Cette question a son importance. Considérons deux moments fondateurs de la vie de Jésus, sa naissance et son baptême, que l’Eglise célèbre entre la fin du mois de décembre et la mi janvier. Mais en réalité ces deux moments sont séparés par environ 30 ans. Considérons maintenant ce qui est écrit dans le Coran à propos de deux naissances, assez extraordinaires, des deux personnages qu’il appelle 3isa et Yahya. Il faut noter que ce sont les musulmans qui disent qu’ils sont à identifier avec Jésus et Jean le baptiste. Pas le Coran.

Naissance dans une crèche à Bethléem ou naissance sous un palmier

L’Incarnation a deux protagonistes essentiels sans qui le Fils éternel ne pouvait entrer dans le monde, et devenir l’enfant Jésus. Ce sont bien évidemment Marie et Joseph. Quoi qu’on en est dit, quoi qu’on en dise encore, Joseph a un rôle crucial, du point de vue de l’humanité, des hommes et des femmes juifs, d’une part; et d’autre part du point de vue de la loi mosaïque. En sorte que l’évènement, qui repose sur ses épaules, pèse donc d’un poids considérable. Il a son pesant d’or divin, si on peut dire. C’est la preuve de l’Incarnation de Dieu dans l’histoire humaine. St Luc et st Matthieu nous donne d’autres précieuses indications dans cette perspective sociétale. D’abord l’incarnation se fait dans un lieu géographique et une époque historique repérables pour toutes les générations de croyants et de non-croyants. Enfin elle se fait, cette incarnation, dans un peuple et dans une famille bien précis.

Nous venons de fêter la naissance de Jésus à Bethléem et tous les événements connexes qui l’entourent : circoncision, présentation au Temple et purification de Marie, après 40 jours, conformément à la loi mosaïque ; des rois mages sont venus à Jérusalem ; s’en est suivi le massacre des saints Innocents et la fuite en Égypte, etc. Qui peut croire ou imaginer, un seul instant, que tous ces déplacements de Marie, sans Joseph à ses côtés, auraient pu se faire ? Or le Coran ne donne aucune de ces informations sur le personnage de 3isa, prétendument Jésus, selon les musulmans.

Quant à la Mariam de la sourate 19, versets 22 à 34, elle donne naissance à 3isa toute seule, sous un palmier. Puis elle se rend chez les siens avec le bébé dans un panier. Sans aucun nom de lieu et sans aucune distance entre le “palmier” et la famille. L’unique nom qui est cité est celui d’Aaron, son frère. Comment dés lors est-il possible de l’identifier avec Marie, mère du Christ, en l’absence de Joseph ?

 

 

Baptême de Jésus par Jean-Baptiste

Remarquons l’air de famille des deux visages de Jésus et de Jean-Baptiste, dans le tableau ci-dessus. Bien-sûr ils sont cousins. Et l’auteur de la peinture le sait et l’a peut-être exécuté en conséquence. Ici en revanche ni Marie ni Joseph ne sont présents. La Bible ne le dit pas, mais Joseph est absent définitivement lorsque débute la vie publique de son fils adoptif. Quand Jésus est resté dans le Temple de Jérusalem, à l’âge de 12 ans, Joseph est encore cité par st Luc. 

Nous savons que le Coran, en revanche, parle d’un personnage se nommant Zakaria dont la femme est stérile (sourates 3 : 37-41 et 19 : 2-15), et qui demande un enfant à Allah, lequel agrée sa demande puis le rend muet pendant trois jours (sourate 3, 41) lorsqu’il a voulu un signe. Tandis que le vrai Zacharie de l’évangile est rendu muet jusqu’à la naissance du Baptiste (st Luc 1:20). Et il n’est pas indiqué que Jésus et Jean sont cousins. Remarquons que le nom n’est pas le même — Jean en hébreu est Yohanan — soit la racine [YHN] ; tandis que Yahya a pour racine [YHY]. Aucune indication non plus sur la mission de Jean le Baptiste. Comment dés lors peut-on identifier Jean-Baptiste à Yahya ? Soit on considère que le Coran parle d’un autre homme, et alors les musulmans se trompent en soutenant le contraire ; soit on considère que les mêmes, nonobstant l’écrit coranique, introduisent une confusion à dessein pour tromper les chrétiens

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Témoignage de saint Jean Damascène (675-749) : Ce docteur de l’Eglise est un des tous premiers chrétiens qui a écrit sur l’islam. Il a vécu à Damas (il y est né) et à Jérusalem où il mourra dans le monastère de Mar Saba. Son grand-père et son père ont même occupé de hautes fonctions dans l’administration musulmane des califes omeyyades. Il a écrit de nombreux ouvrages en grec, bien qu’il fut connaisseur de l’arabe et de l’araméen (syriaque). Dont deux sur l’islam :

1- “Dialogue entre un chrétien et un musulman”

2- « Des hérésies » (Περὶ αἱρέσεωνDe haeresibus) – ou Le Livre des hérésies. Le dernier chapitre de cette partie (chapitre 100) traite de la « religion des Ismaélites » (θρησκεία τῶν Ἰσμαηλιτῶν), c’est-à-dire l’islam. Différente des précédents chapitres sur les autres hérésies qui font habituellement seulement quelques lignes, cette section occupe 192 lignes (édition SC) dans l’ensemble de son travail. Ce bref réquisitoire sans concessions est l’un des premiers écrits chrétiens sur l’islam — traité comme une hérésie christologique.

Voici un extrait qui montre soit qu’il a lu le Coran, soit qu’on le lui a lu étant donné l’interdiction, pour un non-musulman, d’y toucher.  ” Selon ses dires (Mahomet), le Christ est le Verbe de Dieu et son Esprit, mais il est créé et il est serviteur ; il est né sans semence de Marie, la sœur de Moïse et d’Aaron[de 100ème hérésie]