Cette rencontre était destinée à témoigner devant les paroissiens des églises qui veulent bien nous accueillir et nous écouter dans la région parisienne.

À 15h00 précise, nous étions devant la crypte de l’église Ste Jeanne d’Arc.

Une salle, pouvant contenir une soixantaine de personnes, s’est assez vite remplie, à notre grande surprise, aux trois-quarts.

Une assistance attentive et émue qui a écouté dans l’ordre :

– Xavier qui a expliqué les raisons du choix de la paroisse, et qui a fait précéder les témoignages d’une prière.

– Moh-Christophe de la Communion de prière Mère Qabel, dont il résume les buts et sa raison d’être depuis sa fondation (juillet 2001). Il attire ensuite l’attention des auditeurs, majoritairement Français de souche, que, s’ils étaient amenés à parler de l’islam, c’est à cause de l’interdiction de choisir librement sa foi, que prétendent imposer les représentants de cette religion à tous ceux qui, de près ou de loin, sont considérés comme musulmans. Quitter l’islam et devenir chrétien est donc un combat légitime, ne serait-ce que sur le plan de la liberté religieuse : un droit inaliénable à choisir, librement, devant Dieu et devant les hommes, sa croyance. Ce droit étant par ailleurs universellement reconnu.

– Ugustan, de Notre-Dame de Kabylie est le premier témoin. Il fait partie de cette génération d’immigrés à qui les parents n’ont pas transmis la foi musulmane, si ce n’est dans ses aspects culturels. Il témoignera cependant des risques que tout disciple du Christ prend en vivant sa foi, sans ostentation mais sans se cacher, dans une ville de banlieue parisienne, alors que son propre père, bien que pratiquant, n’y trouve rien à redire. Il informe enfin de l’action de l’association Notre-Dame de Kabylie depuis qu’il en est un des responsables, où il a constaté l’absence de soutien de certains chrétiens, à notre égard, plus prompts à se lancer dans le dialogue interreligieux qu’à témoigner de leur foi auprès de ceux qui cherchent le Dieu de Jésus Christ.

Une pause d’une demi-heure permet à l’auditoire de poser des questions, nombreuses et pertinentes, qui montrent tout l’intérêt d’une telle rencontre.

– Le second témoin est Augustin M. Il a compris qu’il faisait fausse route le jour où il a découvert dans le journal indépendant le Matin, lors de l’inondation catastrophique à Bab-el-Oued, ce propos d’un haut responsable algérien : « ce châtiment divin est mérité ! » Considérant qu’il ne pouvait être plus compatissant que son Créateur, il a récusé, à partir de cet instant, une telle image de Dieu. Et il nous a fait partager sa joie d’avoir enfin découvert, en Jésus Christ, le vrai visage d’un Dieu aimant toutes ses créatures, qu’il a accepté comme Père par son baptême dans l’église St Nicolas, en 2005.

– Saïd prend la parole à son tour. Il nous fait part de sa jeunesse en banlieue, dans ces cités dortoirs réservées, immanquablement aux immigrés, d’où qu’ils viennent, du Maroc ou de Tunisie, avec le regard pesant d’autrui dans lequel on cherche en vain à lire un peu de compassion. C’est cette compassion qu’il remarque chez un couple chrétien qui va le faire évoluer vers Christ, que l’une de ses sœurs a déjà rencontré et qu’elle ne renie pas malgré les injonctions de la famille. Sa découverte du pardon de Dieu, qu’il doit solliciter à son tour, de tous ceux qu’il a offensé, ce pardon qu’il donne ensuite à son propre père, sur son lit d’hôpital, est bouleversant. Saïd est à présent père de famille et pasteur de l’Eglise évangélique. Et il sert ses frères dans ce même esprit évangélique, plein de zèle.

– Yaliwas, un peu comme Augustin M., a renoncé de croire en Dieu après toutes les injustices et les malheurs vécus dans une société pourtant totalement religieuse. Mais ses déconvenues prennent fin le jour où il entend parler du Dieu Amour ; or celui qui lui en parle le met en œuvre dans sa vie avec abnégation, en dépit des difficultés quotidiennes. Ballotté un temps entre les Eglises, pourtant coopératives sur le fond, mais pas sur la manière d’enseigner, il obtiendra son baptême bien des années après, une fois établi en France. Comme Saïd il est prêt à servir son Seigneur et son Dieu, tout en vivant sa foi avec ferveur et constance, malgré les difficultés et les rejets de toutes sortes.

Nous avons écouté à nouveau les questions des personnes présentes dans la salle, dont les applaudissements, après chaque témoignage, signifiaient indéniablement leur reconnaissance pour ces partages très forts et émouvants. Leurs demandes insistantes sur la manière de nous aider ont touché tous les témoins.

Et il a fallu l’intrusion des gens chargés de remettre en place la salle pour que les assistants en sortent, tant ils voulaient continuer à échanger avec nous.

Nos vifs remerciements vont à Anne et à Xavier : ils nous ont offert l’hospitalité, faute d’une salle, pour le déjeuner, après la messe de 11h30.

De même, un certain flou ayant régné, sur l’endroit exact de notre réunion, ils ont tout fait pour qu’elle se déroule à l’heure.

Ces petits désagréments montrent qu’il y a encore du travail à faire, afin que certains prêtres et curés réalisent l’importance et la nécessité d’accueillir les néo-chrétiens ; enfin la joie, la reconnaissance que nous ont témoignées les paroissiens de Ste Jeanne d’Arc, les compensent largement, puisque la plupart ont souhaité que nous renouvelions cette expérience chez eux.

Gloire à notre Dieu qui veut que tous les hommes Le connaissent et Le confessent librement !

Qu’Il soit loué pour les siècles des siècles de nous avoir appelés à être ses enfants adoptifs, par Son Fils bien-aimé Jésus Christ, notre Seigneur.

Parce qu’Il nous a créés libres, nul ne peut, sans enfreindre sa colère, nous enlever cette liberté de choisir.

Et Jésus Christ est notre lumière et c’est Lui que nous avons choisi, parce que, Lui en premier, nous a choisis.

Nous redisons cela en pensant à nos frères d’Algérie et d’ailleurs, à qui cette liberté est refusée ; en se rappelant Hamid, notre frère martyr pour sa foi, dont la mort était seulement connue de Saïd, Moh-Christophe et Ugustan.

Le petit frère, le 21/03/06.