Béni soit Jésus Christ en ses serviteurs !
(ou le geste de Benoît XVI du 22 03 08)
On oppose souvent le pape actuel à son prédécesseur, comme si l’un devait être le clone de l’autre, comme si tous les papes devaient ressembler au premier qui a été, ainsi que beaucoup ne le savent pas, saint Pierre.
De là vient la difficulté d’être toujours en accord avec les recommandations ou les actes posés par les différends souverains pontifes qui n’ont pas failli à l’ultime commandement de Jésus : « Pais mes brebis. »
Ainsi, dans notre famille, tandis que m’a fille (elle est née en 1981) trouve Jean-Paul II incomparable, moi, son père, je suis resté dubitatif sur au moins deux de ses gestes : son discours, lors de son passage au Maroc, sur invitation de feu Hassan II, et, auparavant, la rencontre d’Assise…
Il m’a fallu du temps pour leur trouver une justification : aux yeux de Dieu tout doit être tenté afin que les pécheurs se convertissent ; car au Jugement dernier nul ne pourra se lever pour accuser l’Eglise du Seigneur de l’avoir négligé… Aucun musulman, en conséquence, ne pourra dire qu’il n’a pas été tenu compte de ses spécificités – je veux dire par là les conditions inhérentes à sa religion -, qui font qu’il ne peut pas accueillir, aussi librement qu’un simple (mortel) « païen », l’Evangile. Les conditions ont donc été remplies, au-delà de ce qui était possible.
Je suis bien payé pour le savoir, en tant que converti venu de cette religion : l’Eglise catholique a trop respecté l’Islam, oubliant qu’il fallait surtout respecter les musulmans, ce qui n’est pas pareil. Ce n’est pas pareil car les musulmans appartiennent à Dieu et non pas aux gardiens du Temple de l’Islam. C’est-à-dire qu’ils ont, de manière ontologique et originelle, la liberté de choisir le Bien ou le Mal, comme tout être humain non musulman, qu’il soit bouddhiste, athée ou… chrétien de naissance par sa famille.
Il en est de l’Islamisme, aujourd’hui, comme du Communisme soviétique hier : l’élite au pouvoir veut s’accaparer les masses et les asservir pour atteindre ses desseins. Et on sait Qui est derrière cette façon de faire…
J’ai introduit le terme « Islamisme », pour distinguer la religion de nos ancêtres (Kabyles), bien que ce soit celle-là que j’ai quittée, convaincu qu’elle n’a rien à voir avec celle qu’on veut imposer de force par les temps qui courent, en Kabylie même. Je me situe là, en effet, sur un plan strictement kabyle, comme ce site y invite, bien évidemment.
Mais alors quel lien avec la papauté en général et, avec Benoît XVI en particulier ?
 
Et bien c’est à cela que je voulais en venir : le pape actuel pose les problèmes avec une simplicité déconcertante, relativement à l’Islam :
          D’abord par son discours à Ratisbonne, sur la raison et la foi, qui a provoqué l’ire de ces fameux gardiens du Temple, discrètement approuvés par les tenants du dialogue islamo-chrétien (voir les 138 signataires de l’Appel : www.notredamedekabylie.net/Autresrubriques/AwalExpression/tabid/63/articleType/ArticleView/articleId/244/Default.aspx), qui ont voulu rattraper le coup en quelque sorte.
          Et le 22 mars 2008, qui marquera un tournant, en baptisant un ex-musulman connu, sans s’en cacher. Sans s’en cacher, mais tout en relativisant cet acte à tel point qu’on  a pu le lui reprocher (voir yvesdaoudal.hautetfort.com/archive/2008/03/24/un-geste-fort-de-benoit-xvi.html).
Comme le dit du reste le converti à l’Islam, Yahya Pavallavicini, vice-président de la communauté islamique italienne : « …y a pas lieu d’accorder trop d’importance à cet évènement… ». Puisque Magdi Allam est adulte et libre de faire ce qu’il veut. Alléluia ! Cet homme parle d’or ! Et sait de quoi il parle, lui qui a fait le chemin inverse.
N’en déplaise donc aux convertis à l’Islam, qui ne sont nullement menacés par des lois contre l’apostasie, ainsi que le sont ceux qui quittent cette religion, le Pape vient là encore de mettre le doigt, simplement, sur une autre incohérence : la liberté de choisir, en son âme et conscience, sa religion est sacrée. Et en effet il n’y a pas de quoi fouetter un chat : Magdi Allam ne devrait pas faire parler de lui plus que les 6 autres baptisés par le Pape. Ni plus ni moins que tous ceux qui ont été baptisés la même nuit, dans le monde, il demeure un pécheur ayant besoin d’être sauvé par l’acte rédempteur de Notre Seigneur Jésus Christ.
Cette offre de pardon, en Christ, est valable pour tous les hommes, y compris les musulmans : libre à eux de la saisir ou de la rejeter. Or c’est cette liberté, dont on voudrait nous spolier en Kabylie, et dans le reste de l’Algérie, que nous défendons. Afin que celui qui veut être chrétien puisse l’être et le déclarer publiquement, de la même façon que le fait celui qui est musulman : il ne devrait pas y avoir de quoi fouetter un chat, dixit Yahya Pavallavicini, que ce soit en Italie ou en Algérie.
 
Jésus nous a fixé la ligne d’horizon, une ligne de partage à ne pas franchir :
RENDEZ À CESAR CE QUI EST À  CESAR ET À  DIEU CE QUI EST À  DIEU !
L’Histoire nous enseigne que, souvent, les Césars, à toutes les époques, ont voulu prendre pour leur compte ce qui revient à Dieu. Rendre un culte librement est réservé à Dieu, pas aux Césars aussi justes soient-ils. N’est-il pas Celui qui sonde les pensées, Celui qui peut déclarer « ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi ? »
À quoi bon chercher à imposer la foi à quelqu’un, quand on ne peut pas vérifier la sincérité de sa croyance ?
Que peut être la validité de la foi, aux yeux de Dieu, sans la liberté qui va avec ?
Si Dieu nous éprouve par la foi, au plan spirituel, comme Abraham, n’est-ce pas pour Lui en rendre des comptes, et à Lui seul ?
Laissons donc César frapper monnaie, mais ne lui laissons pas frapper… la liberté, qui ne se monnaie pas.
Jeddi Muh.