VOICI LE MESSAGE: le 28/07/05 16:33:

A: [email protected]

« Bonjour, je suis jeune français, catholique je vis dans la banlieue parisienne dans une ville majoritairement musulmane et ma pratique catholique est parfois difficile car des Salafistes montent les jeunes contre la religion chrétienne et je préfère cacher ma croix dans mon pull. Pouvez vous me dire quel est l’état, la situation de la communauté catholique kabyle aujourd’hui ? J’ai lu dans la presse l’essor des églises évangéliques: en est-il de même pour l’église catholique ? »

CHER JEUNE CATHOLIQUE DE BANLIEUE,

Une caricature on ne peut plus parlanteCe n’est pas pour vous moquer, cher visiteur, mais parce que vous n’avez pas donné votre petit nom.

Votre témoignage est précieux, à plus d’un titre, et nous espérons que vous le donnez aussi auprès de votre entourage (curé, prêtres et chrétiens que vous connaissez).

Nous allons le mettre sur le site, car nous ne cessons d’avertir les naïfs et les imprudents que l’islamisme développé dans certains milieux est dangereux et n’a rien à voir avec cet islam, presque débonnaire, pratiqué jusque-là par les immigrés en France, ou même celui que nous avons connu avec nos parents en Algérie.

L’islam a commencé à changer à partir de l’avènement de Khomeiny. Il est devenu un islam politique de combat et n’aura de cesse d’imposer sa domination, sur les musulmans d’abord et sur le reste du monde ensuite.

Faut-il une preuve ? L’assassinat de ces trois diplomates, en Irak : d’abord un Egyptien et puis, tout dernièrement, ces deux Algériens.

Que disent d’eux leurs assassins ?

Ceci : Vos frères de l’aile armée de l’organisation Al Qaîda en Mésopotamie ont, en ce mercredi 27 juillet 2005, exécuté la décision du tribunal islamique en se référant aux ordres d’Allah appelant à tuer tous les idolâtres et au hadith du Prophète (que le Salut et la Bénédiction d’Allah soient sur lui) : ‘‘Tuez celui qui change sa religion.’’ Et ont été tués le chef de la mission algérienne Ali Belaroussi et l’attaché diplomatique Azzedine Belkadi. Ce sont deux envoyés de l’Etat algérien qui gouverne en dehors des lois d’Allah et s’allie avec les juifs et les chrétiens. Il a envoyé ces deux apostats pour renforcer les bases des juifs et des chrétiens en Mésopotamie (…). [D’après la traduction d’El-watan, journal algérien]

Sans commentaire!

Mais une remarque tout de même : les Salafistes algériens, qui ont pris le maquis depuis plus de 10 ans, par la voix du GSPC (Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat) ont approuvé, non seulement la prise d’otages de leurs compatriotes, mais également leur exécution.

Que y a-t-il d’autre à ajouter à cela ? La condamnation de Benoît XVI peut-être :

« AU NOM DE DIEU, arrêtez-vous ! Dieu aime la vie qu’Il a créée, et non la mort ! »

Cependant, le même Benoît XVI adressera la parole, en public, à un groupe de musulmans, le 20 août 05 au JMJ (Journées Mondiales de la Jeunesse) à Cologne en Allemagne.

Il faut accepter, avec lui, l’idée que la majorité des Musulmans ne sont pas d’accord avec les criminels qui s’autorisent à tuer au nom d’Allah.

Néanmoins nous attendons toujours la prise de conscience de tous ceux qui réprouvent de tels actes, parmi ces musulmans, dont beaucoup affirment que leurs auteurs ne sont pas « dans la véritable voie islamique » : qu’ils condamnent, dans ce cas, de manière claire, et publiquement, ces assassins se réclamant sans détour (voir ci-dessus) du Coran et de l’Islam.

Qui ne dit rien consent, dit le dicton.

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S’agissant de l’autre partie de votre message, qui se rapporte aux Kabyles, faisons, au préalable, ce double constat :

1- Les Kabyles ont défendu depuis des lustres leur mode de vie et leurs libertés, et cette lutte sans merci ayant été difficile, les a empêché de se doter d’une autorité ou d’un état centralisé qui leur aurait permis, peut-être, de mieux faire face, d’être plus solidaires et mieux organisés. Mais leur esprit « indépendantiste » a fait qu’ils ont souvent mené ce combat de manière éparpillé et anarchique, en s’appuyant seulement sur leur organisation tribale. Aujourd’hui elle apparaît limitée et dépassée par les nouveaux défis. Si bien que la société kabyle est de plus en plus déstructurée et la proie des fléaux sociaux.

2- Il est juste, cependant, de dire, à leur avantage, mais sans généraliser à l’excès, qu’ils ont gardé une certaine liberté dans le domaine religieux. On trouve, par exemple, dans leur organisation villageoise, un embryon de séparation entre le monde temporel et le monde spirituel. Ceci permet une certaine analyse, des critiques, des remises en cause, grâce aussi à la langue kabyle, totalement distincte de l’arabe.

L’évangélisation des Algériens, dont les Kabyles font partie, peut se résumer en deux temps :

a) De 1830 à 1962, ce fut l’époque du colonialisme, durant lequel la ou les politique(s) de la Métropole a directement influencé, souvent en l’empêchant, la proclamation de l’Evangile : nous n’entrerons pas dans les détails, tant il y a à dire sur cette période, qui a vu la naissance de l’anti-cléricalisme en France puis la séparation de l’Eglise et de l’Etat, dont les conséquences se voient encore de nos jours(1). Retenons qu’il y a eu, finalement, pour cette longue période, très peu de conversions (2).

b) De 1962 à aujourd’hui, période de l’indépendance de l’Algérie, la politique, du nouveau pouvoir en place, va influer directement sur les options religieuses du pays. Les fondamentalistes musulmans, eux-mêmes, se sont rebellés contre cette prétention étatique à « gérer » le champ spirituel, en 1988.

Paradoxalement les responsables catholiques n’ont pas remis en cause cette ingérence . De sorte que leur « pratique » a été, et demeure, celle-ci : se garder de dire ou de supposer qu’il y a des Algériens chrétiens, ce qui tendrait à prouver qu’ils en sont responsables et qu’ils font du prosélytisme.

Sans doute, aussi, par suite d’une interdiction officielle, ou implicite, des autorités algériennes. Mais quoi qu’il en soit cet interdit concerne, avant tout, les communautés chrétiennes reconnues et enregistrées comme étant celles des « étrangers » ; pas les nouvelles parmi lesquelles, au demeurant, il y a eu dés le début de jeunes Algériens qui se sentent chez eux.(3)

Voici ce qu’écrit Jeune Afrique l’Intelligent le 22 mai 05 :

« La vague de conversions au christianisme qui touche le Maghreb, l’Algérie et le Maroc en particulier, s’apparente-t-elle à un phénomène de mode ? Quoi qu’il en soit, les Églises évangéliques ont désormais pignon sur rue, les chrétiens prient en toute liberté et les Bibles se vendent chez le libraire du coin, quand elles ne sont pas distribuées gratuitement. Du coup, les autorités religieuses ne dissimulent pas leur embarras, et les imams crient à l’apostasie. Quant à l’Église catholique d’Algérie, elle garde ses distances, tout simplement. »

Résumons-nous : si, pour les responsables catholiques, c’est toujours « motus et bouche cousue », les chrétiens d’obédience protestante, majoritaires à présent, refusent toute injonction autre que celle du Christ : « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit…» Mt 28,19

Pourquoi sommes-nous d’accord avec cette attitude, nous, catholiques d’origine algérienne en France (puisqu’on nous affirme qu’il n’y a pas de catholiques autochtones, en Algérie) ?

En premier lieu parce que les responsables n’étant pas, eux, originaires du pays, pour l’écrasante majorité d’entre eux, mais plutôt des « invités tolérés », ils risquent d’être mis dehors à tout moment. Il y a eu des expulsions dans les années 70…de Kabylie même.

Par ailleurs ils sont dans une position inverse de la nôtre : tandis qu’ils veulent découvrir et se rapprocher de la religion musulmane, nous, la connaissant de l’intérieur, l’ayant, peu ou prou pratiquée, par notre choix nous l’avons expressément abandonnée.

Car on ne peut pas être à la fois chrétien et musulman. Il est nécessaire de poser un acte de rupture avec l’islam, sans quoi notre adhésion à Jésus Christ n’est pas sincère.

Il faut savoir, en effet, qu’il y a incompatibilité entre le message évangélique et le message coranique. Et ceci d’une manière définitive et absolue : voir notre rubrique « messages et questions », si besoin.

Par contre, nous pratiquons un dialogue naturel et vrai avec les musulmans, frères de sang par notre naissance et par la volonté de Dieu, quand cela est possible et acceptable par tous. Car si la rupture avec la doctrine islamique est consommée, ce n’est pas le cas des relations familiales, de cousinage et de voisinage, ayant encore la même communauté nationale de destin. Certains d’entre nous vivent avec des conjoints musulmans, et nos parents sont toujours musulmans!

Quant au dialogue islamo-chrétien, pratiqué par des Européens de bonne volonté, pour apaiser les relations conflictuelles qu’il y a eu par le passé entre les deux civilisations, il n’est pas le nôtre.

Nous ne sommes pas, par exemple, concernés par les Croisades : c’est l’affaire des musulmans qui ont pris et occupé la Terre Sainte, et des chrétiens d’Occident, à peine ceux de l’Orient ; plus du tout celle des chrétiens de l’Inde ou d’Ethiopie; encore moins, et à plus forte raison, celle des néo-chrétiens d’aujourd’hui, venus récemment de la tradition musulmane.

On ne va pas nous accuser de la prise de Jérusalem ou du sac de Byzance, quand même ! Pourquoi nous imputerait-on l’expulsion des musulmans d’Espagne ou la colonisation de l’Afrique ?

Nous n’avons pas de complexes ou de culpabilités envers l’Islam, comme certains chrétiens qui se croient obligés de réparer les fautes de leurs ancêtres.

C’est même plutôt l’inverse puisque, par le Coran, nous sommes considérés comme des apostats dignes de mort. On voudrait de ce fait nous amputer de notre liberté de choisir.

Et, pour ce qui est de l’Histoire, nous aurions bien des reproches à faire aux armées musulmanes qui ont conquis l’Afrique du Nord, par le cimeterre et dans les larmes : que de déportations et d’exils de populations, souvent chrétiennes, il y aurait lieu de déplorer !

Voir, à titre anecdotique, ce qui est arrivé à la dépouille de saint Augustin, dans la rubrique « Mère Qabel ».

Tout le monde sait que cette partie du monde a été islamisée de force, puisqu’elle avait été chrétienne durant six siècles. Il suffit de lire Ibn Kheldoun(4) pour s’en convaincre.

Mais nous ne cherchons pas d’appui, pour nos choix actuels, dans le passé historique ou dans les droits de l’homme, qui sont, au demeurant, rejetés par le fondamentalisme musulman, parce qu’issus du christianisme. Nous récusons simplement tout empêchement à donner notre réponse, librement, à Jésus Christ. Nos libertés viennent de Dieu, y compris la liberté religieuse, elles sont donc inaliénables et cela nous suffit.

Nous le disons encore une fois à ceux qui se prennent pour Allah ou pour Dieu, et qui condamnent ou tuent en son nom : seul son jugement est valable, seul Lui peut faire entrer ou non dans Son Royaume ! Et nous attendons son jugement avec sérénité. Ajoutons, du reste, que le paradis décrit par le Coran ne nous intéresse pas et nous ne chercherions pas à y entrer, si tant est qu’il existât.

Enfin il y a un autre point qu’il faut signaler, qui nous interdit de taire ou de cacher notre adhésion à Jésus Christ. À qui ferions-nous plaisir, ce faisant ?

Peut-être à des responsables politiques qui se moquent de ce qui est vrai et juste, qui écrasent les petites gens, selon l’expression de l’Evangile : « Vous savez que les chefs des nations dominent sur elles en maîtres et que les grands leur font sentir leur pouvoir. » Mt 20,25

Ou, peut-être, à des hommes et à des femmes sans pudeur quand il s’agit d’étaler leurs turpitudes et leurs sexualités contre nature, allant jusqu’à en faire commerce publiquement ?

À qui voulons-nous plaire en définitive ?

Si c’est à tout autre qu’au Seigneur de l’Univers, malheur à nous, chrétiens infidèles, et indignes de porter ce nom dans ce cas !

Qui, dans le monde actuel, mérite respect et honneur plus que Celui qui est mort sur la croix, subissant pour nous un supplice infâmant ?

Devant qui faudrait-il s’abaisser parce que sa sainteté, ou son intégrité morale, en impose ?

À qui d’autre que Lui, pouvons-nous dire ce qu’a dit Simon Pierre ?

« Seigneur, à qui irons-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle.

Nous, nous croyons, et nous avons reconnu que tu es le Saint de Dieu. » Jn 6,68-69

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(1) « Débarqués en Algérie, à la fin du XIXe siècle, en même temps que les catholiques, les premiers protestants ont d’abord été des colons, qui se sont installés à travers le pays dans le sillage de l’armée française. Très vite vient le temps des prêtres et des pasteurs – ces derniers étant presque aussi souvent britanniques que français. Si l’implantation des Eglises est permise, le prosélytisme est en revanche formellement interdit : une clause en ce sens à été introduite dans l’acte de capitulation signé, en 1830, entre le dey d’Alger et le gouvernement français, soucieux de ne pas susciter l’hostilité des autorités musulmanes. D’emblée, les églises chrétiennes sont des églises pour étrangers. »

>>> Le Monde du 05 03 05 : nouveaux chrétiens au Maghreb.

(2) « Quant aux « indigènes », qui sont tous, à l’exception des juifs, de religion « mahométane », selon le vocabulaire de l’époque, pas question d’y toucher… Malgré les efforts missionnaires plus ou moins souterrains, principalement menés en Kabylie, région historiquement rebelle, le nombre des Algériens convertis demeure proche de zéro. « Nous ne pouvons citer de chiffres, ce serait peut-être humiliant : si l’on veut un ordre de grandeur, j’indiquerai qu’en trente ans nous avons administré une quarantaine de baptêmes d’adultes à Tizi-Ouzou et que les deux tiers vivent comme des chrétiens », reconnaissait le pasteur Alfred Rolland, dans le rapport Eglise et mission en Algérie, qu’il présenta, en novembre 1956, à Oran. »

>>> (Ibidem)

(3) Est-ce que les églises protestantes l’ont jamais admise ? Oui pour l’Eglise historique et officielle, mais « les missions méthodistes, évangéliques et charismatiques, implantées depuis les années 1990, sont ouvertement prosélytes ».

>>> (Ibidem)

(4) Le plus connu et le plus partial des historiens de langue arabe (13ème siècle).

L'Islam incitera les chrétiens à être vrais...