1 Introduction, les dessous d’une invitation de l’IMA

Sur le thème “Islam, les voies de la réforme“, le jeudi 19 février 2009, l’Institut du Monde Arabe était le cadre d’une double conférence donnée par deux professeurs d’islamologie: Tariq Ramadan qui venait de faire paraître “Islam. La réforme radicale. Ethique et libération” (Presses du Chatelet),et Dominique Urvoy auteur notamment de “Histoire de la pensée arabe et islamique” (Seuil, 2006), et avec Marie-Thérèse Urvoy de “L’Action psychologique dans le Coran” (Cerf, 2007), “Les mots de l’islam” (PUM, 2004), “l’Abécédaire du christianisme et de l’islam” (Editons de Paris, 2008).

Une remarque préalable sur la présentation de chacun des conférenciers en tant que “professeur d’islamologie” s’impose. Dans le cas présent il s’agit de deux conceptions très différentes de l’enseignement de l’islamologie, caractérisées par deux approches opposées de cette discipline universitaire. L’une d’elle est nouvelle avec une tendance à prolonger l’enseignement donné dans les pays arabes, tentation de beaucoup d’enseignants musulmans, de plus en plus nombreux à exercer en Occident dans ce domaine. Ceci conduit à substituer l’apologétique à l’analyse critique, d’où une menace pour la tradition universitaire des écoles occidentales en général, et la tradition universitaire européenne en particulier, caractérisées par une méthodologie rigoureuse, et des recherches objectives minutieuses.

La rencontre du 19 février à l’IMA a pour origine le dessein de Tariq Ramadan d’affronter publiquement Marie-Thérèse Urvoy, professeur à l’Institut Catholique de Toulouse, sollicitée par l’organisateur des “Jeudis de l’IMA”, depuis mi-octobre 2008, pour un face à face. La raison est la publication par l’universitaire toulousaine de plusieurs articles, dévoilant le fond de la pensée réformiste de Ramadan, qu’elle résume sous la forme “islamiser la modernité” (cf. [1] page 116) en reprenant le travail réalisé dès 2000 avec Jacques Jomier (cf. [2] page 74, colonne 2). Il s’agit là d’un thème (repris ensuite par certains auteurs dont Dominique Avon) contesté énergiquement par Ramadan dans son dernier livre “Islam. La réforme radicale. Ethique et libération” (cf. page 187), quand il dit “en quoi la volonté de rester fidèle à sa tradition religieuse et aux principes éthiques qu’elle a élaborés révélerait-elle une volonté d’islamiser la modernité?”. Or le fondement de la tradition mentionnée ici est le statut du Coran, considéré en tant que Parole de Dieu dans sa matérialité, donc intangible, source de la loi pour l’islam, dont certains aspects s’opposent aux lois des pays occidentaux. Ramadan veut ignorer ce que dit Marie-Thérèse Urvoy pour justifier l’expression “islamiser la modernité”, à savoir qu’une réforme radicale doit reposer en premier lieu sur “l’affirmation claire et explicite que le Coran est, pour le croyant, un livre inspiré – et non dicté – et qui transmet un message purement spirituel – et non une loi” (pour plus de détails voir le paragraphe “conclusion”). A ce sujet il faut noter que les penseurs, qui ont proposé ce type de réforme dans la seconde moitié du 20éme siècle, ont été soit contraints à l’exil (Nasr Hamid Abu Zayd’), soit condamnés à mort (Mahmoud Mohamed Taha), soit assassinés (Farag Foda). Dans la première moitié du 20éme siècle le philosophe égyptien Ali Abd al-Raziq, auteur de “Islam and the Foundations of Governance” (Al-Islam Wa Usul Al-Hukm) publié en 1925, a eu un meilleur sort en étant mis au ban de la société (voir la fin du paragraphe 2).

Ces éléments expliquent pourquoi Tariq Ramadan tenait à affronter publiquement Marie-Thérèse Urvoy, ce qu’elle a refusé, un tel cadre n’assurant aucune neutralité au plan d’échanges qui doivent rester de type universitaire, donc scientifique. Les droits de réponses dans les revues garantissent en effet cette fonction de façon plus sereine, et plus réfléchie. Il faut noter à ce sujet que le 31 mars 2004 Caroline Fourest et Fiammetta Venner, invitées par l’IMA pour présenter leur livre “TIRS CROISES, la laïcité à l’épreuve des intégrismes”, étaient tombées dans un véritable traquenard, avec un comité d’accueil particulièrement agressif. Voir:

tariqramadan.canalblog.com/archives/tariq_ramadan_contre_caroline_fourest/index.html

Pour la petite histoire: il est d’ailleurs probable que le ressentiment de Tariq Ramadan envers Marie-Thérèse Urvoy remonte à 1999. A l’époque elle s’était vivement opposée à la location de la salle des conférences de l’Institut Catholique de Toulouse pour son séminaire “Connaître l’islam” (refusé auparavant par l’Université Paul Sabatier), et avait obtenu le non-renouvellement du contrat de location bihebdomadaire pour l’année suivante.

En l’absence de Marie-Thérèse Urvoy, l’organisateur des jeudis de l’IMA a proposé à son époux Dominique Urvoy d’intervenir en présence de Ramadan le 19 février 2009. L’accord s’est fait début janvier sur un sujet concernant une “Réflexion philosophique sur le réformisme”, sous forme d’une double conférence de 20 minutes chacune. Il est alors intéressant de noter que, jusqu’au 18 février 2009, le site de l’IMA a annoncé la seule conférence de Tariq Ramadan sur le thème “Islam, les voies de la réforme“, lié au livre qu’il venait de faire paraître. L’organisateur a expliqué cet énorme retard par des problèmes techniques. Le 18 février, en début d’après-midi, la participation de Dominique Urvoy était enfin annoncée, mais sans mention de “Réflexion philosophique sur le réformisme”, le titre restant celui imposé par Ramadan. Pour rester neutre disons que l’enchaînement de ces événements est plutôt curieux. Le hasard l’explique-t-il réellement? Toujours est-il que le 19 février plus de 80% des auditeurs étaient des “supporters” de Ramadan, dans une salle comble aux limites des normes de sécurité.

2 Les conférences

Tariq Ramadan a parlé le premier près de 40 minutes. Les 10 premières minutes était en fait une présentation de son livre, le reste étant une “apologétique” en faveur de ses choix. Son exposé était axé sur la nécessité d’une réforme de l’interprétation des textes sacrés de l’islam, se présentant implicitement comme l’acteur apte à mener cette tâche. Ainsi il propose une évolution du droit musulman (fiqh) par création de commissions mixtes constituées d’oulémas et d’experts de différents domaines, un soin particulier étant attaché à la communication des résultats de ces travaux à la communauté des fidèles (la Umma). Ce point concerne bien sûr l’islam occidental, qui se distingue de l’islam sur ses territoires. En développant son sujet, Ramadan a par ailleurs eu l’occasion de se présenter aussi comme victime d’accusations totalement infondées (voir celles de l’article [3]), et celle de vouloir “islamiser la modernité”, qui visait directement Marie-Thérèse Urvoy, ainsi que tous ceux qui se sont exprimés après dans le même sens.

La façon dont le débat a été mené, dans le cadre questions-réponses, a laissé peu de place à la conférence de Dominique Urvoy. Celui-ci a eu environ 13 minutes pour montrer la vanité de telles réformes avec le maintien du Coran considéré comme parole de Dieu dans sa matérialité, donc inaccessible à l’exégèse critique, et l’analyse historique. Au passage notons que ce point fait toute la différence entre “réformateur” et vrai “libéral”, sachant qu’on parle déjà de réformisme à propos du mouvement salafi. Dominique Urvoy a fait apparaître le projet de Tariq Ramadan comme ne visant pas à réformer l’islam, mais les musulmans vivant en Occident. Il s’agit d’une réforme de type “programmatif”, déjà proposée par Mohamed Arkoun et Abdelmajid Charfi, qui n’a jamais pu donner lieu à une mise en pratique. Elle revient à proposer un “islam à la carte”, mais sans remise en cause du statut du Coran en tant que “Livre de Dieu”, et “noyau” de la loi. A une intervention de Tariq Ramadan, “le catholique que vous êtes doit savoir que les dogmes sont fondés sur les textes”, Dominique Urvoy a pu faire apparaître l’une des différences fondamentales entre textes saints de l’islam, et ceux du Nouveau Testament, en répondant “bien sûr les dogmes sont fondés sur des textes, mais pour le christianisme ils ne portent pas sur une loi comme pour l’islam”. Tariq Ramadan ignore-t-il que la seule loi des évangiles, la double loi d’Amour (Dieu et le prochain), est un message purement spirituel?

En dar al harb (la maison (ou terre) de la guerre, c’est à dire les pays non musulmans) s’affirmer réformateur de l’islam, et de plus parfait démocrate, ne peut qu’attirer la sympathie d’intellectuels et clercs naïfs, ignorants ce qu’est la pratique de la taqqiya (la dissimulation), règle dans les relations avec les infidèles (les non-musulmans), lorsque le rapport de force est en faveur de ces infidèles. Ces intellectuels et clercs ne voient pas que l’un des traits caractéristiques de l’islam, religion de la Sunna (la tradition prophétique, le prophète étant le beau modèle à suivre), est son esprit conservateur. Ils ne discernent pas que les réformes, proposées par de nombreux penseurs d’un “islam des lumières” destiné à séduire les occidentaux, se réduisent bien, comme le disent Jacques Jomier et Marie-Thérèse Urvoy, à une “islamisation de la modernité”. En effet il n’est pas question de modifier le statut du Coran, sous-ensemble de la “Mère (ou matrice) du Livre” [4] qui se trouve en permanence devant le Trône de Dieu, transmis auparavant aux juifs et aux chrétiens qui ont falsifié le message divin.

Dans la première moitié du 20éme siècle Ali Abd al-Raziq défendait l’idée que l’islam doit être un message uniquement spirituel et moral. Il mettait en cause la notion d’état musulman via une analyse radicale, véritable appel à la laïcité [5], ce qui l’a conduit à finir sa vie au ban de la société. Plus tard, suivant la même voie, le soudanais Mahmoud Mohamed Taha, de formation soufie, a bien essayé en 1967 de plaider l’abandon de pans entiers du Coran. En effet, inversant la règle de la “doctrine de l’abrogation” (cf. www.notredamedekabylie.net/Dialogueislamochrétien/DuvocabulairedelIslam/tabid/97/articleType/ArticleView/articleId/428/Abrogation-article-de-Dominique-et-MarieTherese-URVOY.aspx), il considérait “abrogée” toute la partie du Coran révélée à Médine, dans la mesure où elle apporte des règlements particuliers outrepassant le message général de la période mecquoise. A ce sujet il faut rappeler que les versets qui prônent la violence sacrée contre les infidèles (dont en particulier les versets 5 et 29 de la sourate 9 [6]), et édictent des lois, correspondent à la période médinoise. Les versets qui prêchent l’indulgence ou la tolérance (tels que “pas de contrainte en religion”), les premiers dans l’ordre chronologique, sont ceux de la période mecquoise. Ils sont considérés comme abrogés par la théologie musulmane. Taha ramenait la question religieuse au niveau de la seule foi, et montrait les risques résultant d’un attachement aux prescriptions. Considéré comme apostat envers la parole de Dieu, il a été exécuté [5].

3 Quelques éléments de la pensée réformiste de Tariq Ramadan




Le père Jacques Jomier, décédé le 7 décembre 2008, est l’une des grandes figures de l’école occidentale d’islamologie, dont le travail est basé sur l’analyse critique, une méthodologie rigoureuse, et des recherches objectives. Comme noté dans l’introduction, cette tradition universitaire, s’oppose à la nouvelle école qui, en Occident, prolonge l’enseignement donné dans les pays arabes, privilégiant souvent l’apologétique dans l’enseignement et la recherche. Dans ce contexte, via un article de la revue Esprit et Vie [2],le père Jomier a pu disséquer certains aspects de la pensée réformiste de Ramadan, porte-parole le plus connu de la nouvelle école d’islamologie. Ceci a été fait par une recension de deux de ses livres [7] et [8], dont on peut retenir plus particulièrement les points qui suivent.

– “Pour lui (Ramadan), l’islam a tout prévu, même la façon de traiter des problèmes nouveaux. Il n’est donc pas question pour lui de moderniser l’islam, mais d’islamiser la modernité, pourrait-on dire” ([2] page 74, colonne2).

– A propos du livre [7] Jomier dit: “L’argument central de cette apologétique est massif. La laïcité est comprise en Occident comme le résultat d’un processus de libération par rapport à l’oppression que l’Eglise catholique, son dogme et son clergé ont fait peser sur les intelligences et les sociétés pendant des siècles. Or une telle oppression n’a jamais existé dans l’islam. Aussi n’y a-t-il pour les occidentaux aucune raison de s’opposer à la présence de l’islam” ([2] page 75, colonne1). Les objections occidentales contre la religion, et plus particulièrement le catholicisme, ne concerneraient donc pas l’islam?

– Mentionnant l’aspect naturel de la doctrine de Ramadan, “l’islam est à la fois religion et communauté”, Jomier reproduit ([2] page 75, colonne2) cette citation de la page 42 du livre [7]: “l’islam dans son essence dépasse le domaine du mot «religion». En effet il ne s’agit pas seulement d’une codification des règles qui lient l’homme au Créateur; bien plutôt l’islam investit le champ social et l’influence de façon conséquente” (partie non soulignée dans le texte original).

– A propos de l’ouvrage [8] Jomier note “L’ensemble du livre reprend l’apologétique des réformistes musulmans, mettant une citation coranique en face de chaque grande idée moderne” ([2] page 76, colonne2). Ramadan suggère ainsi que les disciplines islamiques traditionnelles étaient très en avance sur notre temps. Pour être plus convaincant son argumentation est présentée en utilisant des mots et images familières pour les occidentaux, dont “Notre message c’est l’amour” ([8] page 16).

L’article de L’Express [3] (reproduit sur le site:www.de-la-vie.com/6-religions/reflectionssectes/18-raisonnement-habile/raisonnement-habile.htm), et l’interview de Ramadan dans L’Express [9], complètent l’information sur sa pensée réformatrice, et la façon de la présenter. En particulier, reprenant des extraits de cassettes des discours de Ramadan, publiées par les Editions Tawhid (Lyon), l’article [3] les classe en onze thèmes: “Respecter la Constitution… sauf si elle s’oppose à l’islam!“, “Prêt à combattre pour défendre l’identité musulmane”, “La laïcité à la mode Ramadan”, “De l’obsession de la pudeur à celle de la non-mixité”, “Le voile comme étendard”, “Eduquer nos enfants dans le message”, “Indulgence sémantique envers les intégristes”, “Moratoire pour la lapidation”,” Double discours”, “Virtuose de la rhétorique, L’art du mensonge…”, “Etablir des «sphères de collaboration»”

Notons que, abandonnant la taqqiya, Metmati Maâmar auteur du livre “L’Islam made In France”, attaque violemment Tariq Ramadan pour son acceptation de l’intégration des musulmans en France. Pour Metmati Maâmar: “s’intégrer aux mécréants est une apostasie”. Il s’agit là d’un profond désaccord tactique, voir les deux vidéos:

www.dailymotion.com/relevance/search/metmati/video/x6ey03_lintegration-1-metmati-maamar-wwwed_news (partie 1) www.dailymotion.com/relevance/search/metmati%2Bintegration/video/x6ey0m_lintegration-2-metmati-maamar-wwwed_news (partie 2)

4 Conclusion

Le chapitre “Pluralisme religieux et stratégies islamistes en Europe” (pages 113-126), rédigé par Marie Thérèse Urvoy, dans l’ouvrage collectif “Pluralisme religieux. Quelle âme pour l’Europe?” [1] permet de mieux discerner ce qui est caché derrière les séduisants projets de réforme. On peut ainsi lire:

– “Tablant sur la complaisance des Occidentaux s’est mis en place un nouveau genre de propagande islamique appelé «les nouveaux penseurs de l’islam», genre contenant divers aspects et différents niveaux très contrastés mais amalgamés dans le cadre très suggestif d’un «islam des lumières». Son trait principal consiste en un usage intensif du vocabulaire et des thèmes des disciplines modernes (sémantique, sémiotique, herméneutique…) pour parler de l’islam. ….. On garde le fond ancien, mais dans une forme moderne susceptible d’être entendue par l’occidental et le séduire, puisque issu de son mode d’expression, ce qui a en outre l’avantage de suggérer que les disciplines islamiques traditionnelles étaient en fin de compte très en avance sur notre temps” ([1], pages 122-123)

– “Comme beaucoup de musulmans ces auteurs ne sont pas des extrémistes. Mais ils veulent faire admettre par l’Occident le même islam que ceux-ci, simplement habillé autrement et débarrassé de certains aspects choquants. Mais pas de tous, comme le prouve le fait que dans la dernière mouture de la charte des musulmans de France, le droit de changer de religion a été supprimé sans que cela soulève de grandes protestations” ([1], page 126). Ici Marie-Thérèse Urvoy fait allusion au fait que, pour organiser le culte musulman,le ministre de l’Intérieur Chevènement demandait une reconnaissance de la liberté religieuse. Les musulmans, en particulier l’UOIF, refusèrent cette clause. Le ministre laïque s’est exécuté en retirant l’article sur le droit de changer de religion (cf. en particulier le livre de François Jourdan “Dieu des chrétiens, Dieu des musulmans“, page 62).

Dans un autre article, paru sous le titre “Une patience géologique” [10], Marie-Thérèse Urvoy définit le cœur du problème de la réforme pour l’islam, lorsqu’elle conclut:

“Si l’on veut que l’expression «islam libéral» couvre autre chose qu’une accommodation circonstancielle – justifiée au demeurant par la taqqiya, la «dissimulation légale»-, il faut qu’il repose en premier lieu sur l’affirmation claire et explicite que le Coran est, pour le croyant, un livre inspiré – et non dicté – et qui transmet un message purement spirituel – et non une loi (partie non soulignée dans le texte original). Dans les pays où l’islam est majoritaire, beaucoup de musulmans en sont convaincus, mais ne peuvent le dire puisqu’ils courent le risque d’être contraints à l’exil comme Nasr Hamid Abu Zayd, ou assassinés comme Farag Foda. Alors, il faudrait qu’en Occident tout soit mis en œuvre pour permettre leur libre expression. De quelle manière? Ne sommes-nous pas contraints à une patience géologique?“.

Nasr Hamid Abu Zayd’, l’un des théologiens libéraux les plus connus, est un professeur d’études islamiques. Son œuvre cherche à interpréter le Coran par une herméneutique humaniste. Il souffrit de persécution religieuse pour ses opinions sur le Coran. En 1995, il fut promu difficilement professeur titulaire, mais une polémique sur ses écrits enfla et mena à l’annulation de son mariage pour apostasie. Après la décision de la Cour Egyptienne, et sous la menace de mort de groupes fondamentalistes, il s’enfuit en Hollande, où il réside depuis (cf fr.wikipedia.org/wiki/Nasr_Hamid_Abû_Zayd). Farag Foda était un écrivain égyptien, défenseur des droits de l’homme, assassiné le 8 juin 1992. Avant sa mort, Farag Foda avait été déclaré apostat et ennemi de l’islam. Un savant d’Al-Azhar, Mohammed al-Ghazali, témoignant devant le tribunal jugeant les assassins, a déclaré qu’il était juste de tuer un ennemi de l’islam: “L’assassinat de Farag Foda est en fait l’application de la sanction contre un apostat [11]” (cf. en.wikipedia.org/wiki/Farag_Foda).

Remerciements. Madame le Professeur Marie-Thérèse Urvoy a eu l’amabilité de répondre aux nombreuses questions qui lui ont été posées sur le sujet de cet article.

Références

[1] “Pluralisme religieux et stratégies islamistes en Europe” (pages 113-126), rédigé par Marie Thérèse Urvoy, dans l’ouvrage collectif “Pluralisme religieux. Quelle âme pour l’Europe?” (Editions de Paris, 2005).

[2] Jacques Jomier “L’islam et sa présence en Occident suivant les perspectives d’un frère musulman”. Esprit et Vie, n° 4, 17 février 2000, pages 74-82.

[3] “L’homme qui veut instaurer l’islamisme en France”(avec extraits de cassettes de Tariq Ramadan). L’Express, 18/10/2004, pages 26-34.

[4] Le Coran est une “part” de la révélation, la version complète étant Um al Kitab (la mère du Livre). Cette part est considérée comme la plus juste, choisie par Dieu pour la transmettre à l’humanité, avec le dernier prophète, élu de Dieu comme messager (rasoul).

[5] Marie-Thérèse Urvoy “Ali Abd al-Raziq“. Article paru dans: Le Nouvel Observateur (hors série “Les grands penseurs de l’islam”), avril-mai 2004.

[6] Les versets, incitant à la paix et au pardon de la période mecquoise, sont abrogés par deux versets de la Sourate 9 (“Le repentir“, At-Taubah) de la période médinoise:

Verset 5: “Après que les mois sacrés expirent, tuez les associateurs (i.e. les chrétiens qui associent à Dieu deux autres divinités) où que vous les trouviez. Capturez-les, assiégez-les et guettez-les dans toute embuscade. Si ensuite ils se repentent, accomplissent la Salat et acquittent la Zakat, alors laissez-leur la voie libre, car Allah est Pardonneur et Miséricordieux.”

Verset 29: “Combattez ceux qui ne croient ni en Allah ni au Jour dernier, qui n’interdisent pas ce qu’Allah et Son messager ont interdit et qui ne professent pas la religion de la vérité (i.e. l’Islam), parmi ceux qui ont reçu le Livre (i.e. les juifs et les chrétiens), jusqu’à ce qu’ils versent le tribut par leurs propres mains, avec une soumission volontaire, après s’être humiliés.”

[7] Tariq Ramadan “Les musulmans dans la laïcité. Responsabilité et Droits des musulmans dans les sociétés occidentales”. Editions Tawhîd (Lyon), 1994, 151 pages.

[8] Tariq Ramadan “Islam. Le face à face des civilisations. Quel projet pour quelle modernité?”. Editions Tawhîd (Lyon), 1995, 2ème édition, 445 pages.

[9] “Inventons une culture islamique européenne” interview de Tariq Ramadan, L’Express 18/10/2004.

[10] Marie-Thérèse Urvoy “Une patience géologique”. Article paru dans Le Nouvel Observateur(hors série “Les grands penseurs de l’islam”), avril-mai 2004, pages 61-62.

[11] Voir aussi l’article 306 de la Constitution de la République Islamique de Mauritanie: “Chaque Musulman coupable du crime d’apostasie, soit par mot ou par action, sera invité à se repentir sur une période de trois jours. S’il ne se repent pas dans cette limite du temps, il sera condamné à mort comme un apostat et sa propriété sera confisquée par la Trésorerie.” Voir aussi l’article : www.notredamedekabylie.net/Dialogueislamochrétien/DuvocabulairedelIslam/tabid/97/articleType/ArticleView/articleId/417/Apostasie-par-MarieTherese-Urvoy-et-Eric-Chaumont.aspx