DominiqueUrvoy est professeur de pensée et civilisation arabe à l’Université de Toulouse II, auteur notamment de “Histoire de la pensée arabe et islamique” (Seuil, 2006), et avec Marie-Thérèse Urvoy de “L’Action psychologique dans le Coran” (Cerf, 2007), “Les mots de l’islam” (PUM, 2004), “l’Abécédaire du christianisme et de l’islam” (Editons de Paris, 2008). Il est ici interviewé par Jean-Luc de Carbuccia sur les tentatives de réforme de l’islam. Il analyse en particulier le contenu du dernier livre de Tarik Ramadan:”Islam. La réforme radicale. Ethique et libération”. Trois thèmes sont traités:

– Impasse des tentatives réformistes de l’islam

– Le Modèle absolu du Coran. Exigence de sa lecture littéraliste

– Le jeu de Tarik Ramadan.

Le public de Ramadan est jeune, caractérisé par le choix d’un islam rigoriste et conquérant. Par rapport à d’autres réformateurs, Ramadan veut garder tout l’héritage islamique, mais en l’adaptant à l’idéologie dominante en occident. Il s’agit d’une réforme de type “programmatif”, déjà proposée par Mohamed Arkoun et Abdelmajid Charfi, qui n’a jamais pu donner lieu à une mise en pratique. Son projet revient à proposer un “islam à la carte”, mais sans remise en cause du statut du Coran en tant que “Livre de Dieu”, et “noyau” de la loi. Cf. aussi:

www.notredamedekabylie.net/Autresrubriques/ExpressionAwal/tabid/63/articleType/ArticleView/articleId/444/A-propos-des-conferences-de-Dominique-URVOY-et-Tariq-RAMADAN-a-lInstitut-du-Monde-Arabe-IMA-le-190209.aspx

En dar al harb (la maison (ou terre) de la guerre, c’est à dire les pays non musulmans) s’affirmer réformateur de l’islam, et de plus parfait démocrate, ne peut qu’attirer la sympathie d’intellectuels et clercs naïfs, ignorants ce qu’est la pratique de la taqqiya (la dissimulation), règle dans les relations avec les infidèles (les non-musulmans), lorsque le rapport de force est en faveur de ces infidèles. Ces intellectuels et clercs ne voient pas que l’un des traits caractéristiques de l’islam, religion de la Sunna (la tradition prophétique, le prophète étant le beau modèle à suivre), est son esprit conservateur. Aveuglés par leur islamophilie, ils ne discernent pas que le réformisme, sous un déguisement de “modernité” destiné à séduire les occidentaux, se réduit bien, comme le disent Jacques Jomier et Marie-Thérèse Urvoy, à une “islamisation de la modernité”

Le lien suivant:

lumiere101.com/2009/02/28/lislam-a-la-carte/

donne l’accès au fichier audio du site “Lumière 101” contenant à l’intégralité de cette interview.