Notre-Dame de Kabylie reproduit ici le témoignage émouvant d’un converti issu de l’islam, objet d’un article du site “Nouvelles chrétiennes” (RU 19/2013) (LIRE). Ce témoignage a été donné le samedi 4 mai, lors d’un déjeuner à Paris avec une vingtaine de convertis au catholicisme, issus de l’Islam.

“Je m’appelle Augustin, tunisien, 60 ans, converti au catholicisme. Heureusement j’ai les moyens pour acheter un billet d’avion toutes les semaines! Car tous les samedis je vole à Paris pour assister à la messe de dimanche. Deux heures d’avion tous les samedis, et deux heures tous les dimanches pour le retour ! 

Dans mon pays je ne peux aller à la messe, car je suis surveillé et menacé par la police, ma famille, mes collègues. J’ai étudié la Bible et le Coran. J’essaye d’annoncer l’Évangile dans mon pays et de démontrer à mes amis musulmans le mensonge et l’abomination du Coran. Je risque ma vie tous les jours. Je me trouve rejeté par mon épouse, mes enfants, mes petits enfants et toute la société; mais j’accepte de donner ma vie pour le Christ. Il a dit qu’il faut vendre tout pour acheter la pierre précieuse trouvée. J’ai tout abandonné pour rejoindre le Christ.

Vous, ici en France, vous avez la chance de pouvoir vivre votre foi sans être inquiétés, et d’avoir tant d’églises autour de vous. Ce qui m’étonne à Paris, c’est que des personnes habitent en face d’une l’église, et ne vont pas à la messe ! Ils se disent pourtant catholiques ?

Il y a une chose dont je me plains, c’est le mauvais accueil que j’ai eu de la part du prêtre dans mon pays qui m’a même refusé le baptême. J’étais obligé de venir à Paris pour pouvoir recevoir le baptême. En France aussi, c’était compliqué pour moi, car on m’a dit qu’il fallait passer par le catéchuménat. Mais enfin, grâce à Dieu, j’ai trouvé un saint abbé qui m’a baptisé sans trop de détours.

Beaucoup de Musulmans de mon pays souhaitent recevoir le saint baptême, mais ils ne le peuvent à cause des obstacles. D’abord, le prêtre catholique ne leur ouvre pas la porte, de peur d’être tué ou renvoyé dans son pays ; ensuite parce qu’ils risquent de perdre leur famille, leur travail, leur logement et même d’être emprisonnés. A Paris je logeais chez ma tante lors de mes déplacements, mais depuis qu’elle a compris que je venais pour aller à la messe, elle m’a mis à la porte ! Mais Dieu est bon et avec la charité chrétienne plusieurs familles proposent de m’accueillir.

Priez pour moi afin que notre Seigneur me protège de mes ennemis et me donne la force d’annoncer l’Évangile dans mon pays. Priez aussi pour la conversion de mon épouse et de mes enfants. Merci à vous !

Le témoignage d’Augustin est suivi de ce commentaire : “Un évêque assistait à ce déjeuner. Espérons qu’il communiquera aux autres évêques et à notre Saint Père qu’au lieu de pratiquer le dialogue avec l’Islam, il faut plutôt courageusement annoncer l’Évangile aux Musulmans, comme Monsieur Augustin”.

Il est intéressant de noter que ce témoignage rejoint de nombreux autres donnés dans le livre de Moh-Christophe Bilek (fondateur de Notre-Dame de Kabylie), intitulé”Des musulmans qui deviennent chrétiens” (éditions Qabel, 2013) (VOIR). Au sujet de sa conversion, celui-ci s’exprime ainsi (TEXTE):

” ….. Oui, ai-je vite compris, à la fin des années 60, Dieu veut établir une relation personnelle avec moi. Ayant conscience de ma faiblesse, venant de ces pauvres montagnes kabyles, comment ne pas être bouleversé par une si formidable attention du Maître de l’univers ? C’est de cela qu’il s’agit, et c’est cette révélation qui m’a interpellée ! À tel point, précisément, que je reprends à mon compte, à travers Pierre le questionnement de Jésus : « Mohammed, m’aimes-tu ? ». Autrement dit, « crois-tu en moi, après tout ce que tu as entendu et lu dans les Evangiles ? ». Et, enfin, comme ultime demande, celle-ci : « es-tu prêt à me suivre, à tout quitter pour moi ? »

Quand on a bien compris ce que Jésus requiert, par amour, on mesure toute la difficulté à lui répondre affirmativement. Et, là encore, une chose est de lui dire « oui », du bout des lèvres, autre chose est de tout quitter pour « Lui ». À nous autres, qui venons de l’Islam, cela a pour conséquence, ipso facto, de rompre, avec son passé, sa famille et sa communauté, et ses certitudes morales ou spirituelles.

Il est bien plus simple de rester musulman, je l’affirme ! En ne se positionnant pas, -Bah ! Nous avons le même Dieu -, les excuses sont nombreuses et faciles, pour ne pas opérer cet arrachement, accepter cette transformation, mourir à soi, et suivre Jésus, c’est une conversion exigeante qui ne s’accomplit qu’avec son aide. C’est ce que le jeune homme riche de l’Évangile n’a pas pu, ou voulu faire. Car, au moins au départ, il faut son libre consentement : Jésus ne m’impose pas de « me soumettre », mais de l’aimer en toute liberté.

Voilà encore une différence de taille : est-ce que Dieu nous crée libres ou esclaves ? Selon notre réponse, Dieu n’est déjà plus le même: Dans un cas j’encoure le châtiment réservé aux apostats ou aux impies, dans l’autre je suis le fils prodigue attendu par son père qui convoquera tous ses serviteurs dés qu’il me verra à l’horizon. Quitter l’Islam est périlleux, il se fait au risque de sa vie. ….”.

Ces témoignages conduisent naturellement les “chrétiens de souche” à s’interroger sur le niveau de leur foi, et ainsi à se sentir plutôt dans la situation du “jeune homme riche de l’Évangile”. Dans le cadre de la conclusion d’un article de ce site (LIRE), l’un d’eux fait ce constat:

“Il est en effet clair que l’Esprit ne nous habite pas au même niveau que ces néo-chrétiens devenus eux, avec tous les persécutés chrétiens contemporains, “le sel de la terre”, i.e. les vrais disciples, selon ce que dit Jésus : “quiconque d’entre vous ne renonce pas à tout ce qu’il possède, ne peut être mon disciple” (Luc XIV-33). Or ces convertis renoncent à leur passé, à leur famille, à leur communauté, à la sécurité physique. C’est énorme. Ils rejoignent tous les chrétiens persécutés contemporains, refusant d’abandonner leur foi malgré les menaces, les exactions, les brimades, les humiliations, l’insécurité. Ensemble ils sont maintenant ce “sel de la terre” multiplement symbolique, i.e. le sel du baptême donné avec l’eau, représentation de la sagesse évangélique, le sel qui préserve de la corruption, le selfigure de la purification du sacrifice, ce sel dont parle magnifiquement Lanza del Vasto dans le chapitre XVI de son livre “Commentaires de l’Évangile” (Denoël, 1951). C’est pourquoi le témoignage offert par ces convertis devient identique à celui des premiers chrétiens. Pour utiliser la “langue de buis”, à la mode depuis une cinquantaine d’années dans l’Église de France, leur choix “devrait nous interroger”.

La progression de l’islam en Occident est source d’inquiétudes pour le futur de nos pays, et de conclusions pessimistes. Cependant cette attitude ne tient pas compte de la multiplication des conversions au christianisme, fait qui inquiète de nombreux religieux et politiques musulmans (voir le § II.3 du lien ci-dessus), dont celles inattendues et exceptionnellement nombreuses, dues à une expérience mystique pour lesquelles l’action de l’Esprit Saint est encore plus spectaculaire. La vertu théologale Espérance, et les promesses du Christ nous donnent l’assurance que les convertis issus de l’islam sauveront le christianisme dans cet Occident déchristianisé.

C’est toujours avec les moyens les plus faibles, insignifiants aux yeux du Monde (au sens johannique), que le Seigneur manifeste Sa Toute-puissance. Il y a deux mille ans les disciples de Jésus en ont été le premier exemple. Ils étaient le “sel de la terre”, ce petit peu, cette infime pincée, qui a donné ensuite du goût, de la saveur au tout, c’est-à-dire à toute l’humanité.