Accueillir et partager: texte de la Petite feuille verte PFV

 Il nous est donné de lire, année après année, des témoignages de musulmans et de musulmanes qui racontent leurs chemins de conversion. Chemins qui ont de nombreux points communs.

 Une évasion à risques…

 Au départ, il y a un “moment providentiel” (rencontre, lecture, songe, vision) qui rejoint un désir profond de rechercher la vérité.

Mais alors, celui ou celle qui veut aller plus loin, qui veut quitter l’Islam, doit franchir deux murs d’enceinte.

 D’abord, comment en savoir plus sur le christianisme ? L’accès à la Bible lui est complètement verrouillé dans les pays d’Islam et il y a toujours un gros risque de se faire remarquer si on cherche à s’en procurer une, même au Liban ! Ce que le musulman en sait a priori est complètement déformé (Trinité, divinité du Christ) et c’est pour lui une surprise essentielle  de découvrir l’écart entre ce qui, en Islam, est colporté sur la Bible, et la réalité.

 Ensuite, aux yeux de l’Islam, “l’apostat”, est prévenu qu’il risque :

– sur la terre : la mise à mort par sa communauté, même si elle n’est pas toujours physique (1),

– après sa mort : l’enfer (peur largement entretenue comme dissuasion efficace) (2).

 S’il peut et veut échapper à ces menaces ici-bas, il est condamné à une clandestinité plus ou moins sévère (y compris par rapport à sa propre famille et son propre conjoint)… ou à l’exil (et même là il lui faudra encore se cacher, comme on le constate en France).

 Et après ?

 Pour “l’évadé(e)”, le chemin à risques est loin d’être terminé ! Il lui reste bien des obstacles à franchir pour être accueilli chez les chrétiens

– Comment trouver quelqu’un à qui me confier en toute confidentialité, qui pourra m’éclairer et me donner les bonnes adresses ? (ce qui est plus que difficile en pays musulman où le prosélytisme est interdit et pourchassé, et pas si facile en pays occidental, comme nous allons le voir) ?

– Comment pouvoir recevoir la formation préalable au baptême avec une vraie catéchèse qui devra établir une distinction claire entre la foi chrétienne et les croyances de l’Islam, sans concession au “religieusement correct” ambiant ?

– Comment être accueilli dans une communauté pour ne pas rester, une fois baptisé, dans la solitude spirituelle et pour être, si nécessaire, aidé matériellement ?

 Du côté des chrétiens ?

 Généralement, les chrétiens de la “grande Église latine” ignorent les sociétés orientales en particulier arabes. Ils sont habitués à prendre tous les “arabes” pour musulmans, ou sont persuadés qu’il est impossible à un musulman de venir au Christ, ou même iront jusqu’à leur déconseiller, pour éviter des tas de problèmes, de se convertir.

Sous couvert de Vatican II, nous assistons à un “dialogue interreligieux”, pour le moment quasi monopolisé, qui bride délibérément l’identité chrétienne devant l’identité islamique qui, elle, n’a pas ces scrupules.

Trop de chrétiens sont timorés sur leur vision de Dieu, dont l’Amour foncier s’exprime par une altérité interne à Lui-même (Trinité) et externe (Alliance biblique allant jusqu’à l’Incarnation et la Rédemption par son Cœur ouvert à tous).

Etant donnée la susceptibilité islamique qui s’impose et réclame de plus en plus, c’est malheureusement la règle du sens unique en faveur de l’Islam et en défaveur du christianisme qui joue.

 Pour le droit d’être chrétien

 C’est un devoir pour les chrétiens d’ouvrir leur cœur et la porte de leurs communautés à ceux qui ont eu le courage de “s’évader”. Pour cet accueil et pour ce partage, les chrétiens ont donc à se former, à se préparer et à s’organiser (3).

Emmanuel Ghidan – 15 février 2011 – PFV 81

(1) Peine de mort : Coran 4,89 + hadiths  (2) Enfer : 2,217 – 3,86-91.106 – 4,14.115.137 – 13,25 – 16,106.

 (3) C’est ce que veut faire l’association “Eleutheros… pour le droit d’être chrétien”, créée le 23 janvier. Eleutheros ? Un adjectif grec qui signifie “libre” ! La PFV vous en reparlera.