A propos du dialogue islamo-chrétien, sous le titre “Un musulman écrit pour la première fois dans le journal du Pape”, le journaliste italien Sandro Magister vient de publier un article sur la convergence de vues entre Benoît XVI et le chroniqueur Khaled Fouad Allam, premier musulman à écrire en une de “L’Osservatore Romano”, le journal du Vatican.

 

L’un et l’autre souhaitent que le dialogue entre chrétiens et musulmans ne soit pas un compromis entre les croyances, mais une rencontre entre les cultures. A ce sujet Benoît XVI avait écrit dans une lettre à Marcello Pera, philosophe libéral, disciple de Karl Popper et incroyant: “Un dialogue interreligieux au sens strict du terme n’est pas possible. Cela rend d’autant plus urgent le dialogue interculturel qui approfondit les conséquences culturelles de la décision religieuse de fond”.

 

L’article de Sandro Magister 

chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/209963?fr=y

ROMA, le 1er décembre 2008 – Ils ne se sont pas vus, pas parlé, mais ils ont soutenu, à quelques jours d’intervalle, des thèses étonnamment proches. L’un est le pape Benoît XVI, dans une lettre qui sert de préface à un livre; l’autre est un penseur musulman, Khaled Fouad Allam, qui a été le premier de sa religion appelé à écrire en une de “L’Osservatore Romano”, le journal pontifical. 

Leur proximité de pensée est d’autant plus surprenante qu’elle porte sur un sujet brûlant, les rapports entre le christianisme et l’islam, et que la dernière grande explosion de violence du radicalisme musulman, à Mumbai, a eu lieu il y a quelques jours. 

Benoît XVI a écrit, dans une lettre à Marcello Pera, philosophe libéral, disciple de Karl Popper et incroyant, auteur d’un livre publié en Italie ces jours-ci: 

“Un dialogue interreligieux au sens strict du terme n’est pas possible. Cela rend d’autant plus urgent le dialogue interculturel qui approfondit les conséquences culturelles de la décision religieuse de fond”. 

Dans “L’Osservatore Romano” du dimanche 30 novembre, Khaled Fouad Allam a écrit: 

“Depuis des décennies, les rapports entre musulmans et chrétiens comportent différentes dimensions, parmi lesquelles la confrontation sur le plan religieux, même si, bien souvent, on ne parvient pas à l’approfondir et à en montrer les lumières et les ombres, ce qui fait fréquemment apparaître notre incapacité à penser plus loin. […] C’est justement à cause de cette crise généralisée qu’il faut penser le dialogue entre le christianisme et l’islam dans sa dimension philosophique”. 

Allam voit dans l’explosion de la violence et de l’intolérance religieuses “le signal d’un mal que notre humanité est en train de vivre”. Ce mal a sa racine dans le “divorce entre l’histoire et l’éternité”. 

Alors que l’Occident tend à faire coïncider l’histoire avec le tout, l’islam radical veut “s’emparer de l’éternité” et par là “cherche à imposer l’ordre tragique de la tyrannie”. 

Pour guérir ce mal – continue Allam – il faut donc un dialogue entre christianisme et islam qui réunisse l’histoire et l’éternité, dans leurs racines culturelles et dans leurs effets, sur des sujets allant de la liberté religieuse à la bioéthique. 

Cela exige, d’une part, de “libérer l’islam du monopole de la théologie néo-fondamentaliste”, et de l’autre “une Europe qui retourne à ses racines, ouvertes aux autres continents”.

 

L’article “Les religions et le destin du monde” de Khaled Fouad Allam 

L’auteur, né en Algérie et citoyen italien, est musulman. Il enseigne aux universités de Trieste et de Stanford.L’intégralité de l’article paru dans “L’Osservatore Romano” du 30 novembre 2008, traduit en français, est donné dans:

chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/209963?fr=y

 

Texte (en italien) de la lettre (04/09/08) de Benoît XVI à Marcello Pera

 

Le texte intégral de la lettre de Benoît XVI à Marcello Pera, auteur de “Perché dobbiamo dirci cristiani”, Mondadori, Milan, 2008, est donné dans:

chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/209954