Ne jouons pas avec la parole de Dieu, citons toujours les passages qui nous paraissent incongrus ou mystérieux : les théologiens et les saints, eux-mêmes, se sont sentis petits devant la Révélation de Dieu contenue dans l’Ecriture Sainte. Mais cette Révélation est progressive, car l’homme n’est pas en mesure d’appréhender le Créateur de l’univers. Et tant que nous serons soumis aux contingences temporelles il nous est impossible de Le comprendre et encore moins de Le connaître.
Nous disons que Dieu est omniscient, comprenons nous une telle affirmation ?
Nous disons qu’il est sans commencement ni fin, sommes-nous capables de savoir ce que cela signifie, nous qui sommes des êtres finis ?
Dieu est hors du temps, il l’a créé pour nous, et non pour Lui.
Lorsque nous disons Mezyan u-Câaban m-Meqqwran, nous situons de fait une génération d’hommes se succédant dans le temps : Mezyan fils de Câaban fils de Meqqwran ; mais il n’en est pas ainsi dans le monde spirituel où les générations n’existent pas.
Méditons ensemble la révélation de Jésus, sur ce sujet, lorsqu’il répond ainsi aux Sadducéens qui ne croyaient pas à la résurrection des morts (Mt 22, 23-33) : « Vous êtes dans l’erreur, en ne connaissant ni les Ecritures ni la puissance de Dieu. A la résurrection, en effet, on ne prend ni femme ni mari, mais on est comme des anges dans le ciel. Quant à ce qui est de la résurrection des morts, n’avez-vous pas lu l’oracle dans lequel Dieu vous dit ‘je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob’ ? Ce n’est pas de morts mais de vivants qu’il est le Dieu. »
Nous apprenons, par ce passage, trois choses :
que pour Dieu n’existent ni le passé ni le futur, mais un présent éternel ; qui peut seulement imaginer une vie hors du temps, sans Hier et sans Demain, dans un perpétuel Aujourd’hui ?
que nous sommes appelés à connaître ce temps éternel.
La sexualité, nécessaire aux générations humaines, deviendra caduque. Qu’il est donc totalement invraisemblable ce Paradis décrit dans le Coran, où les mâles s’accoupleront à des vierges !
Dieu dans son essence spirituelle, incompréhensible par l’homme, encore une fois, n’est ni Féminin ni Masculin : le genre a été fait pour nous. En quoi a-t-Il besoin d’être asexué ? Tout le monde s’accorde pour dire qu’un esprit n’a ni doigts ni bras ni pieds, et Dieu, l’Esprit par excellence, aurait des appendices ? Quel manque de considération envers Lui d’émettre ne serait-ce que cette hypothèse ! C’est mettre Dieu au niveau de la créature que de plaquer sur Lui un schéma génital !
C’est à cause du langage que nous parlons de Père et de Fils, à son propos : on peut admettre que cela dépasse notre entendement, mais se laisser entraîner vers des considérations sexuelles est purement diabolique !
En revanche il n’est pas interdit de reconnaître que le mystère de Dieu est grand et que cela nous dépasse. L’éternité ne suffira pas aux hommes pour Le CONNAÎTRE. Les anges eux-mêmes, assurément plus intelligents que nous, savent que « Ses pensées sont insondables ».
Oui le mystère de Dieu est grand et sa miséricorde infinie, LUI QUI A TANT AIME LE MONDE QU’IL LUI A DONNE SON FILS UNIQUE POUR LE SAUVER, afin que les hommes et les femmes qui L’acceptent entrent dans Son repos, dans Sa béatitude.
Méditons enfin comment Il se révèle à nous, dans le TEMPS (1*)…Et pourquoi a-t-Il besoin de se révéler ?
Parce que Dieu, comme dit saint Jean (Jn 1,18), « personne ne l’a vu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, nous l’a dévoilé. » Mais avant cette REVELATION ULTIME, cet aboutissement, c’est toute l’histoire spirituelle de l’humanité, depuis Adam, qui se déroule dans l’Ancien Testament.
Avant même la constitution du peuple d’Israël en Egypte, plusieurs fois Dieu va se manifester aux patriarches : les plus connus étant Noé et Abraham, sans oublier le premier des hommes, Adam. S’il y en a eu d’autres sur lesquels nous ne savons pas grand-chose comme Enoch, toutefois c’est avec les trois premiers qu’Il fait alliance : avec Adam en Gn 2, 16-17 ; avec Noé en Gn 9, 9-17, et avec Abraham en Gn 15, 18-21, que Dieu lui renouvelle en 17, 1-14 notamment.
Cependant ces manifestations et ces alliances ne sont pas comparables à celles dont Moïse eut le privilège, à tel point que les Israélites voyaient son visage rayonner (Ex 34, 29-35) ; or, justement, la tradition hébraïque dit qu’il est l’auteur de la Thora, laquelle se compose des cinq livres suivants : Genèse, Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome.
Et que dit Dieu à Moïse, sur Lui-même ? Commençons par signaler que souvent il est question de « l’ange du Seigneur » (Ex 3,2) (2*)
Sa première manifestation est pour déclarer : « Je suis le Dieu de ton père, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob » (Ex 3,6). Suit ensuite la mission confiée à Moïse… Puis ceci : « Dieu dit à Moïse ‘Je suis celui qui est’ (3*). Et il dit : ‘Voici ce que tu diras aux Israélites : « Je suis » m’a envoyé vers vous.’ Dieu dit encore à Moïse : « Tu parleras ainsi aux Israélites : Yahvé, le Dieu de vos pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob m’a envoyé vers vous. C’est mon nom pour toujours, c’est ainsi que l’on m’invoquera de génération en génération. » Ex 3, 14-15
Et à lire ainsi plusieurs passages, on constatera que Dieu révèle d’abord à Moïse Son Nom très saint. Du reste un peu plus loin, dans le même livre, à Ex 6, 2-3, nous avons ceci : « Dieu parla à Moïse et lui dit : ‘Je suis Yahvé. Je suis apparu à Abraham, à Isaac et à Jacob comme El Shaddaï, mais mon nom de Yahvé, je ne le leur ai pas fait connaître. »
Enfin au Sinaï c’est le décalogue (Ex 20), dans lequel Dieu dit quelque chose de nouveau sur Lui : « Je suis un Dieu jaloux qui punis…et qui fais grâce… »
Et en Ex 34, 6 « Yahvé, Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, riche en grâce et en fidélité, … tolère faute, transgression et péché mais ne laisse rien impuni et châtie les fautes… »
Pour finir nous avons ce passage en Ex 33, 18 à 23, dans lequel, à la demande de Moïse – « Fais-moi de grâce voir ta gloire » – Dieu répond : « tu ne peux pas voir ma face, car l’homme ne peut me voir et vivre… j’écarterai ma main et tu verras mon dos ; mais ma face, on ne peut la voir. »
L’auteur sacré prête à Dieu des réactions tout à fait humaines, comme par exemple en Ex 4, 14 : « La colère de Yahvé s’enflamma contre Moïse… » Peut-il faire autrement ? N’est-ce pas un homme qui s’adresse à des hommes qui doivent le comprendre ?
Prenons maintenant le passage d’Exode 33, 18-23, où Moïse donne à Dieu des attributs humains : beauté, langue (je prononcerai, dit Dieu au verset 19), face (visage), main, dos… Est-ce que Moïse tente de rendre sa vision béatifique avec des mots du langage humain, ou bien Dieu possède-t-Il vraiment ces attributs physiques ?
Or nous savons par Jésus que Dieu est Esprit : Jn 4, 24
Sachant que saint Paul nous dit, en 2Co 12, 1 et suivants : « …cet homme-là fut ravi jusqu’au troisième ciel, …jusqu’au paradis et qu’il entendit des paroles ineffables, qu’il n’est pas permis à un homme de redire », n’est-ce pas plutôt que les amis de Dieu pratiquent, à leur manière, un enseignement pédagogique et progressif ?
Jésus nous assure que :
En Jn 3, 12 : « Si vous ne croyez pas quand je vous dis les choses de la terre, comment croirez-vous quand je vous dirai les choses du ciel ? »
Et en Jn 16, 12-13 : « J’ai encore beaucoup à vous dire, mais vous ne pouvez pas le porter à présent. Mais quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous guidera dans la vérité tout entière ; car il ne parlera pas de lui-même, mais ce qu’il entendra, il le dira et il vous expliquera les choses à venir. »
Donc Dieu procède bien par étapes dans la révélation qu’Il fait de Lui-même aux hommes. C’est le plus grand des pédagogues, mais aussi le plus respectueux de l’intelligence de ses créatures, les amenant peu à peu à progresser dans sa connaissance ; aussi bien les Berbères l’appellent-il Ṛebbi (Win itṛebbin), autrement dit l’Educateur.