BONNE ET SAINTE ANNEE 2006 !!!

Avec l’Auteur de nos jours, au long des jours qu’Il nous donne.

Et avec tous les vrais disciples du Sauveur entrons dans cette nouvelle année en méditant cet enseignement d’Augustin, qui est toujours aussi pertinent et actuel. On reconnaît là le zèle et le souffle littéraire de celui qui a écrit les “Confessions”. Notons au passage cette expression “le Jour né du Jour”, qui ne peut que nous rappeler le mot berbère [AS-SEG-WASS] signifiant l’année: ASEGGWAS AMEGGAZ!

1. Noël, jour de la naissance du Seigneur et Sauveur Jésus Christ, par qui la vérité est sortie de la terre, et par qui le Jour né du Jour est né pour être notre Jour, revient aujourd’hui comme chaque année nous prodiguer sa lumière et nous inviter à le célébrer. Exultons de joie et de bonheur.

Car le prix que nous a valu l’abaissement d’une telle grandeur, seule la foi chrétienne le sait; le coeur des impies n’en a pas connaissance, parce que Dieu a caché ces choses aux sages et aux prudents, et les a révélées aux petits.

Que les humbles restent fidèles à cette humilité de Dieu : pour qu’un si grand soutien, supportant leur faiblesse, leur permette de parvenir jusqu’aux hauteurs de Dieu.

Les sages et les prudents, quand ils veulent s’approcher des autels sans croire en l’humilité, oublient cette bassesse, et pour cela ne savent pas monter jusqu’aux hauteurs; vains et légers enflés et superbes, ils sont restés comme suspendus entre ciel et terre, dans l’agitation du vent. Car ils sont sages et prudents, mais selon le monde, non selon Celui qui a fait l’univers.

Car si la vraie sagesse, qui vient de Dieu et est Dieu, était en eux, ils comprendraient que Dieu a pu revêtir la nature de chair, sans devenir un être charnel.

Ils comprendraient que Dieu a pris une nature qui n’était pas la sienne, tout en gardant la sienne; qu’il est venu à nous dans la personne d’un homme, sans s’éloigner du Père; qu’il a continué a être ce qu’il est, tout en prenant notre apparence; et que le corps d’un enfant a reçu une puissance qui ne doit rien à la masse du monde.

Celui qui demeure auprès du Père et qui a conçu l’univers, a conçu en venant à nous la maternité de la Vierge.

Car sa majesté apparaît dans la maternité de la Vierge, aussi vierge avant la conception qu’après son accouchement; elle s’est trouvée grosse d’un homme sans avoir été engrossée par un homme; portant en son sein un mâle, sans oeuvre de mâle, plus heureuse et admirable par le don d’une fécondité où sa pureté ne s’est pas perdue.

Les sages selon le monde préfèrent penser qu’un tel miracle est imaginaire et non pas réel.

Ainsi, dans le Christ, homme et Dieu, ne pouvant croire en son humanité, ils la méprisent; ne pouvant mépriser sa divinité, ils n’y croient pas.

Quand à nous, considérons avec autant de reconnaissance qu’eux de mépris, le corps d’un homme assumé par l’humilité de Dieu; et plus ils jugent cela impossible, plus il nous convient de voir l’oeuvre de Dieu dans une naissance humaine virginale.

2. Honorons donc la nativité du Seigneur, comme il se doit, nombreux et dans l’allégresse.

Que les hommes se réjouissent, que les femmes se réjouissent : le Christ est né homme, homme né d’une femme; et les deux sexes en sont honorés.

Qu’il passe donc à l’homme nouveau celui qui sous le premier homme avait été condamné.

La femme nous avait induit à la mort : c’est la vie qu’elle nous a donné.

Il nous est né un être semblable à notre chair pécheresse, par qui la chair pécheresse devait être rachetée. Donc, n’accusons pas la chair, mais, pour que notre nature revive, que notre faute meure : car il est né sans faute celui qui doit renaître l’homme autrefois soumis au péché.

Soyez dans la joie, enfants de la sainteté, qui avaient préféré suivre le Christ sans rechercher les liens du mariage.

Il ne vient pas à vous dans le mariage celui que vous avez trouvé pour le suivre; car il veut vous permettre de mépriser ce par quoi vous êtes venus au monde. Vous y êtes venus par des noces charnelles, dont il n’a pas besoin pour venir à vos noces spirituelles; s’il vous a permis de mépriser les noces, c’est parce qu’il vous a appelés aux noces par excellence. Si donc vous n’avez pas cherché à vivre ce par quoi vous êtes nés, c’est parce que vous avez aimé plus que les autres celui qui n’est pas né de ces noces.

Soyez dans la joie Vierges Saintes : la Vierge vous a engendré celui que vous pouvez épouser sans faillir, vous qui, si vous ne concevez pas et ne mettez pas au monde, pouvez perdre ce que vous aimez.

Soyez donc dans la joie justes : c’est la naissance du Justificateur.

Soyez dans la joie hommes faibles et malades : c’est la naissance du Sauveur.

Soyez dans la joie, captifs, c’est la naissance de celui qui rachète.

Que soient dans la joie les esclaves : c’est la naissance du maître tout puissant.

Dans la joie, les hommes libres : c’est la naissance du Libérateur.

Dans la joie tous les chrétiens : c’est la naissance du Christ.

3. Parce qu’il est né d’une mère, il a marqué ce jour dans la suite des siècles, lui qui, né du Père, a formé tous les siècles.

Sa première naissance s’est produite sans mère, comme la seconde sans père.

Le Christ enfin est né d’un père et d’une mère; mais sans père et sans mère; Dieu né du Père, homme né d’une mère; Dieu sans mère, homme sans père.

“Qui pourra raconter sa naissance ?” : l’une hors du temps, l’autre sans semence d’homme; l’une sans commencement, l’autre sans précédent; l’une de toute éternité, l’autre sans exemple, ni avant ni après; l’une sans fin, l’autre qui commence quand elle finit.

C’est à juste titre que, bien avant, les Prophètes ont annoncé sa naissance, et que les Cieux et les Anges ont annoncé qu’Il était né.

Couché dans une crèche, il portait en Lui l’univers.

Enfant et Verbe de Dieu.

Lui que les Cieux ne contiennent pas, le sein d’une seule femme suffisait à le porter.

Reine de notre Roi; elle portait celui en qui nous existons; elle allaitait notre pain.

O visible faiblesse et étonnante humilité, où s’est cachée la divinité toute entière !

Il gouvernait de sa puissance la mère à qui était soumise son enfance; et nourrissait de sa vérité celle dont il suçait le sein.

Qu’il parachève en nous ses dons, celui qui n’a pas répugné à assumer jusqu’à nos premières années; et qu’il nous rende fils de Dieu, celui qui, pour nous, a voulu devenir fils de l’homme.

Sermon 184 de saint Augustin.

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Augustin dés ce jour s’est ceint de la Parole.

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Nous venons à Jésus de tous les horizons humains!