Mère Qabel à Saint-Augustin

   Une petite troupe de pèlerins, un peu transis de froid mais heureux de se retrouver au pied de la chapelle de Saint-Aubierge, s’est rassemblée à l’intérieur pour la prière du départ. Ce petit troupeau du Seigneur salué par un cheval bienveillant et par des chiens vigilants et hargneux, a défilé dans la petite vallée ombragée et baignée de la lumière discrète du printemps, en égrenant le chapelet et en méditant les mystères glorieux. Quelques retardataires ont rejoint la procession et tout le monde s’est retrouvé dans l’église de Saint-Augustin pour la messe concélébrée par le P.Nassif. Le Père Nassif, prêtre maronite libanais, de rite syro-chaldéen, a prononcé les paroles de la consécration en araméen, la langue maternelle du Christ, la langue même dans laquelle a été célébrée la première messe de l’histoire du monde, la Cène. Instant très émouvant pour nous comme il a dû l’être pour les Apôtres lors de la Sainte Cène du Jeudi Saint.

Départ de la chapelle de St Aubierge

   Les agapes fraternelles se sont ensuite déroulées dans la salle des fêtes municipale dans la joie des échanges, des présentations ou des retrouvailles.
  Puis le Père Nassif s’est adressé à tous en nous faisant part de son expérience sacerdotale au contact des musulmans. Avec un talent de conteur confirmé, il nous a assuré que Jésus est au cœur de plus de musulmans que nous le croyons ; aussi nous devons apprendre à  le leur faire découvrir. Pour cela, il nous a proposé la méthode de Jésus lui-même : regarder Jésus et faire comme Lui. Face à quelqu’un qui cherche à discuter argument contre argument il faut d’abord éviter l’affrontement et faire silence. Exemple de la rencontre avec la Samaritaine au puits de Jacob : elle attaque d’abord sur un problème qui divise les Juifs et les Samaritains, mais qui, en réalité, n’a rien à voir avec sa vie personnelle et constitue plutôt une manœuvre de diversion. Mais soudain Jésus la ramène à ce qu’elle vit et…c’est le choc décisif qui l’ébranle au point de se précipiter vers le village pour annoncer la présence du Messie au puits !
   Selon le Père Nassif, la meilleure base pour un dialogue avec les musulmans est l’Évangile selon Saint-Matthieu. Puisque la mentalité musulmane est très semblable à celle des scribes et des pharisiens du temps de Jésus auxquels s’adresse Matthieu.
     Il nous conte ensuite une anecdote émouvante. Il est invité un jour à venir administrer le dernier sacrement à un chrétien qui se meurt à l’hôpital. Mais on lui dit qu’il y a deux mourants dans la même chambre, et l’autre est… musulman ! Pas question de se tromper de mourant et surtout rester discret ! Donc, le P.Nassif dit simplement bonjour en entrant au musulman et à sa femme qui veille sur lui. Le Père ayant accompli sa mission, dit au revoir à tout le monde. C’est alors qu’il entend une voix au moment de franchir la porte : « Et moi ?! ». Le P.Nassif lui fait remarquer qu’il ne peut rien pour lui puisqu’il n’a pas la foi chrétienne. L’homme insiste alors que sa femme essaie de le faire taire. Nouveau refus du Père : il faut croire en Jésus-Christ Fils de Dieu ! Après quelques minutes de ce petit jeu, face à sa mort imminente, l’homme, faisant fi de la présence de sa femme, décide de dévoiler sa foi. Il écarte son pyjama et montre à tous, pendus à son cou, une croix et la Médaille Miraculeuse ! Les voies de Dieu sont impénétrables… et Il n’abandonne jamais ses enfants.

   Le Père Nassif nous conte aussi les difficultés et les peurs suscitées par les demandes de baptême de musulmans, même au niveau hiérarchique le plus élevé, notamment en pays musulman, y compris le Liban.

Alain de M.

Dans la salle municipale en 2006

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En conclusion, c’est tout l’enseignement de Jésus, en particulier celui de la franchise (que votre oui soit oui et que votre non soit non) et celui du pardon (l’amour des ennemis n’existe dans aucune autre religion), que le vrai disciple doit mettre en pratique pour l’annonce de l’évangile aux musulmans. Cela passe par une attitude et un comportement définitivement chrétiens. Cela signifie surtout qu’en imitant ainsi le Christ dans l’affirmation de la vérité, il peut arriver que nous en subissions les conséquences : persécution et rejet.

Or tout cela ne peut se faire qu’en fréquentant Jésus au quotidien, dans la fidélité à son baptême, comme il nous le recommande dans saint Jean 15,5: Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruit,carsans moi vous ne pouvez rien faire.

Moh-Christophe