Un arbre priant, quoi d’étonnant, mise à part qu’il ne prie pas comme les hommes. Du reste les hommes ne prient pas tous pareils. On peut les classer en trois categories : ceux qui prient tournés vers le ciel, ceux qui prient tournés vers la terre et ceux qui ne prient pas. Ces derniers nous allons les traiter …en dernier car leur cas est difficile. En effet ils croient qu’ils ne prient pas, mais en verite ils prient plus que les autres.

1) Prier la tête tournée vers le ciel, c’est le cas le plus courant.

Comme nous l’apprenons avec la tradition biblique, validée par le Christ, le vrai Dieu se trouve dans le ciel. Or nous nous adressons a Lui, de sorte que notre prière monte, en direction des hauteurs. D’ailleurs c’est l’autre nom de Dieu : le Très-Haut. Ce qui explique pourquoi les montagnes ont souvent été les lieux privilégiés où Dieu a parlé aux hommes, comme on le voit avec Moïse au Sinaï et, bien sûr, avec Jésus, sur le mont Thabor, où il fit le discours sur la montagne.

Mais chez les païens aussi le ciel ou, plutôt, les montagnes, sont généralement des lieux de residence des dieux : l’Olympe pour les Grecs et les Romains par exemple. Cependant prient-ils les yeux tournés vers le ciel ? C’est une autre affaire : leurs dieux sont bien trop humains. Car prier les bras levés vers le ciel, ne suffit pas. De sorte que, spirituellement parlant, leurs prières n’aspiraient pas à l’union avec le divin. Ou à y ressembler : « Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait. » (Mat. 5:48) Pas plus qu’ils ne cherchent à faire sa volonté. Jésus en effet nous montre que le sommet de l’amour de Dieu c’est de chercher à ne faire que sa volonté.

  2) Prier la tête tournée vers la terre.

Les fidèles de la Pachamama sont les exemples qui viennent à l’esprit : leur pratique ancestrale, toujours actuelle, est de prier la tête tournée vers la terre. Bien évidemment c’est une pratique tout ce qu’il y’a de païen, pour les premiers priants dont nous venons de parler : Dieu n’est pas dans le sol ! Et nous pouvons constater que, tout comme pour les Gréco-romains, les croyants de la Pachamama n’aspirent pas à s’unir à leur dieu ni à s’abandonner à sa volonté. Comme pour ces païens de Grèce et d’Italie de l’antiquité, les croyants de la Pachamama ne connaissent qu’une forme de prière, celle de se conformer aux directives transmises par les anciens pour ne pas déplaire à la divinité. Et pour s’attirer ses faveurs et ne pas s’exposer à ses colères.
Pas question de chercher à ressembler à son dieu, ou de s’abandonner à sa volonté, à s’unir spirituellement à lui. Même l’espoir d’une rencontre future, face à face, est impensable. Pas de mélange des genres, entre les mortels et leur dieu, dont on ne sait ni quand ni à qui il s’est révélé pour attester de son existence et pour connaître ses désidératas.

3) Ceux qui disent ne pas prier, sont sûrement les plus nombreux au monde, en ce 21eme siècle.

Toutefois ils trompent leur monde justement, Car si l’on s’en tient à la prière élémentaire des païens, qui est de se préserver des colères des dieux, ils passent leur temps à prier. Pourquoi ?
Parce que se disant des croyants de ce qu’ils voient et qu’ils peuvent toucher (comme st Thomas), et non pas des croyants de ce qu’ils ne voient pas, ils ont du coup une multitude de dieux. Bien plus que les polythéistes de l’Inde. En effet n’ayant pas un seul Dieu, ou quelques dieux bien spécifiques et bien connus pour leurs colères, ils prient tous ceux qui peuvent leur faire du tort. Or il y’a pléthore quelque soit la contrée ou le sous-continent où vivent généralement ces « croyants incroyants » : tous les employés administratifs, tous les gendarmes et policiers qui peuvent exister, sans parler des chefs et petits chefs de toutes sortes. Et des chefs qu’ils ne voient pas mais qui ont de l’autorité ; et qui peuvent leur tomber dessus à l’improviste : les contrôleurs des impôts, de trains ou d’autobus. Tous il faut les prier, les supplier et les amadouer, de crainte de subir leurs fulminations, leurs impositions ou leurs amendes. Voire plus encore, des emprisonnements.

4) De l’arbre débonnaire.

Un arbre priant ne connaît qu’un Dieu : son créateur. Et donc sa prière ne s’adresse qu’à lui. Et s’il n’a pas besoin de parler, c’est qu’il l’a ainsi fait. C’est dans son ADN, et son unique « logi-ciel » !  Et quelle est sa prière donc ?

Nous savons que, d’après la prière que nous a laissée Jésus, il y en a trois sortes, de prières :

  • la demande priante, est la plus communément connue. Elle est surtout personnelle. Et elle se décline en une grande variété que résume le « Notre Père » : 4- donne-nous notre pain quotidien … 5- pardonne-nous (comme nous devons pardonner) … 6- ne nous laisse pas succomber à la tentation … 7- délivre nous du mal.
  • la prière de louange personnelle ou en église. Dans le Notre Père c’est la première : que Ton Nom soit sanctifié ! La plus excellente des prières, dans laquelle on ne demande pas mais on magnifie le Seigneur pour ses œuvres.
  • la prière « avènementielle », qui est double et fait le lien entre les deux premières : 2- que Ton règne vienne … 3- que Ta volonté soit faite sur terre comme au ciel. Telles qu’elles sont évoquées, elles pourraient être comprises comme uniquement universelles : souhaiter le règne et la volonté de Dieu sur tous les hommes. Or l’église nous dit qu’elles concernent chacun de nous à titre individuel. Du reste l’établissement du règne du Seigneur et de sa volonté passent par chaque individu.

5) La prière de l’arbre est supérieure… 

Oui la prière de l’arbre est supérieure car elle ne demande rien au Créateur. L’arbre se contente de vivre selon la volonté de Dieu. Inscrite dans ses gènes, cette créature vit et s’adapte aux conditions qui l’entourent sans rien demander au Bon Dieu, estimant qu’Il lui a déjà donné son nécessaire : naître et grandir pour s’épanouir ; s’exposer aux intempéries et réagir en conséquence, supportant périodes chaudes et froides. En matière de nourriture, de vêtements et de toiture, l’arbre n’a besoin que de la lumière (soleil), de l’eau et de l’air. C’est-à-dire du Soleil de justice, du Vent qui souffle quand il veut et de l’eau source de vie. Autrement dit la Trinité divine et créatrice.