CHRISTIANISME ET LANGUE BERBERE

    Voilà que nous revenons sur cette question des identités culturelles et religieuses des Kabyles, pour ne pas dire des Imazighen (Berbères), à l’occasion d’une remarque d’un internaute (voir « Messages et questions à celle d’Aksil : « quelle est votre position vis-à-vis de Tamazight (langue berbère) ».

D’une façon générale la foi chrétienne est toujours inculturée, c’est à dire adaptée et traduite dans les langues locales: araméen et hébreu d’abord,  grec et latin ensuite, puis dans toutes les langues du monde. Dieu comprend tous les parlers, même ceux du fin fond de l’Amazonie, heureusement; et Jésus bien que lisant et parlant hébreu, communiquait, comme tous les Juifs de son temps, en araméen.

Quant aux langues berbères, en général, il faut le savoir, ce sont souvent des chrétiens qui les ont mises à l’honneur, et les ont développées au 19ème et au 20ème siècle. Pensons aux Pères Blancs pour le kabyle et le mozabite, à Charles de Foucauld pour le touareg. Taos Amrouche et son frère Jean (ainsi que leur maman, qui leur a transmis la culture ancestrale) ont aussi contribué à la naissance d’une culture écrite, plus facile à transmettre. Mais il y en a eu beaucoup d’autres, comme Malek Ouary ou Ibazizen.

Il n’y a donc aucun ostracisme à l’égard de Tamazight ; bien au contraire, les chrétiens ont vite traduit les évangiles dés la fin du 19ème siècle, alors que l’alphabet phonétique international, qui a permis de fixer les caractères du berbère moderne, n’était pas encore établi. Aujourd’hui la Bible toute entière a été traduite par des frères collaborant avec les Eglises protestantes. Ce qui est un travail gigantesque.

>>>>>>>>>Prier en kabyle
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La question se pose différemment en France où il y a peu de kabylophones, parmi ceux qui se reconnaissent Kabyles et chrétiens. Cependant lorsqu’ils entendent des prières en kabyle, ou des psaumes (parfois chantés), ils sont émus aux larmes.

Le problème n’est donc pas de prier, ou même de dire la messe, en kabyle, mais de trouver les personnes capables de le faire.

Nous parlons bien évidemment pour la France. En Algérie il y a des possibilités, mais il leur manque la liberté… ou l’audace.

Certains de nos frères, comme Lwiza ou “Jeddi Muh», ne prient quasiment qu’en kabyle: ils nous disent souvent que leur prière leur semble plus authentique. Comme si Jésus ne voulait les entendre que dans leur langue maternelle.

Prier, célébrer et louer le Seigneur sur sa terre et dans la langue de ses ancêtres, est quelque chose de magnifique ! Mais il faut pour cela maîtriser sa langue, et vibrer avec elle.

Et si c’est la volonté du Seigneur, il y aura un jour une Eglise fervente s’exprimant avec une liturgie en kabyle.

Mais, comme nous le disons souvent, l’avenir appartient à Dieu.

L’APOCALYPSE rapporte: “Après cela je vis : c’était une foule immense que nul ne pouvait dénombrer, de toutes nations, tribus, peuples et LANGUES. Ils se tenaient debout devant le trône et devant l’Agneau, …” Ap.7, 9

Dieu n’a pas de préférence pour les langues parlées par les hommes, c’est une évidence pour les chrétiens. Ce qu’Il préfère en revanche ce sont:

– les pauvres de coeur;

– les doux;

– ceux qui pleurent et qui seront consolés par LUI;

– ceux qui ont faim et soif de justice;

– les miséricordieux;

– les coeurs purs qui verront Dieu;

– les pacifiques;

– les persécutés ” Mt 5,3-10

Quelle que soit leur langue !

>>>>>>>>>Athéisme kabyle
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Maintenant une remarque, aux frères tel que Aksil: Permettez nous de trouver contradictoire d’être Kabyle et athée, du moins selon la définition première de TAQBAYLIT, celle-ci étant une manière de se conduire devant Dieu et devant les hommes. Du reste quel mot utiliserez-vous, en kabyle, pour vous dire « athée » ? Nous ne voyons que cette expression pour définir un tel état : WIN UR NETTAGWAD ARA ṚEBBI  ! Or c’est tout le contraire d’un Kabyle qui craint Dieu et respecte autrui, en préservant l’honneur des siens.

Car ce qui a surpris les Européens, qui ont abordé à Alger où ils ont rencontré des personnes venues du Djurdjura, c’est leur conduite et leur comportement plein de noblesse et de droiture. Mais pas forcément en lien avec la religion musulmane, tant TAQBAYLIT est, en soi, une pratique religieuse (religion= lien entre les hommes devant Dieu). Reportez-vous à ce qu’en dit Mammeri dans « Poèmes kabyles anciens ».

Interrogez aussi les anciens, chers Kabyles athées, vous verrez que vivre en Kabyle c’est exigeant et presque impossible de nos jours ; mais, quoi qu’il en soit, ce n’est pas en rejetant Dieu qu’on y arrivera. Nous trouverons, au contraire, bien des aspects, dans cette conduite « à la kabyle », qui rapprochent d’une conduite chrétienne : le respect des anciens, et même des ancêtres, de la dignité de l’homme et de la femme, bien comprises, des animaux et de la nature… Et bien d’autres, le tout sous le regard de Dieu, ou dans « la crainte de Dieu ».

>>>>>>>>>Conclusions provisoires
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La conduite kabyle et la pratique chrétienne se rejoignent en ceci que :

– Celui qui craint Dieu respecte l’homme, et ne fait pas de mal à son prochain ;

– Celui qui respecte l’homme, croit en Dieu et Le craint.

La crainte ici est à comprendre dans le sens de « avoir des égards ».

Bien à vous dans la pratique de TAQBAYLIT, la vraie, qui conduit vers Dieu !

Ce Dieu qui a dit à l’homme, au temps de Noé déjà : « Je demanderai compte de ce que tu as fait à ton frère ».

Ce Dieu révélé par Jésus Christ qui nous demande d’être « ses enfants », donc frères par Lui, en Lui et avec Lui. Sans quoi c’est une fraternité inconcevable, et irréalisable !

À bon entendeur le SALUT de Jésus Christ.