Nous avons retenu ce qui nous parait essentiel dans son évaluation de la situation actuelle. De sorte que nous avons surligné :

         en bleu cela concerne plutôt les Algériens catholiques ;
         en couleur marron plutôt celle des Algériens protestants ;
         en violet pour les deux sensibilités chrétiennes.
Nous sommes d’accord aussi, bien entendu, sur le reste de l’article.

Mais ce qui est pour le moins préoccupant, pour nous, quoique déjà au courant, c’est le « petit nombre » de catholiques autochtones ; ajouté à l’absence de relève au niveau des diacres et des prêtres, il ne faut pas être grand clerc, selon l’expression consacrée, pour tirer la sonnette d’alarme : l’Eglise catholique aura disparue du paysage algérien, d’ici 20 ans, tout au plus.

Le président de l’Eglise protestante d’Algérie, Mustapha Krim, nous partageait tout récemment son inquiétude à ce sujet. Loin de se réjouir, il déplorait cet état de fait : selon lui, avec l’Eglise catholique aux côtés des protestants, les choses se présenteraient beaucoup mieux pour répondre au défi de l’arrivée des néo-chrétiens autochtones, et au dialogue difficile avec les autorités du pays.
Mais à qui la faute ?
Sûrement pas au pouvoir algérien, musulman dans l’âme, et qui était dans son rôle de brider cette Eglise tellement visible jusque-là ! Sûrement pas au nouvel archevêque d’Alger, Mgr Bader, qui hérite d’une situation catastrophique, et dont il est conscient nous a-t-on dit ! Sûrement pas aux protestants, toutes obédiences confondues, qui ont fait le pari, dans les années qui ont suivies l’Indépendance, de compter sur les chrétiens Algériens autochtones pour prendre en mains leurs destinées.
C’est ce que n’a pas fait l’Eglise catholique, qui le paie aujourd’hui ; peut-être ne pouvait-elle pas faire autrement ? Il faudrait interroger les évêques, qui s’y sont succédés depuis 1962, et leurs presbyteriums.
S’ils ont tout fait pour rester au service du Seigneur Jésus, ils n’ont donc rien à se reprocher, c’est à cause de MEKTOUB et de sa compagne PAS DE CHANCE…
Dans le cas contraire ils peuvent être remerciés par les autorités pour avoir rempli leur mission et prendre une retraite bien méritée. Tant pis pour les successeurs orientaux qui n’auront pas la tâche facile !
Le comble de l’ironie est que, pour avoir soutenu la lutte pour la libération, dans sa composante cléricale surtout, l’Eglise catholique n’est pas payé de retour, puisqu’on l’accuse aujourd’hui d’être étrangère au peuple algérien par sa foi ! Alors qu’elle n’a fait que respecter la foi musulmane pendant ces 45 années d’indépendance du pays, au service duquel elle s’est mise sans broncher, derrière le cardinal Duval.
Justement n’est ce pas à ce niveau que ses responsables ont failli ?
Car au SERVICE de qui devaient-ils être ?
Nous avons peur que Jésus leur dise : « vous avez eu votre récompense en cherchant les honneurs des hommes. »
 
Nous nous arrêterons là car les articles sur le Web doivent être courts, sans quoi le lecteur risque de se fatiguer, ou de pleurer…
Et puis nous avons répondu à la question, déjà, sur ce site.

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 Chrétiens protestants en Algérie            
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Paru dans le journal La-Croix le 20.11.08> Extraits

[…] Le ministre précise que l’Église catholique et l’Église protestante sont admises sans problème. Pourtant ces Églises ont des liens évidents avec l’étranger, c’est particulièrement évident du côté catholique, les liens sont étroits avec le Vatican, et le nouvel évêque d’Alger, Mgr Ghaleb Moussa Abdallah Bader, n’est pas algérien. Si cela ne semble pas gêner le ministre, c’est précisément parce que les catholiques seraient peu nombreux (une majorité sont des expatriés) et pratiquement invisibles au sein de la société algérienne.

En revanche, la vitalité de l’Église protestante d’Algérie embarrasse le pouvoir, qui voudrait alors faire le tri entre les bons protestants (Église protestante) et les mauvais « évangélistes ». Cette distinction ne résiste pas à l’analyse. Les communautés qui naissent et se développent n’ont pas comme souci de se définir dans une lignée historique, et les chrétiennes et chrétiens algériens qui les composent entendent vivre leur foi en jouissant de leurs droits dans leur pays.
Paradoxalement, c’est donc l’Église protestante d’Algérie qui pose problème parce qu’elle entend s’exprimer et témoigner dans son pays. Ajoutons que la multiplication des conversions et la visibilité de ces paroisses ne permettent plus au pouvoir de traiter la question par le mépris. Le pouvoir algérien est dans une situation très difficile quand il s’agit d’appliquer les principes de liberté de culte aux Algériens eux-mêmes.
On comprend bien que le pouvoir préfère les chrétiens discrets, mais il ne peut éviter de prendre en compte une Église protestante qui est algérienne et, quoi qu’il en dise, autonome. C’est une excellente chose que, depuis 2005, le président de l’Église protestante d’Algérie soit un Algérien et non plus un expatrié « raisonnable et présentable ».
Les partenaires de l’Église protestante d’Algérie doivent respecter les décisions de cette Église. Quand la Fédération protestante de France est en relation avec l’Église protestante d’Algérie, c’est à la demande de l’Église d’Algérie, et ce n’est certainement pas pour lui imposer une orientation. Il ne serait pas sensé, par exemple, que de l’extérieur nous donnions des conseils de prudence à ceux qui sur place connaissent mieux que nous la réalité de leur pays et qui assument les conséquences de leur engagement.
Cette Église, comme toutes les jeunes Églises, a de gros besoins de formation et d’organisation, elle est demandeuse. Il serait bon que les responsables politiques algériens qui font remarquer le manque de formation de certains pasteurs puissent faciliter les choses. Les Églises sœurs en Europe sont prêtes à aider. Mais elles doivent le faire, disons-le franchement, en résistant une bonne fois pour toutes à la tentation paternaliste qui nous convaincrait que nous Européens saurions mieux que les intéressés ce qui leur convient.

BATY Claude

Merci encore à vous, Claude Baty, merci aussi au journal la Croix qui a fait paraître cette opinion, et à Iader de nous l’avoir signalée sur le site du Collectif Algérie.