Dans la prédiction sur l’Abomination qui doit arriver, prédite par le Seigneur, il est dit en Marc 13:14 : “Lorsque vous verrez l’abomination de la désolation établie là où elle ne doit pas être” ; en st Matthieu (24:15) il est précisé : “C’est pourquoi, lorsque vous verrez l’abomination de la désolation, dont a parlé le prophète Daniel, établie en lieu saint, –que celui qui lit fasse attention ! -” Comme on le voit il est question du prophète Daniel, qui en a parlé en premier.

Le prophète Daniel aurait vécu sous trois grands monarques de la Mésopotamie: Nabuchodonosor, Cyrus et Darius, c’est à dire pendant l’exil à Babylone des Israélites, entre le 7_me et le 6_me siècle avant Jésus-Christ. De sorte que Daniel va parler d’une profanation future du second Temple de Jérusalem puisque, adolescent, il aura assisté à la destruction du premier Temple, qui avait été construit par Salomon au 10_me siècle, par les troupes de Nabuchodonosor en -586, date de la déportation des habitants du royaume de Juda à Babylone. Et c’est dans cette ville qu’il aura ses visions.

Voici ce qu’il rapporte dans le livre prophétique qui porte son nom :

1- Daniel 9:27 (1) : Il fera une solide alliance avec plusieurs pour une semaine, et durant la moitié de la semaine il fera cesser le sacrifice et l’offrande ; le dévastateur commettra les choses les plus abominables, jusqu’à ce que la ruine et ce qui a été résolu fondent sur le dévastateur.

2- Daniel 11:31 : Des troupes se présenteront sur son ordre ; elles profaneront le sanctuaire, la forteresse, elles feront cesser le sacrifice perpétuel, et dresseront l’abomination du dévastateur.

3- Daniel 12:11 : Depuis le temps où cessera le sacrifice perpétuel, et où sera dressée l’abomination du dévastateur, il y aura mille deux cent quatre-vingt-dix jours.

Jerusalem Modell BW 3.JPG Le Second Temple de Jérusalem selon la maquette du musée d’Israël (Jérusalem), appelé aussi Temple d’Hérode.

Maintenant posons nous la question : comment les chrétiens comprennent cette prédiction du Seigneur ? Ils sont très divisés, car cela touche à la venue du Christ, la seconde venue, laquelle pour beaucoup de protestants, précédera la première Résurrection des morts avec un règne en gloire du Christ pendant le Millenium ou de 1000 ans, selon la formule de l’Apocalypse. Tandis que l’Eglise catholique (2) envisage ces événements sous deux angles : la période de 1000 ans, en tant que “millénarisme dur”, est rejetée dés le 4_me siècle, et traitée de “ridicule” par saint Augustin ; “le millénarisme mitigé” en tant que courte période précédant la fin du monde, a reçu la réponse suivante de la part du pape Pie XII : “Le système du millénarisme mitigé ne peut pas être enseigné de façon sûre”. Si bien que l’Eglise rejette les 1000 ans de règne du Christ en gloire. Et elle ne confesse qu’une venue du Christ dans la gloire pour juger les vivants et les morts, donc le Jugement dernier précédé de l’unique Résurrection des morts. Toutefois elle reconnait qu’il y aura une période de tribulation, ou épreuve finale qui ébranlera la foi de nombreux croyants (cf. Lc 18, 8 ; Mt 24, 12). Voir la note (2).

si nous lisons bien les versets du livre de l’Apocalypse, qui annonce cette période, et qui inclut une première résurrection des morts (les justes ou les saints), il semble impossible que les 1000 ans soient écourtés ; il est dit en Apocalypse 20: 2-7 :

2- Il [un ange] saisit le dragon, le serpent ancien, qui est le diable et Satan, et il le lia pour mille ans.

3- Il le jeta dans l’abîme, ferma et scella l’entrée au-dessus de lui, afin qu’il ne séduisît plus les nations, jusqu’à ce que les mille ans fussent accomplis. Après cela, il faut qu’il soit délié pour un peu de temps.

4- Et je vis des trônes ; et à ceux qui s’y assirent fut donné le pouvoir de juger. Et je vis les âmes de ceux qui avaient été décapités à cause du témoignage de Jésus et à cause de la parole de Dieu, et de ceux qui n’avaient pas adoré la bête ni son image, et qui n’avaient pas reçu la marque sur leur front et sur leur main. Ils revinrent à la vie, et ils régnèrent avec Christ pendant mille ans.

5- Les autres morts ne revinrent point à la vie jusqu’à ce que les mille ans fussent accomplis. C’est la première résurrection.

6- Heureux et saints ceux qui ont part à la première résurrection ! La seconde mort n’a point de pouvoir sur eux ; mais ils seront sacrificateurs de Dieu et de Christ, et ils régneront avec lui pendant mille ans.

7- Quand les mille ans seront accomplis, Satan sera relâché de sa prison.

 

On voit également qu’il est difficile de nier le règne de 1000 ans ; à moins de rejeter ce passage de l’Apocalypse, dont l’auteur nous prévient au chapitre 22 et dernier :

18- Je le déclare à quiconque entend les paroles de la prophétie de ce livre : Si quelqu’un y ajoute quelque chose, Dieu le frappera des fléaux décrits dans ce livre ;  19- et si quelqu’un retranche quelque chose des paroles du livre de cette prophétie, Dieu retranchera sa part de l’arbre de la vie et de la ville sainte, décrits dans ce livre.

En sorte que le texte sur l’Abomination de la désolation est regardé par l’Eglise catholique comme un signe avant-coureur de cette épreuve ultime qui précédé le retour du Christ pour le Jugement des vivants et des morts. 

Indépendamment de la croyance au dogme catholique ou de la croyance protestante, la question qui se pose est celle-ci : l’actualité de l’Eglise, en 2019, nous apporte-t-elle le signe dont parle le Seigneur? Pour la croyance protestante, de ceux du moins qui pensent que le règne de 1000 ans se réalisera, certains pensent qu’il faut d’abord que le Temple de Jérusalem soit reconstruit avec son autel, où reprendra ainsi le sacrifice perpétuel. Chose qui n’est pas réalisée même si Israël parle de reconstruire le Temple. D’autres chrétiens de la mouvance protestante considèrent que c’est l’Eglise qui représente le Temple de Dieu puisque les chrétiens sont le Corps du Christ, et que l’Esprit Saint habite en eux, par le baptême.

Or certains catholiques pensent que l’Abomination satanique est déjà entrée dans l’Eglise (les fameux propos de Paul VI sur “les fumées de Satan“), voulant y être adoré en déformant ou en transformant le sacrifice perpétuel que représenter l’Eucharistie. Ce qui vient de se passer autour du Synode sur l’Amazonie est une préfiguration. À tel point que par une réaction vigoureuse Mgr Athanasius Schneider alerte les autres évêques sur la gravité du sacrilège. Le Cardinal Müller n’étant pas en reste, ce qui a fait réagir le Pape.

blog de Jeanne Smits

Pour ma part je crois de plus en plus que l’Abomination va s’installer à partir de la prière à Marie conduite par des catholiques avec des musulmans depuis 2015, dans le cadre de Prier ensemble avec Marie. Ensuite nous verrons bien ce qui nous tombera sur la tête, sachant que le Christ est de toute façon vainqueur et qu’Il vient !


(1) pour comprendre qu’il s’agit du second Temple, reconstruit en -516, il faut lire au moins les deux versets qui précèdent (25 et 26), que voici :

  • 25 : Sache-le donc, et comprends ! Depuis le moment où la parole a annoncé que Jérusalem sera rebâtie jusqu’à l’Oint, au Conducteur, il y a sept semaines et soixante-deux semaines, les places et les fossés seront rétablis, mais en des temps fâcheux.
  • 26 : Après les soixante-deux semaines, un Oint sera retranché, et il n’aura pas de successeur. Le peuple d’un chef qui viendra détruira la ville et le sanctuaire, et sa fin arrivera comme par une inondation ; il est arrêté que les dévastations dureront jusqu’au terme de la guerre.

De sorte que du temps des Macchabées, au 2 me siècle avant J.C., ce second Temple sera celui qui sera profané par l’Abomination de la désolation dont parle le prophète Daniel.  Un peu plus d’un siècle après, il sera relevé, restauré et agrandi par Hérode le grand aux alentours de -19 avant J.C. C’est celui que connaîtra Jésus, dont il prédira la destruction définitive…qui sera réalisé par le général Titus en l’an 70 après J.C. Seul le “Mur des lamentations” témoigne de ce passé grandiose à ce jour.

Mais dans les années 690 le dôme du Rocher ou la coupole du Rocherappelé parfois mosquée d’Omar, par confusion, a été bâti sur l’emplacement du Mont du Temple, certains pensent que c’est sur les fondations du “Saint des Saints”. L’esplanade des mosquées est donc proche du parvis qui est limité par le Mur des lamentations. D’où les problèmes entre Juifs et Musulmans.


(2) Voici ce qu’en dit le catéchisme de l’Eglise catholique :

675 Avant l’avènement du Christ, l’Église doit passer par une épreuve finale qui ébranlera la foi de nombreux croyants (cf. Lc 18, 8 ; Mt 24, 12). La persécution qui accompagne son pèlerinage sur la terre (cf. Lc 21, 12 ; Jn 15, 19-20) dévoilera le ” mystère d’iniquité ” sous la forme d’une imposture religieuse apportant aux hommes une solution apparente à leurs problèmes au prix de l’apostasie de la vérité. L’imposture religieuse suprême est celle de l’Anti-Christ, c’est-à-dire celle d’un pseudo-messianisme où l’homme se glorifie lui-même à la place de Dieu et de son Messie venu dans la chair (cf. 2 Th 2, 4-12 ; 1 Th 5, 2-3 ; 2 Jn 7 ; 1 Jn 2, 18. 22).

676 Cette imposture antichristique se dessine déjà dans le monde chaque fois que l’on prétend accomplir dans l’histoire l’espérance messianique qui ne peut s’achever qu’au-delà d’elle à travers le jugement eschatologique : même sous sa forme mitigée, l’Église a rejeté cette falsification du Royaume à venir sous le nom de millénarisme (cf. DS 3839), surtout sous la forme politique d’un messianisme sécularisé, ” intrinsèquement perverse ” (cf. Pie XI, enc. ” Divini Redemptoris ” condamnant le ” faux mysticisme ” de cette ” contrefaçon de la rédemption des humbles ” ; GS 20-21).

677 L’Église n’entrera dans la gloire du Royaume qu’à travers cette ultime Pâque où elle suivra son Seigneur dans sa mort et sa Résurrection (cf. Ap 19, 1-9). Le Royaume ne s’accomplira donc pas par un triomphe historique de l’Église (cf. Ap 13, 8) selon un progrès ascendant mais par une victoire de Dieu sur le déchaînement ultime du mal (cf. Ap 20, 7-10) qui fera descendre du Ciel son Épouse (cf. Ap 21, 2-4). Le triomphe de Dieu sur la révolte du mal prendra la forme du Jugement dernier (cf. Ap 20, 12) après l’ultime ébranlement cosmique de ce monde qui passe (cf. 2 P 3, 12-13).