L’Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (1, 1-18) a été lu ce 25 décembre, jour de Noël. Où nous avons ce 1er extrait : “Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu. C’est par lui que tout est venu à l’existence, et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui. En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ; la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée.”

Nous avons cet autre extrait, dans la foulée : “Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu.
Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu, eux qui croient en son nom.
Ils ne sont pas nés du sang, ni d’une volonté charnelle, ni d’une volonté d’homme : ils sont nés de Dieu.
ET LE VERBE S’EST FAIT CHAIR, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité.”

Basilique de la Nativité. Basilique de la Nativité (Wikipédia)

Le Verbe usité ici est “se faire chair” ; mais souvent le verbe utilisé est “s’incarner”, mot formé à partir du latin classique : caro, carnis, la chair, la viande.
En kabyle nous l’avons traduit par : SEKSEM, de AKSUM (viande). On pourrait le rendre par YELḤEM de LḤEM (peau ou chair se cicatrisant, en kabyle – “viande” en arabe لحم).

Or la ville où est né Jésus est dite en arabe : بيت لحم, Bayt Laḥm. Donc nous avons une meilleure signification pour Bethléem en arabe (maison de la viande) plutôt qu’en hébreu : בֵּית לֶחֶם, Bet Lekhem, qui signifie “la maison du pain”. La maison ou le lieu. Cette différence vient de ce que LAḤEM (relatif à la viande) donne en hébreu LEKHEM (relatif au pain). Quelle est la signification qui est première ? Nous avons tendance à penser que c’est la signification conservée en arabe, c’est-à-dire “relatif à viande”, qui convient le mieux. Dieu ayant choisi le village de Bethléem dés l’époque du prophète Michée. Par ailleurs Bethléem est dite ville de David, dont doit descendre le Messie. Et Ephrata, qui se confond avec Bethléem, où Rachel a accouché.

Grotte de la Nativité.Grotte de la Nativité.(Wikipédia)

Près de l’église chrétienne de Sainte-Anne à Bethléem, 1898. (Wikipédia)

Jacob et Rachel à Bethléem (Genèse 35) :

15 Et Jacob appela « Béthel » ce lieu où Dieu avait parlé avec lui. 16 Ils levèrent le camp et quittèrent Béthel. Il restait à parcourir une certaine distance pour arriver à Éphrata, quand Rachel accoucha. Et ses couches furent pénibles. 17 Au cours de cet accouchement difficile, la sage-femme lui dit : « N’aie pas peur ! Tu as encore un fils ! » 18 Dans son dernier souffle, au moment de mourir, Rachel l’appela Ben-Oni (c’est-à-dire : Fils-du-deuil) ; mais son père l’appela Benjamin (c’est-à-dire : Fils-de-la-droite). 19 Rachel mourut et on l’enterra sur la route d’Ephrata, c’est-à-dire Bethléem.

On voit qu’avec ce précédent accouchement de Rachel à Bethléem la signification de l’incarnation dans un corps “humain”, du mot “homme”, est bien plus logique que celle d’une incarnation dans du “pain”. D’autant plus qu’on peut penser que la racine [HM] de ce dernier mot, homme, semble être une racine commune avec celle du mot viande, ALḤEM, qui est formé de : al + hem.

En sorte que le village de Bethléem est destiné à être le lieu de naissance de l’homme par excellence, ou plus exactement le lieu où Dieu s’est incarné pour être “l’homme impérissable et éternel”. En ce lieu, Dieu se donne une génération de “fils de Dieu” par le Logos, selon le texte de st Jean (1:13) : “Ils ne sont pas nés du sang, ni d’une volonté charnelle, ni d’une volonté d’homme : ils sont nés de Dieu.”

Jacob et Rachel au puits James Tissot, 1836-1902 Musée juif (New York)