales qui règlent l’usage de la liberté.
Pour Saint Augustin le péché véritable est le fruit de l’orgueil (superbia) qui veut que l’homme soit l’égal de Dieu, qu’il soit aussi créateur que Dieu, de sorte qu’il déforme « le sens originel de son être créé, qui était justement de le renvoyer par-delà le monde à sa véritable origine ».
De son côté, la mystique catholique Maria Valtorta (1897-1961) parle d’un domaine strictement réservé à Dieu, limité par une ligne rouge, celui “d’être le Créateur de l’homme “:
- La métaphore de l’arbre tend à démontrer cette vérité. Dieu avait dit à l’homme et à la femme : “Vous connaissez toutes les lois et tous les mystères de la création. Mais n’essayez pas de m’usurper le droit d’être le Créateur de l’homme. Mon amour, qui circule en vous, suffira à la propagation de la race humaine, sans luxure ; le seul mouvement de la charité suscitera les nouveaux Adam de la race humaine. Je vous donne tout. Je me réserve uniquement ce mystère de la formation de l’homme.”
Quant à “sous peine de mourir” du verset 3, cette sanction est commentée dans le Deutéronome (28, 15-68), texte qui concerne les malédictions en cas de non respect des prescriptions de Dieu. Dans son histoire, le peuple élu les a subies plusieurs fois (exils, cf. Deutéronome (XXVIII, 33, 37, 43,49-52, 62-68).
-2. Actualité du chapitre 3 de la Genèse. Réponse de ha-adam (l’Homme): révision des lois de bioéthique.
Cette révision est coordonnée par le Comité Consultatif National d’Éthique (CCNE). La réponse de ha-adam (l‘Homme, i.e. un pays, une civilisation, une société) à Genèse (2 16,17; 3 1-7) est directement liée aux points suivants, extraits du § 1:
- Il [texte de la Genèse] nous parle de l’Homme, de la création de l’Homme, du passé de l’Homme, du destin de l’Homme, et aussi, nous le verrons, de l’avenir de l’Homme.. L’humanité a pris connaissance de la distinction qui existe entre le bon et le mauvais.
- Cet accès à la conscience réfléchie comporte des risques et même des risques mortels pour l’humanité ; notre génération sera peut-être en mesure de le vérifier par elle-même. (Tresmontant)
- L’arbre de la connaissance du bien et du mal (Genèse 2, 17) évoque symboliquement la limite infranchissable que l’homme, en tant que créature, doit librement reconnaître et respecter avec confiance.(“Catéchisme de Église Catholique ” 396)
- Le péché véritable est le fruit de l’orgueil qui veut que l’homme soit l’égal de Dieu, qu’il soit aussi créateur que Dieu. (Saint Augustin)
- “Vous connaissez toutes les lois et tous les mystères de la création. Mais n’essayez pas de m’usurper le droit d’être le Créateur de l’homme […] Je vous donne tout. Je me réserve uniquement ce mystère de la formation de l’homme.” (Maria Valtorta)
La réponse de ha-Adam (l’Homme) est celle de déclarations, propositions, analyses en relation avec la révision des lois de bioéthique, coordonnée par le Comité consultatif national d’éthique (CCNE), révision envisagée dans le cadre d’états généraux, lancés le 18/01/2018, et intitulés “Quel monde voulons-nous pour demain?“.
A cette question du choix d’un monde “pour demain“, ha-adam (l’Homme, i.e. notre civilisation) répond en alléguant ce qui suit (§ 2.1 à 2.5).
– 2.1. Moi ha-adam (l’Homme, la “civilisation postmoderne “), Je Suis Comme Dieu, Je définis le Bien et le Mal.
Cf. le lien civilisation postmoderne pour la définition de cette expression.
– 2.1.1. Quelques déclarations.
Pr. Delfraissy, président du CCNE: “Je ne sais pas ce que sont le bien et le mal […] En tout cas, le CCNE n’est pas là pour indiquer où se trouvent le bien et le mal. […]. On a une société qui évolue, il y a donc une série de valeurs qui peuvent évoluer. La notion de valeur est relative. Il n’y a pas de valeur absolue. […] Les lignes rouges sont relatives, elles aussi. […] Il n’y a pas de valeur absolue. Enfin si, il en existe, mais sur les sujets dont nous parlons, ce sont les besoins de nos concitoyens qui doivent être aussi pris en compte.” CF. 1, et CF. 2,
Coran (3,110): “Vous êtes la meilleure communauté, qu’on ait fait surgir pour les hommes. Vous ordonnez le convenable, interdisez le blâmable“.
– 2.1.2. Commentaires.
Le texte de (Genèse III, 3-5) résume l’utopie de beaucoup de penseurs de la philosophie postmoderne devenue nouvelle religion, celle qui doit nous libérer de l’imaginaire obsolète des religions installées, religion qui devrait conduire à une émancipation totale de l’homme, i.e. à l’Homme-Dieu, celui qui décide du Bien et du Mal (Genèse III, 3-5), notions devenues relatives de nos jours, ainsi que celle de Vérité (la “vérité absolue” n’existe pas, ).
Dans son article “Le rationalisme, c’est le monothéisme“, Tresmontant dissèque le fondement des philosophies de type postmoderne :
- “Le présupposé fondamental (inconscient peut-être, chez nombre de philosophes “déductivistes”), c’est que le MOI du philosophe participe du MOI divin qui produit le monde de la matière et des corps par voie d’émanation (conçue comme une dégradation, une “chute”) ; c’est que le MOI du philosophe est… divin. “Vous serez comme des dieux” susurrait déjà le perfide serpent à nos premiers parents, dans le jardin d’Eden…
- Selon les systèmes idéalistes les plus évolués, les plus conséquents, le monde n’est pas pour le sujet qui le connaît un donné. Le monde est une production de l’Esprit. “Le monde est ma représentation”. Ce monde que je m’applique à connaître, je l’ai produit auparavant, dans les profondeurs inconscientes de mon moi qui est en sa racine ontologique identique au Moi absolu. Au niveau ontologique, je suis l’Absolu, et c’est le Moi absolu qui produis ce monde qu’ensuite le moi individuel s’appliquera à connaître. Pour le métaphysicien idéaliste, il est donc possible en droit de déduire la connaissance du monde d’une intuition ontologique par laquelle je m’identifie à l’Absolu que je suis originellement. En fait, le monde est ainsi déduit du moi absolu. La connaissance pourra donc l’être aussi.”
- “(…) Selon les plus grands et les plus prestigieux systèmes idéalistes, le sujet individuel que je suis est en fait, par sa racine ontologique, Dieu lui-même. (…) L’esprit humain est par nature consubstantiel à l’Esprit absolu. L’esprit humain est divin par nature.” Du point de vue de l’idéalisme, la vérité ne se définit que par rapport à l’intelligence humaine qui connaît, et ce qu’elle connaît n’a pas été créé antérieurement à elle. Il n’y a pas dans les choses de vérité antérieurement au sujet connaissant humain.”
– 2.2. Moi ha-adam (l’Homme,la “civilisation postmoderne “, Je décrète l’élimination, dans le sein de leur mère, des enfants non désirés, ou non conformes aux normes que j’ai définies. J’ai le pouvoir de les remplacer par des enfants sans défauts.
2.2.1. Quelques déclarations, et faits.
Agnès Buzyn, Ministre des Solidarités et de la Santé (VOIR):
- “[…] l’interruption volontaire de grossesse est un droit de la femme, un droit humain. Ce droit, dorénavant inscrit dans notre patrimoine juridique, garantit la liberté, le respect et la dignité des femmes. Plus concrètement, il garantit l’accès à l’information, à des services de soins dédiés, mais aussi à des IVG sécurisées, qu’elles soient volontaires ou qu’il y aille de raisons médicales. Pourtant, malgré les progrès accomplis ces dernières années, je sais la nécessité, aujourd’hui plus que jamais, de continuer notre combat.“
Jean-Luc Mélanchon (VOIR):
- Et j’en profite pour rappeler que militer pour le droit à l’avortement ce n’est pas militer pour l’avortement mais renvoyer chaque personne à sa propre et libre appréciation personnelle dans les circonstances qui conduisent à se poser la question. … Ayant tout cela à l’esprit, je veux rappeler que si je suis élu, je proposerai que le droit à l’avortement soit inscrit dans la Constitution, de même que le droit de mourir dans la dignité. Les deux droits ont une racine commune : disposer de soi en seul(e) propriétaire de soi.
– Article L. 2223-2 du code de la santé publique (LIRE) :
- « Est puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende le fait d’empêcher ou de tenter d’empêcher de pratiquer ou de s’informer sur une interruption volontaire de grossesse ou les actes préalables prévus par les articles L. 2212-3 à L. 2212-8 par tout moyen, y compris par voie électronique ou en ligne, notamment par la diffusion ou la transmission d’allégations ou d’indications de nature à induire intentionnellement en erreur, dans un but dissuasif, sur les caractéristiques ou les conséquences médicales d’une interruption volontaire de grossesse :
« 1° Soit en perturbant l’accès aux établissements mentionnés à l’article L. 2212-2, la libre circulation des personnes à l’intérieur de ces établissements ou les conditions de travail des personnels médicaux et non médicaux ;
« 2° Soit en exerçant des pressions morales et psychologiques, des menaces ou tout acte d’intimidation à l’encontre des personnes cherchant à s’informer sur une interruption volontaire de grossesse, des personnels médicaux et non médicaux travaillant dans les établissements mentionnés au même article L. 2212-2, des femmes venues recourir à une interruption volontaire de grossesse ou de l’entourage de ces dernières. »
– Décisions du CSA et du Conseil d’État.
En mars 2014, à l’occasion de la journée mondiale de la trisomie, lorsque le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) stoppe la diffusion d’un spot télévisé intitulé « Chère future Maman » qui répond aux craintes et inquiétudes d’une mère découvrant qu’elle attend un bébé atteint de trisomie 21. Plusieurs jeunes trisomiques européens, dont des Français, chacun en leur langue, rassurent les mères, quant à l’avenir de son futur enfant : « Il pourra te faire des câlins, il pourra parler, aller à l’école, et te dire qu’il t’aime. Ton enfant pourra être heureux, comme je le suis ! Et tu seras heureuse aussi ! » Protestant contre la décision du CSA, sept jeunes atteints de trisomie 21 ainsi que deux associations saisissent le Conseil d’État en septembre 2016, qui rejette leurs recours en confirmant la censure du CSA.
La Croix, quotidien couramment considéré comme le reflet de l’opinion de l’épiscopat français, a publié un éditorial d’Isabelle de Gaulmyn sa rédactrice en chef, se félicitant du résultat du référendum irlandais sur l’avortement, “après un débat digne et pluraliste, il faut respecter cette réponse” (base: théorie du moindre mal?). Dans son blogue personnel sur le site de La Croix, sous le titre « Avortement : non au vichysme mental ! », le philosophe catholique Thibaud Collin dénonce cet éditorial en totale opposition avec l’encyclique Evangelium Vitae, et plus généralement avec l’identité catholique que le quotidien revendique. Guillaume Goubert, directeur de la rédaction, réagit en supprimant le blog.
– Des médecins ont été déjà condamnés pour n’avoir pas diagnostiqué la trisomie 21(VOIR).
2.2.2. Quelques commentaires (mécanismes d’un transhumanisme à nos portes: des enfants sans défauts)
Le transhumanisme est un courant de pensée qui vise à transformer la nature humaine, en s’appuyant sur la convergence de plusieurs technologies (NBIC: N pour nanotechnologies, B pour biotechnologies, I pour technologies de l’information, C pour technologies du cerveau). Les transhumanistes prônent “le droit moral pour ceux qui le désirent, de se servir de la technologie pour accroître leurs capacités physiques, mentales, ou reproductives “. Des bébés génétiquement modifiés sont nés, en Ukraine, au Mexique, en dépit de tout principe de précaution.
Jacques Testart, est l’auteur de “Des hommes probables. De la procréation aléatoire à la reproduction normative” (Le Seuil, 1999). Depuis vingt-cinq ans, il nous met en garde contre l’imminence d’un scénario catastrophe qui ne s’est pas encore produit : “Moi « chercheur en procréation assistée » j’ai décidé d’arrêter. Non pas la recherche pour mieux faire ce que nous faisons déjà, mais celle qui œuvre à un changement radical de la personne humaine là où la médecine procréative rejoint la médecine prédictive” (Jacques Testart, L’Œuf transparent, Flammarion, coll. “Champs”, 1986, p. 33).
D’autres auteurs s’expriment sur le sujet:
– Albert Jacquard, Éloge de la différence. La génétique et les hommes, Le Seuil, coll. “Science ouverte”, 1978.
– Blanche Streb, docteur en pharmacie, directrice de la formation et de la recherche pour Alliance VITA, dans le livre de “Bébés sur mesure, le monde des meilleurs” (Artège, 2018). Voir aussi son entretien au Figarovox .
En médecine prénatale,les obstétriciens et échographistes savent qu’ils risquent des poursuites judiciaires en laissant naître un enfant présentant une anomalie qui aurait pu être détectée avant la naissance. 0,5 à 1 % de fausses couches sont à déplorer à la suite d’une amniocentèse, ce qui conduit souvent à la perte de deux enfants indemnes pour l’avortement volontaire d’un enfant atteint détecté par cet examen. Dans la quête du bébé parfait, il y a du «déchet humain».
Avec son eugénisme latent, le débat sur la PMA et la GPA cache certains aspects des prochaines lois de bioéthique : diagnostics anténatals (diagnostics prénatal, DPN, et préimplantatoire, DPI), séquençage du génome humain, expériences sur les embryons, dons de gamètes. Il cache aussi d’autres questions qui ne sont pas actuellement abordées mais qui seront bientôt d’actualité: greffe d’utérus, utérus artificiel, clonage, création de gamètes à partir de cellules banales.
Dans un avenir proche (?), le séquençage du génome et la médecine prédictive pourraient devenir obligatoires. Le nombre de grossesses déclenchées artificiellement pourrait dépasser le nombre des grossesses naturelles, avec des assurances refusant de les couvrir. Le film d’anticipation Bienvenue à Gattaca concerne la possibilité d’un tel avenir.
– 2.3. Moi ha-Adam (l’Homme, i.e. “la civilisation postmoderne“), J’ordonne l’élimination des adultes non conformes aux normes que J’ai définies, car inutiles. J’ai le pouvoir de les remplacer par “l’Homme augmenté“
Cf. le lien “l’Homme augmenté“ pour la définition de cette expression.
– 2.3.1. Interview de Jean-Louis Touraine, député de La République en marche et professeur de médecine.
Cet interview de Jean-Louis Touraine, député de La République en marche, professeur de médecine, défenseur de l’euthanasie et du “suicide assisté”, a été publié dans l’hebdomadaire La Vie. Il concerne un processus de légalisation d’une “aide active à mourir“, au départ rigoureux mais, comme pour l’avortement, qui deviendra progressivement de moins en moins contraignant (cf. la Belgique et les Pays-Bas), pour aboutir à un droit absolu pour tous:
- « Il ne faut pas tout faire tout de suite, mais procéder par étapes, d’abord questionner les adultes en capacité de donner un avis, puis envisager ultérieurement le cas des grands prématurés, par exemple. […] Il faudra aussi envisager les cas particuliers, les malades d’Alzheimer par exemple. »
Le Comité Consultatif d’éthique de Belgique a rendu public un avis concernant « l’euthanasie dans les cas de patients, hors phase terminale, affligés de souffrance psychique et d’affections psychiatriques ». Le Pr. Delfraissy, président du CCNE dit: “Sur tous ces sujets, il n’y a ni le bien et le mal, ni le blanc et le noir.”
La réponse de l’Église: Extrait de l’encyclique Evangelium Vitae
- Mais nous entendons concentrer spécialement notre attention sur un autre genre d’attentats, concernant la vie naissante et la vie à ses derniers instants, qui présentent des caractéristiques nouvelles par rapport au passé et qui soulèvent des problèmes d’une particulière gravité: par le fait qu’ils tendent à perdre, dans la conscience collective, leur caractère de « crime » et à prendre paradoxalement celui de « droit », au point que l’on prétend à une véritable et réelle reconnaissance légale de la part de l’État et, par suite, à leur mise en œuvre grâce à l’intervention gratuite des personnels de santé eux-mêmes. Ces attentats frappent la vie humaine dans des situations de très grande précarité, lorsqu’elle est privée de toute capacité de défense.
-2.3.2. Commentaires
Deux cas récents illustrent cette situation:
– Celui de Alfie Evans (23 mois), euthanasié contre l’avis de ses parents qui se sont battus pour que leur enfant puisse être soigné dans un autre hôpital. Privé de son assistance respiratoire, le petit Alfie s’est battu plus de quatre jours, respirant seul avec le simple apport d’un peu d’oxygène.
– Celui de Vincent Lambert , personne lourdement handicapée (sans être un “malade en fin de vie“), alimentée et hydratée, dans l’incapacité de communiquer (dans un état de conscience minimal, dit « pauci-relationnel »). Contre l’avis de ses parents, frères et sœurs qui demandent de le placer dans un hôpital plus spécialisé pour d’autres soins, l’équipe médicale chargée de son cas décide (sur seul avis de sa femme) de cesser de l’alimenter et de l’hydrater. Le combat des parents, pour éviter une telle issue, se poursuit.
L’assassinat légal des personnes “inutiles” est en forte hausse. 4 188 euthanasies ont été réalisées aux Pays-Bas en 2012. En 2017 il y en a eu plus de 7 000, selon une étude, publiée dans le British Medical Journal. Soit une augmentation de 67% en 5 ans. Ceux qui ne sont pas d’accord avec une modification de la loi sur la fin de vie sont fréquemment traités de «réactionnaires », d’obscurantistes, ou de catholiques intégristes.
Le transhumanisme concernant la médecine anténatale a été considéré dans le § 2.2.2. Pour l’enfant et l’adulte, Jean-Michel Besnier parle d’un posthumanisme dans son article “Le posthumanisme ou la fatigue d’être libre“:
- Si l’on associe l’humanisme issu de la Renaissance européenne au mouvement par lequel les hommes ont désiré assumer librement leur destin, contre l’obscurantisme qui pouvait dominer au Moyen Age, on pourra s’aventurer à suggérer que la fatigue d’être libre, inscrite par Tocqueville dans le devenir des sociétés modernes, prédispose aujourd’hui à accueillir quelque chose comme un posthumanisme.
- L’anticipation d’un posthumain résonne encore dans nos esprits comme un thème de science-fiction. Il évoque les fantasmagories d’un monde dans lequel les propriétés de l’humain seraient dépassées grâce aux moyens technoscientifiques dont nous disposerons de plus en plus : ainsi, dans le futur, on s’imagine qu’on n’aura plus besoin de naître puisqu’on aura les moyens de se fabriquer à volonté (grâce à la transgenèse ou à l’ectogenèse) ; on cessera d’être malade, de souffrir ou de vieillir (grâce à la nanomédecine et aux neurosciences) ; et on n’aura plus à mourir sans l’avoir désiré (grâce aux techniques de l’uploading qui préserveront le contenu de notre cerveau – et par suite de notre conscience – sur des matériaux inaltérables). Inutile de souligner combien ces perspectives s’accommodent peu avec le hasard et l’indétermination qui caractérisent et permettent la liberté. Le posthumanisme ainsi entendu décrit un horizon où les sciences et les techniques auront intégralement déterminé, c’est-à-dire achevé, l’aventure humaine.
– 2.4. “Moi Ad-Adam (l’Homme, i.e. “la civilisation postmoderne“), J’ai le pouvoir de créer: – des enfants sans père, avec deux mères; – des enfants sans mère, avec deux pères.
Il s’agit des moyens techniques de la médecine anténatale, considérée dans le § 2.2.2, de la Procréation médicalement assistée (PMA) [indifféremment appelée Assistance Médicale à la Procréation (AMP)] pour les femmes homosexuelles ou célibataires, i.e. l’aboutissement à un statut d’enfants sans père. Implicitement, pour des raisons d’égalité femmes -hommes, ceci devant logiquement entrainer la Gestation Pour Autrui (GPA) pour les hommes homosexuels, i.e. à un futur statut d’enfants sans mère.
Ceux qui ne sont pas d’accord avec l’évolution de la loi sur la PMA sont souvent diabolisés, traités de “réactionnaires”, obscurantistes, catholiques intégristes, et accusés de mépris, d’homophobie, envers les couples homosexuels ou les femmes célibataires.
– 2.5. Moi Ad-Adam (l’Homme, i.e. “la civilisation postmoderne“), Je déclare: – Un homme peut choisir de se doter d’un corps de femme, et vice versa
Déclaration d’un tribunal en France : le sexe n’est plus intangible, mais il suit ce que la science en dit (VOIR).
Désormais prénommé Sandra, le champion olympique de canoë biplace à Atlanta, Wilfrid Forgues, marié et père de famille, est devenu une femme à 48 ans.
-3. Aveuglement devant la sanction: “sous peine de mourir”
3.1. Les malédictions du chapitre XXVIII du Deutéronome.
Parmi les 53 versets du chapitre XXVIII du Deutéronome, qui énoncent les malédictions formulées contre le peuple juif quand il ne respecte pas les commandements de Dieu, deux paraissent concerner plus particulièrement notre époque.
La première malédiction comporte un seul verset :
- 21 L’Éternel attachera à toi la peste, jusqu’à ce qu’elle te consume dans le pays dont tu vas entrer en possession.
C’est à dire, dans le langage de l’époque, épidémies, pandémies.
Ensuite, on peut lire:
- 28 L’Éternel te frappera de délire, d’aveuglement, d’égarement d’esprit.
Son contenu a été repris sous diverses versions dont:
– Quos vult perdere Jupiter dementat (Jupiter rend fous ceux qu’il veut perdre)
“Ils se sont égarés dans leurs vains raisonnements, leur cœur insensé s’est rempli de ténèbres … ils sont devenus fous” (Rom 1,21-22).
– En recevant les évêques français le 26/02/1906, Saint Pie X parlait du châtiment des nations qui s’éloignent de Dieu, et qui ainsi “s’engourdissent dans le misérable aveuglement des esprits“, châtiment “qui frappe ceux qui ont péché contre le Saint Esprit“, (Saint Pie X, Actes de St. Pie X, Tome 1, p. 349).
Parmi les autres malédictions, 7,des 53 versets suivants semblent liés à notre siècle. Ils concernent le déclin démographique en Europe, l’explosion démographique dans les pays musulmans, et le déferlement migratoire qui en résulte.
- 62 Vous ne resterez qu’un petit nombre, après avoir été aussi nombreux que les étoiles du ciel, parce que tu n’auras point obéi à la voix de l’Éternel, ton Dieu.
- 32 Tes fils et tes filles seront livrés à un autre peuple, tes yeux le verront et languiront tout le jour après eux, et ta main sera sans force. 33 Un peuple que tu n’auras point connu mangera le fruit de ton sol et tout le produit de ton travail, et tu seras tous les jours opprimé et écrasé.
- 43 L’étranger qui habitera avec toi, dans ton pays s’élèvera toujours plus au-dessus de toi, et deviendra le plus puissant, tu descendras et seras au-dessous de lui; 44 il te prêtera, et tu ne lui prêteras pas; il sera à la tête, et tu seras au-dessous de lui. 45 Toutes ces malédictions viendront sur toi, elles te poursuivront et seront ton partage jusqu’à ce que tu sois détruit, parce que tu n’auras pas obéi à la voix de l’Éternel, ton Dieu, parce que tu n’auras pas observé ses commandements et ses lois qu’il te prescrit.
- 49 L’Éternel fera partir de loin, des extrémités de la terre, une nation qui fondra sur toi d’un vol d’aigle, une nation dont tu n’entendras point la langue, 50 une nation au visage farouche, et qui n’aura ni respect pour le vieillard ni pitié pour l’enfant.
3.2. L’aveuglement des esprits (Deutéronome, XXVIII, 28), et ses conséquences.
3.2.1. Démographie et amplification de l’immigration musulmane
A vue humaine, via les lois de la démographie et l’amplification de l’immigration, l’Europe devrait être musulmane à très moyen terme, situation liée à deux phénomènes contemporains :
– (a) Une déchristianisation spectaculaire de l’Europe, notée en particulier par le Gatestone Institute. Sur le critère de la pratique religieuse, cet institut conclue en 2011 que l’islam est déjà devenu la première religion en France (cf. Islam Overtaking Catholicism in France). Cette déchristianisation se manifeste aussi par une multiplication d’actes non musulmans de haine contre les chrétiens (profanations, saccages d’églises et de monuments religieux, caricatures offensantes (CHRISTPHOBIE): “Si le Monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous” (Jean 15,18).
– (b) Une rapide montée en puissance de l’islam en Europe, chaque musulman se sentant légitimé par: “Vous êtes la meilleure communauté, qu’on ait fait surgir pour les hommes. Vous ordonnez le convenable, interdisez le blâmable” (Coran 3,110), donc avec le pouvoir de décider du “Bien” et du “Mal” (cf. § 2.1.1). Ainsi, en 2020-2030 Bruxelles devrait être à majorité musulmane. Actuellement 2 enfants sur 3 sont musulmans. Ceci a amené l’Université Libre de Bruxelles (ULB) à organiser un colloque (13/11/2010) intitulé “Une majorité musulmane à Bruxelles en 2030. Comment nous préparer à mieux ‘Vivre ensemble’ ?” (CF.1) et (CF.2). Dans ces conditions de majorité le “mieux Vivre ensemble” implique la prise en compte de règles de la sharia par la municipalité. En avril 1974, dans un discours à l’ONU, H. Boumediene, président algérien, annonçait ce fait :
- “Un jour, des millions d’hommes quitteront l’hémisphère sud pour aller dans l’hémisphère nord. Et ils n’iront pas là-bas en tant qu’amis. Parce qu’ils iront là-bas pour le conquérir. Et ils le conquerront en le peuplant avec leurs fils. C’est le ventre de nos femmes qui nous donnera la victoire“.
Pour la démographie, un hadith (communication orale de Mahomet, “le Beau Modèle“, terme islamique signifiant le modèle à imiter pour tout bon musulman) donne la conduite à tenir par les fidèles : “Un homme est venu voir le prophète et dit : «J’ai trouvé une femme belle et de haut rang, mais elle ne donne pas naissance à des enfants. Dois-je me marier avec elle ? ». Il dit : «Non». Il revint le voir mais il le lui interdit à nouveau. Il vint une troisième fois et le prophète dit : «Épouse des femmes qui sont aimantes et prolifiques, que je puisse submerger les autres peuples grâce à vous».“(Récit de Ma’qil ibn Yasar, Dawud XI 2045).
Dans le cadre de l’incitation à la migration, la conquête de Rome, a une portée symbolique majeure. Il s’agit d’une prophétie de Mahomet annonçant qu’elle suivrait celle de Constantinople (réalisée dans un bain de sang en 1453). Elle est mentionnée dans trois hadiths: ceux de Musnad Ahmad (2/176) n° 6645, Mustadrak al-Haakim (4/598) n° 8662, Sunan Darimi (1/430) n° 503. Cette étape essentielle à la conquête du monde est évoquée dans de nombreux sites musulmans, où des autorités religieuses musulmanes s’y réfèrent. Ainsi, le 25/05/2012, le Dr Subhi Al-Yaziji, doyen des Études Coraniques à l’Université islamique de Gaza rappelle le devoir de conquérir le Vatican et l’Andalousie [VOIR]. Dans son article (25/01/2008) “L’avenir est pour l’Islam” le Cheikh, Muhammad Nasirud Din Al Albani va dans le même sens [LIRE].
Pour la France, le sentiment d’une prochaine majorité musulmane s’exprime parfois publiquement chez des personnalités de l’islam français (MARWAN) qui oublient la règle de la taqqya (LIRE), la dissimulation légale (ruse de guerre en dar al harb, la terre de la guerre, celle des infidèles).
La conquête de Rome a été aussi évoquée lors de la 26ème Rencontre des musulmans de France (10-13 avril 2009), organisées par l’Union des Organisations Islamiques de France (UOIF). Ces rencontres se particularisent par une “première”: la participation de deux représentants de l’Église de France, Mgr Michel Dubost, évêque d’Evry-Corbeil-Essonnes, président du Conseil pour les Relations Interreligieuses (CRI), et le père Christophe Roucou, responsable du Service des Relations avec l’Islam (SRI). Plus précisément, à la tribune aux côtés de l’imam de Bordeaux Tareq Oubrou, le docteur Tareq Suwaidan a rappelé la prophétie de Mahomet dans son exposé “Le Prophète Mohamed : un modèle pour l’humanité“. Cette perspective a été très appréciée par l’assistance. L’imam de Bordeaux a ensuite tenté de rassurer en parlant d’un épisode qui pourrait prendre la forme d’une “simple présence pacifique” (cf. page 138 de “Profession imâm, entretiens avec Michael Privot et Cédric Baylocq“, Albin Michel, 2009).
Parallèlement, la montée en puissance de l’islam est accompagnée par une frilosité étonnante de la plupart des intellectuels, celle de la majorité des responsables politiques, ou religieux, et celle des médias dominants. On assiste ainsi au combat d’élites en faveur d’une ouverture totale des frontières devant la déferlante migratoire (essentiellement musulmane). Le simple fait de se poser des questions de bon sens sur cette situation suscite immédiatement des accusations de totale insensibilité à la détresse humaine, d’absence de compassion devant la misère, d’absence de toute trace d’humanité, de xénophobie, et pour les catholiques d’agir contre la vertu théologale Charité.
Dans un article de L’Homme Nouveau, Marcel Clément soulignait que l’immigration voit deux droits fondamentaux entrer en collision. L’un est le droit à l’émigration, que l’Église a toujours défendu. L’autre est le devoir d’un pays de sauvegarder son identité. Quand ces deux droits s’entrechoquent, seule la primauté du bien commun donne le critère d’une véritable action politique [cité dans (H.N.)]. Dans l’éditorial de ce bimensuel catholique, daté du 25/09/2015, Philippe Maxence note que Gilbert Keith Chesterton, l’un des plus importants écrivains anglais du début du XXe siècle a bien décrit, en 1908, la situation intellectuelle dans laquelle se trouve l’Europe aujourd’hui :
- “Le monde moderne est envahi des vieilles vertus chrétiennes devenues folles. Les vertus sont devenues folles pour avoir été isolées les unes des autres, contraintes à errer chacune en sa solitude. Nous voyons des savants épris de vérité, mais leur vérité est impitoyable ; des humanitaires uniquement soucieux de pitié, mais leur pitié – je regrette de le dire – est souvent mensongère.” (Orthodoxie, trad. par Anne Joba, Gallimard, coll. « Idées »).
Or de nos jours, la vertu théologale charité est totalement isolée de la vertu cardinale de prudence, sagesse qui dispose la raison pratique à discerner en toutes circonstances le véritable bien et à choisir les justes moyens de l’accomplir. On est en présence d’un cas de “vieilles vertus chrétiennes devenues folles“.
Un article de François Martin (LIRE) aborde l’engagement récent des “élites” pour une ouverture totale des frontières, sur la base de deux conférences: celle du père Henri Boulad, jésuite égyptien, ancien professeur de théologie au Caire, et ancien provincial des Jésuites du Proche Orient (VOIR), et celle d’Alain Chouet, ancien Directeur du Renseignement et de la Sécurité de la DGSE (VIDEO). A propos du plan islamique de conquête idéologique, et géopolitique, évoqué dans chacune des deux conférences, François Martin note que les deux conférenciers apparaissent “extrêmement étonnés (tout comme les islamistes eux-mêmes, sans doute) de la naïveté et de la cécité des intellectuels, leaders d’opinion et populations occidentales“, en d’autres termes l’étonnement devant l’engourdissement des nations immergées dans “l’aveuglement des esprits” dont parle Pie X, aveuglement formulé dans la malédiction du verset 28 du chapitre XXVIII du Deutéronome, il y a trois mille ans.
Une question vient alors à l’esprit: faut-il voir dans cette situation l’une des composantes du Mystère d’Iniquité (2 thess. 2,5-12)? Aux peuples qui s’éloignent de Lui, Dieu envoie-t-Il ainsi “une force d’égarement qui fait croire aux mensonges, afin que soient jugés tous ceux qui n’ont pas cru à la vérité, mais auront pris parti pour l’injustice“, en particulier mensonges des mass-médias et de certains responsables politiques, ou religieux?
3.2.2. Mise en garde d’ecclésiastiques devant l’amplification de l’immigration musulmane
Une question de simple bon sens se pose: comment faire cohabiter harmonieusement, sur un même espace géographique, deux cultures antagonistes, dont l’une est conquérante, source d’affrontements futurs? Le cardinal américain Burke répond à cette question, à propos de l’islam, à la fois gouvernement et religion qui “dans sa dimension politique a l’ambition de gouverner le monde“, en disant (BURKE) :
- “quand une population devient de plus en plus musulmane, il faut affronter la possibilité de vivre un jour sous un gouvernement islamique, avec toutes les conséquences que cela implique.“
Une idée des conséquences est donnée dans cette VIDEO. De son côté le cardinal Sarah (originaire de la Guinée, où l’islam est pratiqué par 84% de la population) préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, exprime son angoisse devant le futur de l’Europe (07/11/2016):
- ” L’Europe a perdu ses racines. J’ai peur que l’Occident meure. Il y a beaucoup de signes. Plus de natalité. Et vous êtes envahis, quand même, par d’autres cultures, d’autres peuples, qui vont progressivement vous dominer en nombre et changer totalement votre culture, vos convictions, vos valeurs.” (LIRE)
Ce sentiment est d’ailleurs partagé par le père Georges Haddad curé de Yabroud, ville du diocèse de Homs, en Syrie. En réponse à la question “Quelle est votre espérance aujourd’hui ?”, il nous met en garde contre un péril imminent::
- “… C’est pour l’Europe que je suis vraiment pessimiste : l’afflux massif de musulmans accueillis sans distinction aura pour conséquence l’islamisation rapide de vos pays. Sans réaction, la conséquence est inéluctable. L’Europe deviendra musulmane dans très peu de temps.” (VOIR)
La réalité de ce péril est aussi le sujet d’une interview du cardinal Bechara Boutros Rahi, patriarche maronite d’Antioche en Turquie, qui témoigne:
- “J’ai souvent entendu des musulmans dire que leur objectif est de conquérir l’Europe avec deux armes : leur foi et leur taux de natalité” (RAHI).
Une foi qui se débilite en Europe, associée à une démographie qui s’effondre.
Cette mise en garde est aussi l’objet d’écrits d’auteurs laïques, dont le dernier livre d’Alexandre Del Valle, “La Stratégie de l’intimidation. Du terrorisme jihadiste à l’islamiquement correct” (éditions du Toucan, 2018). Son ouvrage montre que le jihadisme et l’islamiquement correct fonctionnent main dans la main, selon un déroulement ainsi décrit: “plus on tue au nom d’Allah, plus l’Occident combat l’islamophobie et plus on parle en bien de l’islam pour ne pas faire d’amalgame.”
Parallèlement, au sujet de l’accueil des migrants, l’aveuglement de prêtres et évêques [LA CROIX], s’opposant à la préférence chrétienne (préférence justifiée car les chrétiens sont persécutés donc vrais réfugiés) [CF.1], ceci joint à leur refus d’accueillir des postulants au baptême issus de l’islam (situation qui a conduit à la création du site Notre-Dame de Kabylie [CF.2] par Mohammed-Christophe Bilek) ont probablement contribué à l’angoisse du cardinal Sarah, et du père Georges Haddad, devant l’avenir de l’Europe.
D’un autre côté, les convertis issus de l’islam sont désorientés par certaines déclarations du Saint Père, et par les paragraphes 252 et 253 de Evangelii gaudium (première lettre d’exhortation apostolique émise par le pape François). Le paragraphe 252 confirme la substance de Lumen gentium, et Nostra Aetate (chrétiens et musulmans partagent la foi abrahamique [2] adorent le Dieu unique, miséricordieux [3] vénèrent Jésus, et honorent Marie [4], ce qui est faux [4′]. Il ajoute un sentiment d’admiration pour la pratique de la prière qui impose, cinq fois par jour, la récitation de la première sourate du Coran Al Fatiha [5]. Organisé en deux parties, le socle du paragraphe 253 est implicitement le dialogue islamo-chrétien et ce qu’il implique. La première partie est un appel à un accueil affectueux et respectueux des migrants musulmans, où le Saint Père “prie et implore humblement” les pays islamiques de respecter la liberté religieuse, comme elle l’est dans les pays chrétiens. La seconde partie introduit un élément nouveau dans le discours de l’Église, en proclamant: “le véritable Islam et une adéquate interprétation du Coran s’opposent à toute violence“. Ces déclarations, et d’autres qui ont suivi, ont provoqué inquiétude, et désarroi chez les néo-catholiques issus de l’islam, et chez les chrétiens d’Orient. Pour les chrétiens ex-musulmans, implicitement ces déclarations remettent en cause un choix spirituel basé initialement sur le rejet de la violence des livres canoniques de l’islam (Coran, recueils de hadiths, et la Sirah biographie de Mahomet, le Beau Modèle que tout musulman doit s’efforcer à imiter). Dans cette vidéo, et cette autre (toutes deux en arabe, avec sous-titres français), Rachid, marocain fils d’imam, converti au christianisme, pasteur de l’Église évangélique, démontre très clairement l’erreur d‘assertion telle que “le véritable Islam et une adéquate interprétation du Coran s’opposent à toute violence” (§ 253 de Evangelii gaudium). Ce témoignage (avec bien d’autres), au risque de la vie du témoin, donne une mesure du niveau, d’inquiétude, et de désarroi, ressenti par les néo-chrétiens ex-musulmans, qui ont une connaissance raisonnée, et “expérimentale”, de l’islam.
Pour évaluer le courage de ces néo-chrétiens, équivalent à celui des premiers chrétiens, il faut noter que pour l’islam l’apostasie est le sommet des crimes, une véritable trahison pour l’oumma (la communauté des croyants, au sens de véritable nation). Elle est condamnée par deux hadiths (paroles du Prophète dont les recueils font partie des livres canoniques de l’islam). Le premier énonce la sanction : “Celui qui abandonne sa religion islamique, tuez-le.” (Sahih al-Bukhari Volume 4, Livre 52, Numéro 260). Le second prophétise une époque d’amplification de l’apostasie, et précise que tout “fidèle”, se faisant juge et bourreau, aura une récompense dans l’au-delà : “J’ai entendu le prophète dire, “à la fin des temps, apparaîtront de jeunes gens aux idées folles. Ils parleront bien, mais ils sortiront de l’islam comme une flèche sort de son jeu, leur foi ne dépassera pas leur gorge. Ainsi, partout où vous les trouvez, tuez les, au jour de la résurrection, il y aura une récompense pour ceux qui les tueront .” (Sahih al-Bukhari Volume 6, livre 61, Numéro 577). Le recueil des hadiths Sahih al-Bukhari est l’un des cinq recueils jugés “authentiques” (sahih, la chaine des “transmetteurs” étant fiable). Deux recueils, Muslim, et Sahih al-Bukhari sont de plus considérés “excellents“, i.e. ayant une plus grande autorité que les autres.
3.2.3. Avertissements d’ex-musulmans devant l’amplification de l’immigration musulmane
L’aveuglement, qui frappe actuellement l’Occident, est d’autant plus surprenant que de nombreux ex-musulmans nous alertent sur les conséquences d’une majorité musulmane. Parmi eux, on peut noter Ali Sina, qui publie une “Lettre à l’humanité” (en français et en anglais), signée par un “mouvement d’ex-musulmans“, demandant aux musulmans de quitter l’islam, et “aux non musulmans d’arrêter le politiquement correct de peur de heurter la sensibilité des musulmans” (LIRE). Au sujet de cet étrange déni de la réalité du péril menaçant l’Europe, on peut citer: Magdi Cristiano Allam (VOIR), Joseph Fadelle l’auteur du “Le prix à payer” (FADELLE), le tunisien Salem Ben Ammar (LIRE). De son côté, Boualem Sansal, auteur de “Gouverner au nom d’Allah. Islamisation et soif du pouvoir“, met directement en garde les français dans “Lettre à un Français sur le monde qui vient” (Figaro, culture, 16/09/2015). Cet écrivain algérien est très clair sur l’avenir: “Je vous le dis franchement, je crains pour vous, vous me semblez si peu préparés, pour ne pas dire indolents. Je ne sais trop non plus si vous vous rendez compte que vos gouvernants qui sont d’une pusillanimité indescriptible vous poussent carrément dans le cauchemar“.
En ce qui concerne la violence et la haine contre les infidèles, le témoignage courageux de Rachid, marocain fils d’imam, converti au christianisme, pasteur de l’Église évangélique, est intéressant. Dans une vidéo (en arabe, sous-titres français) devant des dignitaires musulmans, il parle de sa formation religieuse d’enfant et d’adolescent, de la prière Al-Fatiha (cf. Evangelii gaudium § 252), des prêches du vendredi, qu’il présente comme source de haine envers les juifs et les chrétiens [5].
– 4. Conclusion
Comme dit au début de cette étude, à vue humaine, les lois de la démographie et une immigration explosive, condamnent l’Europe à être musulmane à moyen terme. Cependant, cette vision de l’avenir doit être corrigée par l’Espérance chrétienne. En effet, cette vertu théologale fait prendre en compte le mouvement contemporain de conversion de musulmans au christianisme, même s’il ne profite pas beaucoup au catholicisme. L’ampleur de ce mouvement dans certains pays musulmans inquiète d’ailleurs de hauts dignitaires religieux.
- Interviewé par Aljazeera Network en 2007, le Sheikh Ahmad Al Katani (en Lybie, president of The Companions Lighthouse for the Science of Islamic Law) dit à ce sujet: “En Afrique, chaque heure, 667 musulmans se convertissent au christianisme. Chaque jour 16.000 musulmans convertissent au christianisme. En une année, 6 millions de musulmans convertissent en christianisme.” [LIRE] et (VIDEO)
- Une étude de l’ONG internationale “Open Doors” (Portes Ouvertes) note qu’en Iran (classé au 5ème rang des 50 pays les plus persécuteurs du christianisme) le nombre de musulmans qui se convertissent au christianisme explose [LIRE].
- Le président de Portes Ouvertes, Carl Moeller, estime quant à lui que le phénomène ne se limite pas seulement à l’Iran : “dans tout le Moyen Orient, affirme-t-il, l’Église « invisible » grandit. Invisible parce que le passage de l’Islam au christianisme est dangereux, pour ne pas dire impossible dans cette région. Les hommes et femmes en raison de la situation spirituelle dans laquelle ils vivent, se tournent vers la foi en Jésus-Christ, un choix qui peut leur fait courir des risques mortels” [LIRE]
- Selon l’organisation musulmane “The Mercy” chaque année de nombreux indonésiens quitteraient l’islam pour devenir chrétien [VOIR]. Ce nombre élevé préoccupe cette organisation qui a décidé de lancer une campagne de communication, avec une chaine de télévision islamique gratuite à destination de la jeunesse.
- Nazir Ahmad Hanafi, un parlementaire afghan, demande que les musulmans qui se convertissent au christianisme soient exécutés, en vertu de la charia, le droit islamique. Il y voit la bonne manière de mettre un terme à la croissance rapide du christianisme parmi les citoyens afghans dans le pays et à l’étranger [LIRE].
- En 1980, les Adjars, habitants d’Adjarie, la république autonome de Géorgie, étaient musulmans. Il n’y avait qu’une seule église, à Batoumi. Aujourd’hui, 75% des 400 000 adjars sont devenus orthodoxes (ICI et INFO).
- Depuis 2005, Frère Rachid est l’animateur, le plus connu, d’une émission de télévision sur la chaîne Al Hayat TV comparant les deux religions et exposant les vertus du christianisme sur l’autre, comprenant 55 épisodes enregistrés de Bas les masques (Unveiling the Mask) et 300 épisodes en direct de Questions brûlantes (Daring Questions), qui permet à des personnes musulmanes se posant des questions sur le christianisme d’appeler en direct et qui montre aussi des témoignages de nouveaux convertis au christianisme venant d’un environnement musulman. Cette chaîne est controversée dans le monde musulman et interdite dans plusieurs pays arabes. Une prime est même offerte contre certaines personnalités qui s’y montrent et l’encadrement de la chaîne. Rachid ne veut pas révéler son nom de famille. Son émission aurait selon certains permis la conversion de plus de 150 000 anciens musulmans vers le christianisme évangélique.
Il faut noter que l’Espérance chrétienne est aussi liée à la promesse du Christ liée au Signe de Jonas (Matthieu, 16,4), suivi par: “Et moi, je te dis que tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre Elle” (Matthieu, 16,18). Dans son livre “Le Christ hébreu” (Ed. O.E.I.L., Paris, 1986), le philosophe exégète Claude Tresmontant, membre correspondant de l’Institut, démontre que l’explication du Signe de Jonas par trois jours dans le ventre d’une baleine est un ajout de l’évangéliste, écrit à un moment où la conversion des païens du bassin méditerranéen n’avait pas encore débuté. En effet, le véritable Signe de Jonas (non réalisé alors), donné par Jésus aux scribes et aux pharisiens, est “le grand fait massif, énorme, décisif, qui est l’entrée en masse des païens dans l’économie de la nouvelle Alliance” (pages 56-61) qui s’est produit à partir du 1er siècle. Ce fait est l’image de la conversion des ninivites après le prêche du prophète. Il est probable que notre époque est celle d’une seconde phase du Signe de Jonas, donné maintenant à nos sociétés occidentales déchristianisées, ceci à travers le mouvement contemporain des conversions de musulmans au christianisme, fait inimaginable il y a une cinquantaine d’années [6]. “Des hommes de Ninive [maintenant les convertis issus de l’islam] se lèveront au jugement avec cette génération et la condamneront” (Matthieu, 12, 40). Les nombreux témoignages de néo chrétiens convertis au risque de leur vie, leur courage, leur foi sont déjà implicitement une condamnation de notre génération apostate, qui veut être “comme Dieu” (Genèse 2 16,17; 3 1-7). La seconde phase du signe de Jonas ne peut que confirmer l’annonce de l’indestructibilité de l’Église: “les portes de l’enfer ne prévaudront point contre Elle” (Matthieu, 16,18).
Indirectement, dans son interview (à Valeurs Actuelles), Sonia Mabrouk, journaliste franco-tunisienne, met en relief la promesse du Christ (Matthieu, 16,18), et implicitement nous incite à ne pas faire partie des “tièdes” (Apocalypse 3,16) :
- ” La civilisation chrétienne est forte grâce à ses valeurs. Elle survivra si les valeurs chrétiennes sont défendues et portées haut et fort par les chrétiens en France et ailleurs dans le monde. […] Certains ont tendance à voir la civilisation chrétienne et ses principes comme une immense fragilité. Je crois qu’en face de l’islam politique et conquérant, cette apparente fragilité devient au contraire une force. […] Pendant trop longtemps, des émissions de télévision ont mis en avant les tenants de l’islam politique, des journaux de la presse écrite ont mis en exergue des gens au double discours, beaucoup de lumière a été mise sur ceux qui portent leur religion en étendard. En revanche, dès qu’il s’agit des catholiques, on fait comme s’ils n’existaient pas, comme s’ils étaient une minorité silencieuse… et, pis, on les rabaisse ! C’est une erreur condamnable, car ces valeurs chrétiennes peuvent constituer un projet contre l’islamisme. […] Et nous, dans les médias, nous n’en parlons pas parce que nous avons peur de mettre en avant une religion, parce que les mots de “civilisation chrétienne” sont devenus des gros mots… C’est ridicule ! […] Il est urgent de sortir définitivement du déni et donc du relativisme. Tout ne se vaut pas. Ce jour-là, le projet d’Arnaud Beltrame n’avait pas d’équivalent. Il a tout transcendé et réveillé en nous une part de résistance, que nous exprimons chacun à notre manière. Beaucoup de Français le ressentent dans leur quotidien et au plus profond d’eux. C’est pour cela que je dis que le déclin de la civilisation chrétienne n’est pas pour demain, contrairement à tous ceux qui affirment que tout est fichu et qu’une mort lente attend les valeurs judéo-chrétiennes… Je crois à l’inverse au sursaut, à la renaissance, à la continuité millénaire.”
Même dans le cas d’une “mort apparente” de l’Église (Corps du Christ), annoncée dans le cadre eschatologique de la fin des temps, l’Espérance chrétienne nous fait savoir qu’elle sera suivie de sa résurrection avec le retour du Christ. Cette fin des temps nul ne peut en prévoir la date: “Seul le Père la connaît“. Le théologien berbère Saint Augustin le rappelle dans sa Lettre (§4) à Hésichius (et LETTRE 3), où il s’attache à prouver qu’on ne peut rien savoir sur cette date (Saint Augustin a mentionné cette lettre dans le XXe livre, chap. V, de la Cité de Dieu). L’évêque d’Hippone donne cependant un indice:
- “Pour ce qui est du temps marqué, il n’arrivera pas avant que l’Évangile soit prêché au monde entier pour servir de témoignage à toutes les nations. Rien de plus clair que cette parole du Sauveur: «Cet Évangile sera prêché à toute la terre pour servir de témoignage à toutes les nations, et alors la fin viendra (Matth. XXIV, 14). » Alors la fin viendra; n’est-ce pas dire qu’elle ne viendra pas avant? Combien de temps viendra-t-elle après? C’est là une chose incertaine. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’elle n’arrivera pas auparavant. Si des serviteurs de Dieu entreprenaient de parcourir l’univers pour se rendre compte de ce qui reste de nations auxquelles l’Évangile n’a pas été annoncé, nous pourrions nous faire quelque idée des temps qui s’écouleront d’ici à la fin“.
Or, actuellement, les moyens modernes de communication (via Internet, et la télévision par satellites) ont permis l’annonce de l’Évangile à toutes les nations, même musulmanes, ce qui était impensable avant. Maintenant des hommes et femmes musulmans peuvent avoir un contact direct avec le christianisme, religion imprégnée d’une liberté inexistante dans leur culture d’origine, ceci joint au libre accès à un vaste éventail d’informations, accès jadis inconcevable. Les musulmans ont ainsi la possibilité d’exercer leur libre arbitre en matière religieuse et philosophique, d’où le mouvement de conversion mentionné ci-dessus. Bien que la condition d’annonce universelle de l’Évangile pour le retour du Christ (Matth. XXIV, 14) soit maintenant réalisée, comme le dit Saint Augustin [7], il reste que nul ne peut en prévoir la date: “Combien de temps viendra-t-elle après? C’est là une chose incertaine .”
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[1] Certaines traductions de la Bible écrivent “comme des dieux“. Cependant, le terme hébreu est “Elohim“, d’ordinaire est traduit par Dieu, et non “elim” qui marquerait la pluralité. Le texte choisi ici est la traduction française sous la direction du Grand-Rabbin Zadoc Kahn, dite “Bible du Rabbinat” (1899), texte hébreu selon la version massorétique.
[2] Evangelii gaudium § 252. Le thème d’Abraham, figure fédératrice des trois religions, est théologiquement injustifiable: on ne peut confondre l’Abraham de l’Alliance et de la promesse de l’Ancien Testament et l’Abraham modèle moral et spirituel du Nouveau Testament avec l’Ibrâhîm coranique, père généalogique et ethnique des arabes islamiques, fondateur, avec son fils Ismaël, de la Kaaba à la Mecque. Pour les musulmans, il est la caution historique et génétique du prophète arabe qui élève ainsi sa prédication au rang des deux prédécesseurs, Moïse et Jésus. (Marie-Thérèse Urvoy, Catholica, n° 106, janvier 2010).
[3] Evangelii gaudium § 252. Plusieurs ouvrages démontrent l’inexactitude de l’assertion de l’adoration commune du Dieu unique. En particulier, il s’agit de: “La Mésentente. Dictionnaire des difficultés doctrinales du dialogue islamo-chrétien” (Les éditions du Cerf, Paris, 2014) de Dominique Urvoy et Marie-Thérèse Urvoy, “Islamologie et monde islamique” (Les éditions du Cerf, Paris, 2016) de Marie-Thérèse Urvoy (chapitres 22-30), et les livres “Dieu des chrétiens, Dieu des musulmans” (Ed. L’œuvre, 2008), “Islam et christianisme, comprendre les différences de fond” (Ed. L’Artilleur, 2018) de François Jourdan, prêtre eudiste.
[4] Evangelii gaudium § 252. Jésus est la traduction d’Issa, fils de Maryam (traduit par Marie) sœur d’Aaron (verset 29 de la sourate 19). Plus précisément Issa, dont le Coran fait l’éloge, est le pénultième prophète de la lignée prophétique, destiné à mettre en valeur Mahomet le dernier, en haussant son rôle au rang de Sceau des prophètes. Pour l’islam Issa est aussi celui qui a annoncé le Prophète de l’islam sous le nom de Paraclet, ce que les évangiles (les musulmans les disent falsifiés par les chrétiens) auraient caché. Les points les plus importants sont la négation: de la divinité d’Issa (Jésus dans les deux textes du Concile), de sa crucifixion, de la Sainte Trinité. Pour Lumen gentium et Nostra Ætate, ceci pose le problème de l’association d’Issa avec le contenu de la lettre de saint Jean: “Celui-là est l’antichrist qui nie le Père et le Fils” (Lettre 2 Jean, 18-23). Le magnifique et courageux témoignage de Jamel Attar professeur de Lettres Classiques, marocain converti, son livre “Je croyais en Issa, j’ai rencontré Jésus“, démontrent l’inanité des assertions qui confondent Issa et Jésus.
[4′] Une exhortation apostolique n’a pas la valeur juridique d’une encyclique, car non liée à l’infaillibilité papale (qui concerne essentiellement les questions de foi, ou de mœurs). En effet, il est très probable que les assertions du paragraphe 253 aient été dictées par des considérations politiques, liées à une reprise du dialogue islamo-chrétien. Ainsi, début juin 2013, Mahmoud Abdel Gawad, conseiller pour les affaires interreligieuses de l’imam Ahmed al-Tayyeb d’Al-Azhar, la plus haute autorité religieuse du sunnisme, évoquait la possibilité de reprise d’un dialogue, qui aurait été compromis par Benoît XVI, dans ces termes (Oumma.Com) :
- “Les problèmes que nous avons eus n’étaient pas avec le Vatican, mais avec l’ancien pape. Maintenant, les portes d’Al-Azhar sont ouvertes, le Pape François est un nouveau pape. Nous attendons qu’il fasse un pas vers nous, en déclarant que l’islam est une religion pacifique, que les musulmans ne cherchent pas la guerre ou la violence, ce serait un réel progrès en soi“.
En tant que première réponse, le 17/09/13, le Nonce apostolique en Égypte avait remis un message personnel du Pape à Ahmed al-Tayyeb, où le Souverain Pontife exprimait “estime et respect pour l’islam et les musulmans“, ainsi que le souhait d’un engagement en faveur de la “compréhension entre chrétiens et musulmans dans le monde afin de construire la paix et la justice” [LIRE]. L’étape suivante a été l’acceptation de la condition pour une reprise du dialogue (formulée par Mahmoud Abdel Gawad) via la dernière phrase du point 253 de Evangelii Gaudium (24/12/2013)
- “Face aux épisodes de fondamentalisme violent qui nous inquiètent, l’affection envers les vrais croyants de l’Islam doit nous porter à éviter d’odieuses généralisations, parce que le véritable Islam et une adéquate interprétation du Coran s’oppose à toute violence“.
Affirmation contestée (au risque de leur vie) par les ex-musulmans dont : Rachid, marocain fils d’imam, pasteur de l’Église évangélique (vidéo, en arabe, avec sous-titres français), Ali Sina, qui publie une “Lettre à l’humanité” (en français et en anglais) (LIRE) , et autres (cf. plus haut). La page du 05/12/2013 du site catholique Zenit.org pouvait annoncer : “Une page d’incompréhensions semble tournée“. “Page tournée” qui a provoqué inquiétude, et désarroi chez les néo-catholiques issus de l’islam, et chez les chrétiens d’Orient.
[5] Evangelii gaudium § 252: “… il est admirable de voir que des jeunes et des anciens, des hommes et des femmes de l’Islam sont capables de consacrer du temps chaque jour à la prière“. La prière “Al Fatiha” (courte sourate du Coran), selon le droit musulman, doit être récitée lors des cinq prières quotidiennes pour qu’elles soient valides. Elle comporte 7 versets: 1 “Au nom d’Allah, le Bienfaiteur miséricordieux“; 2 “Louange à Allah, Seigneur des Mondes”; 3 “Bienfaiteur miséricordieux“; 4 “Souverain du Jour du Jugement”; 5 “[C’est] Toi [que] nous adorons, Toi dont nous demandons l’aide!”; 6 “Conduis nous [dans] la Voie Droite”; 7 “la Voie de ceux à qui Tu as donné Tes bienfaits, qui ne sont ni l’objet de [Ton] courroux ni les égarés“. Il s’agit ici de la Traduction du Coran (Ed. Maisonneuve & Larose, 2005, page 29) par Régis Blachère.
En note de bas de page, Blachère précise que les “égarés” désigne les chrétiens, et que “ceux qui sont l’objet du courroux d’Allah” sont les juifs, selon “Une Tradition qu’on fait remonter jusqu’au Prophète“. En islamologie “Tradition” (avec T majuscule) désigne les hadiths, paroles de Mahomet transmises via une chaîne de témoins fiables, et dont les recueils font partie des livres canoniques de l’islam.
Le sujet de la prière est plus amplement repris par l’islamologue Sami Aldeeb qui démontre rigoureusement (LIVRE) pourquoi et comment le verset 7 de la prière Al Fatiha (cf. Evangelii gaudium § 252) est source de haine envers les chrétiens et les juifs. Cette démonstration se déploie sur trois paragraphes de la première partie de son livre “La Fatiha et la culture de la haine. Interprétation du 7e verset à travers les siècles“. Il s’agit du § 2 “Sens donné par les exégètes et leurs justifications”, du § 3 “Les versets du Coran en rapport avec le verset 7”, du § 4 “Les récits de Mahomet en rapport avec le verset 7”.
En ce qui concerne la violence et la haine envers les juifs et les chrétiens, le témoignage courageux de Frère Rachid, marocain fils d’imam, converti au christianisme, pasteur de l’Église évangélique, est intéressant. Dans une vidéo (en arabe, avec sous-titres en français) devant des dignitaires musulmans, il parle de sa formation religieuse d’enfant et d’adolescent, de la prière du musulman Fatiha, et des prêches du vendredi, qu’il présente comme source première de la haine envers les juifs et les chrétiens. En effet pour l’islam, le prochain est strictement celui qui appartient à la communauté des fidèles (l’Oumma). Plus particulièrement, c’est le cas quand le Coran demande (cf. Dominique et Marie-Thérèse Urvoy) aux croyants “l’affection à l’égard des proches” (Sourate 42 “La consultation”, verset 23), mais “l’inimitié et la haine” envers les incroyants (Sourate 60 “L’éprouvée”, verset 4). Ce qu’il résume en disant que “ceux qui sont avec lui [le Prophète] sont durs (le Coran traduit par Blachère dit même “violents“) à l’égard des infidèles, miséricordieux entre eux” (Sourate 48 “La conquête”, verset 29). L’adjectif “miséricordieux“, associé à Allah au début des sourates, et dans de nombreux textes musulmans, apparait ainsi sans lien avec celui de Dieu dans le christianisme car, pour l’islam, les infidèles sont exclus de la miséricorde divine.
Malgré ces avertissements, certains clercs ont introduit la récitation de Al-Fatiha lors de célébrations (Deutéronome XXVIII, 28). C’est le cas d’une célébration à Notre-Dame de Paris, où Mohammed Moussaoui, président du CFCM, “a chanté la première sourate du Coran, qui en sept versets condense l’essentiel de la foi musulmane” (cf. La Croix). Le 3 avril 2016, dimanche de la Miséricorde, en la cathédrale St-Jean de Lyon a eu lieu une messe présidée par le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon et Primat des Gaules. Différentes communautés de réfugiés, notamment syriennes, ou irakiennes chrétiennes, et musulmanes de Lyon, étaient présentes. Elles étaient conviées en tant que « migrants » afin de « partager un temps de prière commune ». Après une homélie du Cardinal faisant l’éloge de la miséricorde bien présente dans l’islam, et des témoignages de réfugiés, la récitation de la Fatiha par une jeune musulmane voilée a provoqué consternation, et colère chez les chrétiens d’Orient présents (LIRE).
Cette récitation de la Fatiha s’est renouvelée le lendemain lors de la célébration de la fête de l’Annonciation, le 4 avril, dans le sanctuaire lyonnais Notre-Dame-du-Liban, juste après le Notre Père. Il s’agissait d’une rencontre de « prière commune dédiée à la Vierge Marie » en la présence du cardinal Barbarin, de Mgr Michel Dubost président du Conseil pour le Dialogue Interreligieux au sein de la Conférence des évêques de France (CEF), de responsables du dialogue islamo-chrétien, d’Anouar Kbibech, président du Conseil Français du Culte Musulman, et de Kamel Kebtane, recteur de la Grande mosquée de Lyon. La réaction des chrétiens d’Orient, qui est aussi celle de néo chrétiens, bon connaisseurs des enseignements de l’islam, est bien naturelle. D’autant plus qu’en ouverture de ce “rendez-vous interreligieux à la fois spirituel et festif“, le muezzin a appelé à la prière (le Adhan) (LIRE) : “Allah est le plus grand. J’atteste qu’il n’y a de dieu qu’Allah. J’atteste que Muhammad est le messager d’Allah. Venez à la prière, venez à la félicité. La prière est meilleure que le sommeil. Allah est le plus grand. Il n’y a de vraie divinité hormis Allah.”
[6] “Saint Augustin, fin des temps, signe de Jonas, conversion des musulmans“, Notre-Dame de Kabylie, 12/09/2013. https://www.nd2kabylie.org/expression-awal/saint-augustin-fin-des-temps-signe-de-jonas-conversion-des-musulmans/
[7] Pour la 1ère lettre cf. http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/augustin/lettres/s003/l197.htm
Pour la 2ème lettre cf. http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/augustin/lettres/s003/l198.htm