Aimer et respecter le Pape, cela passe par sa défense parfois (voir l’article publié le 27/07), mais également par l’obligation de lui dire ce que je pense puisqu’il est « le premier serviteur de tous ses frères ».

Or, selon moi, nous, les néo-chrétiens qui avons quitté l’islam, faisons partie de « ses » frères.

Bien mieux nous sommes membres du Corps du Christ autant que le Pape qui, quoi que successeur de st Pierre, n’est qu’un de ses membres et non la tête qui est le Christ.

Pour le reste, qui peut contester que nous aimons les musulmans plus que le Pape, nous qui vivons souvent au milieu d’eux, qui pouvons vraiment les appeler « frères », tandis qu’il n’en a aucun dans sa famille?

Deuxième question: s’il est AUSSI mon pape, n’ai-je pas le droit de lui dire de tenir compte de moi, Mohammed-Christophe, et de tous ceux qui ont mis leur vie en péril en quittant l’islam, quand il parle avec les responsables musulmans?

C’est pour cette raison que j’ai été à l’initiative d’une demande, adressée à son prédécesseur, afin qu’il nous reçoive en délégation, une délégation de convertis issus de l’islam il va sans dire.

Cette demande a été renouvelée au Pape François. J’ignore si elle lui ait parvenue, quoique je doute qu’il nous reçoive.

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Mais je reviens aux messages du Pape à l’occasion du début et de la fin du Ramadan.

J’ai quelque peu réagi après le premier message du 10/07/13, officialisé le 2/08.

Mais c’est dans son second message, du 11/08/13, après que l’Aïd fut passé, que j’ai été estomaqué par sa formule de « nos frères » :

“Je voudrais adresser un salut aux musulmans du monde entier, nos frères, qui ont il y a peu de temps fêté la conclusion du mois de Ramadan”

Si les musulmans sont « nos frères » il devrait donc, à juste titre, les exhorter à ne pas se gêner, s’ils le souhaitent, à quitter l’islam en devenant chrétiens.

Ou, si cette fraternité est basée sur tous les prophètes, depuis Adam, en passant par Moussa (Moïse) et Issa (Jésus), jusqu’à Muhammad, encourager les catholique à se faire musulmans.

Bref inviter les responsables musulmans, dont le roi d’Arabie, gardien des lieux saints de l’islam, à créer la dernière religion monothéiste, provisoirement intitulée « islamo-catholique » ?

On va penser que je suis dur, mais c’est que je parle, encore une fois, en tant que converti de l’islam, lequel par la charia nous refuse le droit de le quitter et de suivre le Christ.

Il ne s’agit pas de lui reprocher de souhaiter un « bon Aïd » aux musulmans. Sauf que ce n’est pas nouveau : les chrétiens d’Orient souhaitent à leurs voisins musulmans un « bon Aïd » depuis des lustres, partagent avec eux les friandises du repas copieux qui est servi à cette occasion.

Tout comme nous, bien qu’apostats de l’islam, le faisons à chaque fête de l’Aïd, puisqu’il y en a deux.

Tout comme le pape copte le fait au nom des chrétiens coptes d’Égypte, depuis des siècles.

Si le Pape François le fait dans cet esprit, il faudrait qu’il souhaitât une bonne fête aux Chinois pour leur nouvel an, aux Juifs pour Roch-Hachana, aux Indous, aux Bouddhistes, etc.

Pourquoi les seuls musulmans bénéficieraient-ils de sa sollicitude ?

S’il le fait, plus probablement, pour préserver et aider les « déjà-chrétiens » d’Orient, persécutés, assassinés, expulsés ou en fuite, dont le sort est dénoncé peu ou prou par beaucoup de monde, c’est également louable. Mais cela a déjà été essayé par ses prédécesseurs ; par nombre d’évêques et de prêtres sans que cela ne produise un quelconque résultat. Même que des musulmans sincères l’ont fait, bien que pas suffisamment, selon moi. L’exemple le plus célèbre étant celui de l’émir Abdelkader, qui a sauvé de nombreux chrétiens en Syrie

Toutefois, et c’est ce qui me fait réagir, c’est que le Saint-Père ne semble pas se préoccuper des musulmans qui veulent devenir chrétiens.

Qui en parle, qui ose aborder la question avec les « chers » responsables musulmans acceptant de dialoguer ?

Le cardinal Tauran ?

Le père Christophe Roucou ?

Qui en parle ouvertement, pour simplement dire que, dans l’Église, ils sont considérés comme des membres à part entière du Corps du Christ ?

La défection de Magdi-Cristiano Allam, apporte la preuve du contraire, agacé sans doute par ces discours convenus et mielleux qui ne règlent rien !

Je voudrais bien qu’on me cite tel prêtre ou tel évêque qui a eu l’audace de parler de nous.

Laissons de côté Sa-Sainteté, sur ce sujet, qui doit prendre des précautions.

Le seul qui l’a fait est le prêtre des Minguettes, Christian Delorme, et pour dire quoi ? Ceci dans le Monde du 4/06/2008 : “L’Algérie n’est pas antichrétienne, il est nécessaire d’entendre ce que nous disent les autorités algériennes et une partie de la population à propos de ces musulmans algériens devenus chrétiens ; ce qui fait fondamentalement l’unité de l’Algérie, c’est son islamité ; ces conversions nous rappellent les méthodes des coloniaux ; les chrétiens évangéliques agissent selon une stratégie américaine ; enfin, il semble dangereux d’évangéliser en terre d’Islam car un peuple risque d’être déchiré”.

Cinq ans après les Algériens de Kabylie viennent de faire la démonstration du contraire, à savoir que la liberté de conscience et de culte est à inventer en islam, en Algérie comme ailleurs dans le monde musulman.

Si les conversions au christianisme ne conviennent pas, au demeurant, peut-être que ce genre de “prêtres”, si précautionneux, accepteront ils de soutenir les athées et autres agnostiques dans leurs revendications ?

Du reste ces non-croyants sont tout aussi respectables que les croyants aux yeux de Dieu, non ? N’est-Il pas aussi leur Créateur pour ne pas dire leur Père ?

Pourquoi le Pape François n’aurait pas de considération à leur égard, tout autant que pour les musulmans de bonne volonté ?

En tout cas, moi, je les considère aussi comme des frères : je dialogue avec les croyants musulmans comme avec les non-croyants musulmans que je connais, en Algérie aussi bien qu’en France, et leur souhaite à tous le plus grand bien, à savoir de connaître Jésus Christ. Je prie même pour cela, Dieu m’en est témoin. 

Pour toutes ces raisons, je déclare, devant mon Seigneur et mon Dieu, que c’est la dernière fois que j’aborde publiquement cette affaire.

Car l’affaire de l’islam est une affaire qui nous dépasse tous.

Et je ne sache pas que quiconque ait reçu mission de l’Esprit Saint pour la traiter.

Mais peut-être que le Pape François sera guidé et inspiré, par l’Esprit justement, pour trouver un début de solution aux problèmes épineux que pose le fondamentalisme musulman.

Je lui souhaite de pouvoir peser sur les autorités pakistanaises, pour libérer au moins Assia Bibi.

De pouvoir faire respecter la liberté de culte chrétien en Arabie Saoudite pour les milliers de chrétiens qui y travaillent.

D’intervenir pour arrêter l’effusion de sang des chrétiens au Nigéria par la secte Boko Haram…

Cependant, selon moi, la religion musulmane ne sera réglée que par Dieu, à cause du sang innocent versé, étant donné son importance et sa gravité, étant donné qu’elle touche à Sa Majesté :

Celui qui croit au Fils de Dieu a le témoignage de Dieu en lui-même. Celui qui ne croit pas au Fils fait Dieu menteur, parce qu’il ne croit pas au témoignage que Dieu a rendu à l’égard de son Fils.(1Jn 5,10)

Ce n’est pas rien de faire de Dieu un menteur !