Pâques est toute proche, c’est demain. Il est bon de rappeler qu’il y a deux pâques, celle qui s’écrit avec un S à la fin et celle qui s’écrit sans S. Pourquoi ces deux écritures en français, nous nous étions demandés il y a quelques années ? Réponse : on écrit Pâques, quand on parle de la fête chrétienne, celle de la mort et de la résurrection du Christ. Quand on écrit Pâque, on parle de la fête juive, instituée lorsque le peuple Hébreu a été libéré de l’esclavage égyptien. Dans d’autres langues la question ne se pose pas. Mais voyons ce que nous pouvons apprendre à partir des langues, sachant que celles-ci ont toutes hérité de celle d’Adam. Laquelle lui fut donnée par le Logos.

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  • Pâques en se basant sur la Tradition scripturaire : 

– En français, dans le mot Pâques, nous avons donc un S quand c’est la fête chrétienne, nous venons de le dire ; mais pas de S dans la Pâque juive, pourquoi ? Est-ce que ça a du sens ? Comme la lettre L nous oriente vers Dieu (le Père), nous considérons que la lettre S semble orienter vers Jésus, le Fils éternel. Le S est présent dans la pâques chrétienne. Quand bien même le mot est au singulier. Or dans le mot Pâques, qui vient de la Pâque juive, l’accent circonflexe [^], en français, remplace le S. Donc cette lettre S est présente dans les deux mots. Cependant dans la Pâques chrétienne elle est représenté deux fois : un S visible et un non visible. Alors que dans la Pâque juive une seule fois, mais de manière invisible. N’est-ce pas étonnant ? Continuons avec l’origine du mot.

– Les langues d’origine. Le français a pris au latin le mot pascha qui viendrait du grec Páskha (Πάσχα). Ce dernier l’ayant pris à l’araméen, pasḥa, langue cousine de l’hébreu qui a un mot proche pessaḥ. Et, c’est à peine étonnant, on voit le S partout.

– En hébreu, le mot pour désigner Pâque est פסח(1), se transcrivant donc en lettres latines Pessa’h ou fasche) (2). Le S est bien présent au milieu mais pas à la fin, puisque c’est une particularité du français qui distingue ainsi les deux pâques. Dans le nom de Jésus, en hébreu יֵשׁוּעַ (Yechua) (3), assez proche de Josué : יהושע (yehushua), le S est également au milieu. Le Christ ou Messie se disant משיח comporte également le S en son milieu. Mais quelle est sa signification ? Ne serait-ce pas le Saint ou le Sauveur ? Poursuivons.

  • Pâques en se basant sur l’étymologie :

– On nous dit, communément, que la signification de Pessa’h est le passage. Il a certes quelque chose du mot français, “passer“. En anglais c’est encore plus évident, pour la Pâque juive : Passover (passer, à travers, par dessus ?). Malgré tout la Bible de Jérusalem nous dit, en note de bas de page dans l’édition papier (1999), que “l‘étymologie du mot Pessah est inconnue, le sens de “passage” n’a pas d’appui en hébreu et le “saut” n’est qu’une explication secondaire”. Et dans une note précédente il est dit que “la Pâque est une fête d’origine pré-israélite, de pasteurs nomades…La sortie d’Egypte a pu avoir lieu au moment de la fête de la Pâque, ce qui a donné à cette fête une signification nouvelle exprimant l’intervention décisive de Dieu qui sauve son peuple.” Pourquoi pas ? Mais c’est une hypothèse, sans plus, qui se veut plus “rationnelle”, plus moderne, plus mondaine. Nous préférons croire que Dieu qui est le Logos, et le précepteur d’Adam en matière de langage, lui a donné la langue mère de toutes les langues. Et qu’Il est l’inspirateur de l’Ecriture.

– Le contexte biblique dans lequel apparait ce mot Pessah (chapitre 12 du livre de l’Exode) est particulier : il y est question du sang de l’agneau sacrifié, de pain Azymes (pain sans levain), de premiers-nés d’Egypte, de justice, des dieux égyptiens, et de passage : Ex12.27 vous répondrez : “C’est le sacrifice de la Pâque en l’honneur du Seigneur : il a passé les maisons des fils d’Israël en Égypte ; lorsqu’il a frappé l’Égypte, il a épargné nos maisons !” 

– Ce n’est qu’avec la Pâques et le sacrifice du Fils de Dieu que tout cela peut se comprendre, plus d’un millénaire plus tard. Comme la tentative du sacrifice d’Isaac par son père Abraham. Et Jésus parle bien de “passage” en st Jean :

– 5.24 Amen, amen, je vous le dis : qui écoute ma parole et croit en Celui qui m’a envoyé, obtient la vie éternelle et il échappe au jugement, car déjà il passe de la mort à la vie.

– 13.01 Avant la fête de la Pâque, sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout.

– Dans les deux Pâques, en effet, il est question de passage et d’exécutions, de mises à mort, de sacrifices, bref de passages de la vie à la mort. Ou plus exactement d’un passage d’un monde à l’autre. Mais cela prend sa vrai signification avec la Pâque vécue par le Christ qui transforme la mort corporelle en libération de l’homme. La libération du péché et la promesse de la vie éternelle. En somme une nouvelle naissance, pour les frères du “Premier-né” de la Vierge Marie. Si bien que saint Paul pourra dire que la mort a été vaincue par la mort du Christ en sa 1re lettre aux Corinthiens,15.55 : Ô Mort, où est ta victoire ? Ô Mort, où est-il, ton aiguillon ?

  • Pâques en se basant sur le prix à payer :

– Passons par le latin. En effet le latin a l’expression consacrée AGNUS DEI, pour désigner l’agneau de Dieu, représentant le sacrifice parfait agréé par Dieu, en lieu et place de tout autre sacrifice animal. L’agneau de Pâques, pour nous les chrétiens, c’est Jésus qui a donné sa vie pour le genre humain. Il se rend aussi présent de manière perpétuelle dans l’Eucharistie. Tandis que dans la pâque juive l’agneau présent est un animal, innocent certes, une préfiguration de l’Agneau à venir, certes, mais ce n’est pas le Christ qui a offert sa vie une bonne fois pour toute. De sorte qu’après avoir écarté les sacrifices humains, avec Abraham qui était prêt à immoler son fils Isaac, Dieu va préparer son peuple à abandonner le sacrifice des animaux. Ces derniers ne pouvant satisfaire la justice de Dieu pour effacer les péchés.

– L’Agneau de Dieu…Oui il y a un prix à payer, puisqu’il s’agit de racheter. Mais ce prix c’est Dieu seul qui peut le payer. Ce n’est pas le sang des animaux sacrifiés, ce n’est pas une multitude de saintes et de saints hommes. Rien, aucune créature ne peut atteindre la valeur du prix à payer pour racheter l’homme et le libérer du mal. Seul le Fils éternel est en mesure de le faire. C’est pour cela que le Christ dit dans l’Ecriture : me voici.

– En psaume 39 : 07, Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice, tu as ouvert mes oreilles ; tu ne demandais ni holocauste ni victime, alors j’ai dit : « Voici, je viens. “Dans le livre, est écrit pour moi ce que tu veux que je fasse”. 

– Dans la lettre aux Hébreux, 10.09 Puis il déclare : Me voici, je suis venu pour faire ta volonté. Ainsi, il supprime le premier état de choses pour établir le second.

– Et il se fait homme en s’incarnant. Et Il prend la place de l’agneau pascal. Il est devenu l’Agneau de Dieu qui s’est offert librement pour le rachat de ses frères. Afin qu’ils passent de la vie…à la vie éternelle. Jésus est bien le chemin — la voie de passage — qui fait de la mort un simple tunnel de passage. Il est bien la vie — sa vie éternelle qu’il nous a obtenue et qu’il nous donne. Et c’est cela la vérité, la seule vérité à considérer, à croire et à tenir : Jésus est le chemin de vérité pour aller à la vie éternelle.

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(1) La lettre hébraïque פ, qui commence le mot à droite, rend à la fois le son du français et le son Fé. La lettre hébraïque ס du milieu représente le son S emphatisé.

(2) La lettre ח hébraïque rend parfois le son ḥ, le caractère de l’alphabet arabe ح)), comme dans ḥalal (licite) ; et parfois le son ḫ, correspondant à la lettre arabe ( خ ), comme dans xemsa (5). 

(3) Le caractère hébraïque ש, normalement S, peut devenir le SH anglais ou le CH français : parfois → śin שׂ ; parfois → šin ש

n’est pas présent dans la pâque juive ; c’est logique les Juifs ne croient pas en Lui dans leur écrasante majorité, jusqu’au jour de leur réintégration selon saint Paul.