L’imposture, vielle de 1400 ans, a permis au Coran de s’appuyer sur le Nouveau Testament et à l’islam de prospérer au dépend du christianisme.

Pourtant si ce « 3isa  » était Jésus aucun musulman n’aurait besoin de se convertir puisque, celui-ci étant un prophète annonçant la venue de Mahomet, ce sont les évangiles qui seraient alors une imposture.

Quand, dans les années 1980, sur demande du père Jacques Lanfry , j’ai participé à la traduction des évangiles en kabyle, celle du nom de Jésus en « 3isa » nous a tout de suite opposés. Pour moi les deux personnages n’étaient pas les mêmes. Nous avons fini par nous entendre sur l’adaptation du nom de « Yasu3 », le nom que donnent les arabes chrétiens à Jésus depuis les temps antéislamiques. Les traductions antérieures, il est vrai, ont toutes traduit Jésus en « 3isa ». Pourquoi ? Parce que la langue kabyle n’a que ce nom coranique qui s’en rapproche. Les protestants ont fait pareillement du reste. Or ce n’est pas un argument les noms propres ne se traduisant pas.

Napoléon reste Napoléon, en arabe, en chinois ou en turc, avec une prononciation phonétique quelque peu modifiée parfois.

Mais ce qui a renforcé ma réflexion ce sont les traductions du Coran dans les langues non européennes des pays musulmans, fort nombreuses maintenant. Jusque-là en effet l’interdiction de traduire le Coran s’appliquait. Elles traduisent logiquement 3isa… en 3isa. Mais alors pourquoi, dans les langues européennes, la tradition s’est imposé de traduire 3isa en Jésus ? Je reviendrai dans un second article sur cette question, si la rédaction de Reconquête le veut bien.

Puis, de manière décisive, je me suis interrogé sur ce qui nous distingue et qui fait notre singularité, quelle que soit la civilisation, orale ou écrite, sous toutes les latitudes, pour les vivants comme pour les morts. C’est bien sûr la carte d’identité.

Si l’homme concerné a disparu, on peut reconstituer sa carte d’identité, sauf bien sûr s’il n’a jamais été engendré par une femme. Si bien qu’une personne non historique, quoique légendaire (Pinocchio, Blanche-neige, Superman, Zorro), n’a pas de carte d’identité.

Est-ce que Jésus a existé? Oui répond l’histoire, et donc une carte d’identité peut être établie.

Est-ce que 3isa a existé? Nous verrons si nous pouvons établir sa carte d’identité historique.

Est-ce que Jésus = 3isa  comme le prétendent les musulmans? Oui si les deux cartes d’identité sont semblables et se superposent. Pas besoin de discours ou de sermon, il suffit de regarder les deux cartes d’identité pour s’en convaincre. De quoi se compose une carte d’identité?

– d’un nom et, éventuellement, d’un prénom;

– du lieu de naissance;

– de la date de naissance.

Regardons, d’abord, la carte d’identité de Jésus puis celle de 3isa. Chacun pourra comparer s’il s’agit bien de la même personne.

– Sur le plan historique Flavius Josèphe, Thallus, Suétone, Pline le jeune, Tacite, et d’autres, dont le Talmud, attestent de son existence…

– Tous les apôtres et les pères de l’Eglise, ainsi que tous les martyrs, l’ont attesté par leur vie.

– Les quatre évangiles nous renseignent sur sa vie, depuis sa naissance jusqu’à sa mort sur la croix.

– L’Ancien Testament l’annonce, dont la Thora et les Psaumes, reconnus par l’islam.

                                                                   1

La carte d’identité de 3isa est-elle possible, à partir des éléments contenus dans le Coran ?

Le livre sacré de l’islam est daté du 7ème siècle, époque à laquelle six langues, proches du monde arabe et de sa langue, s’écrivaient : l’hébreu, l’araméen, le grec, le persan, l’arménien et le latin. Si le personnage de 3isa avait existé il serait bien étonnant qu’il n’y ait eu aucun écrit dans toutes ces langues. Or, en dehors du Coran, il n’y a rien. Les Hadiths, datés au mieux de la fin du 9ème siècle, ne sont pas recevables sur le plan historique, à juste titre.

Il ne nous reste donc que le Coran pour établir la carte d’identité de 3isa :

                                                                    1 

On voit bien que les deux cartes d’identité ne se recoupent pas dans les trois domaines essentiels : le nom, la date et le lieu de naissance.

Nous pouvons donc vérifier que Jésus s’est incarné dans l’histoire humaine, selon la formule de saint Paul en Thes. 2,7 : mais [il] s’est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes ; et ayant paru comme un simple homme…

Qu’en revanche 3isa est un être désincarné qui n’a pas de consistance historique ; une composition pleine d’ambigüités, par ailleurs, de l’auteur du Coran qui s’est ingénié à rappeler Jésus dans des passages équivoques :

Coran 3,55 : “Ô 3isa, certes, Je vais mettre fin à ta vie terrestre t’élever vers Moi…”

Ou dans le verset 59 : “Pour Allah, 3isa est comme Adam qu’Il créa de poussière, puis Il lui dit “Sois” : et il fut. ”

Dans la sourate 5, 171 : ô gens du Livre, n’exagérez pas dans votre religion, et ne dites d’Allah que la vérité. Le Messie 3isa, fils de Marie, n’est qu’un Messager d’Allah, Sa parole qu’Il envoya à Marie et un souffle (de vie) venant de Lui. Croyez donc en Allah et en Ses messagers. Et ne dites pas “Trois”.”

Dans la sourate 43, 59 : Il (3isa) n’était qu’un Serviteur que Nous avions comblé de bienfaits et que Nous avions désigné en exemples aux Enfants d’Israël.

La vérification peut donc se faire aussi en demandant aux Juifs s’ils ont eu un prophète nommé 3isa, mais il semble que personne n’a pensé à le faire…

La plus grande habileté de l’auteur du Coran, pour subvertir et inscrire ce personnage dans la tradition chrétienne, a été de l’affubler du titre de « fils de Marie ». Par le prestige du nom de la toujours vierge le tour de passe-passe a totalement réussi, malgré le fait qu’elle soit confondue avec la Meriem sœur d’Aaron et de Moïse, fille d’Imran. Coran 3,35 et suivants : […] quand la femme d’Imran dit : “Seigneur, je T’ai voué en toute exclusivité ce qui est dans mon ventre. Accepte-le donc, de moi. […]Puis, lorsqu’elle en eut accouché, elle dit : “Seigneur, voilà que j’ai accouché d’une fille”; or Allah savait mieux ce dont elle avait accouché ! […]”Je l’ai nommée Meriem, et je la place, ainsi que sa descendance, sous Ta protection contre le Diable, le banni […] Son Seigneur l’agréa […], la fit croître […] en confia la garde à Zacharie.

L’auteur du Coran, à force de suggérer, finit par persuader le lecteur du Coran que  3isa = Jésus, alors qu’il est aussi fictif qu’un personnage de roman.

Joyeux Noël à tous avec Jésus enfant, la vraie Marie et avec Joseph, si superbement ignoré par l’auteur coranique. C’est qu’il ne cadre pas avec « le montage » réalisé avec 3isa dont le but est d’introduire une confusion fatale dans les esprits.


Moh-Christophe (publié dans Reconquête n° 323, de décembre 2015)