dit Jésus ressuscité à Thomas, à l’octave de Pâques, autrement dit le premier dimanche après Pâques, devenu le dimanche de la Miséricorde. Dieu élève la foi du croyant au sommet de toutes les oeuvres qu’il peut accomplir pour plaire à son Seigneur. Il lie le Salut à la foi. C’est la foi qui sauve, nous dit le Christ : Ma fille, ta foi t’a sauvée(Luc 8:48). Une formule qu’il emploie souvent dans l’Evangile.

J’ai l’impression que Dieu nous demande de réaliser, en quelque sorte, un miracle pour Lui. Oui l’homme peut réaliser, pour Dieu, ce miracle de croire en Lui sans Le voir. Le seul miracle que Dieu ne peut pas faire ! Or l’homme attend, au contraire, que Dieu le gratifie de sa panoplie miraculeuse pour croire en Lui. Une manifestation exceptionnelle, plus qu’extraordinaire et “incroyable”, descendre du ciel, prouver sa présence, se rendre visible, quoi !.

L’épisode de Thomas incrédule, nous le révèle. Il attend de Dieu, le Fils éternel, qu’Il réalise le miracle de se manifester pour Le toucher et avoir la foi :« Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! ». Le Christ, au contraire, attend de son disciple, de tout disciple authentique en vérité, qu’il croit sans Le voir. C’est la 9ème béatitude : Heureux ceux qui croient sans avoir vu !

Et lorsque Jésus ressuscité apparaît et qu’Il invite Thomas à venir Le toucher en lui reprochant son incrédulité, celui-ci ne semble pas s’être exécuté et s’écroule en se prosternant et en déclarant : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Détail du portail de la cathédrale Saint-Pierre de Poitiers montrant la scène de l’Incrédulité de saint Thomas. Photo Eva Avril, photothèque du CESCM (1)

C’est chose inconnue dans l’Ancien Testament que la foi en Dieu sauve. Encore moins dans le Coran où une telle promesse est inconcevable ! Mais ce n’est pas surprenant et on ne le dit pas assez : c’est la particularité du christianisme, en dehors de la pratique du culte, en dehors des œuvres pies qui peuvent être communes à beaucoup de croyances religieuses. Car la pratique et les œuvres ne sont que la démonstration de la foi, la preuve que nous croyons en Jésus-Christ. Notre foi en effet n’est pas une croyance spirituelle désincarnée ; au contraire elle est incarnée et a pour objet un Dieu Lui-même incarné. Ce n’est pas un Dieu lointain, situé on ne sait où, sur un trône dominateur comme s’il avait besoin de « soumettre » les pauvres créatures auxquelles il vient de donner la vie ; de les dompter une cravache menaçante à la main. Et afin de Lui donner quoi puisque tout nous vient de Lui ?

Par ailleurs pouvons-nous combler Dieu par des holocaustes, par des sacrifices, fussent-ils de magnifiques taureaux fringants ? Nos jeûnes, nos sacrifices et nos dons sont forcément limités et, surtout, sont dérisoires comparés aux trésors dont dispose le Seigneur de l’univers. Nos sentiments n’atteignent pas le milliardième de ce que peut éprouver le Créateur à notre égard. Comment satisfaire Celui qui a tout, qui dispose de tout, qui crée tout, qui décide et décrète de tout ? Celui qui détient le souffle de notre vie serait-il dépendant de nous, en quoi que ce soit ? Bien sûr que non !

Cependant dans sa sagesse le Logos, par qui tout a été fait, des anges jusqu’aux insectes en passant par nous les humains, a voulu nous associer à sa divinité, n’en déplaise à l’auteur coranique, quoi qu’en pense la philosophie des lumières. Et dans sa juste volonté Il a posé une seule condition qui soit à la portée de tous, les petits comme les grands, les fragiles comme les forts, les pauvres comme les riches, les esclaves comme les hommes libres, la foi.

Quelqu’un a-t-il jamais remarqué que Dieu ne peut pas avoir la foi ? Que Celui qui a tout ne PEUT avoir la foi ? Qu’à sa richesse incommensurable il manque la foi, si on peut oser le formuler ainsi ? Oui ce qui étonne Jésus, et qui prouve qu’il est vraiment Dieu, c’est la foi : « Lorsque Jésus entendit ces paroles, il admira le centenier, et, se tournant vers la foule qui le suivait, il dit : Je vous le dis, même en Israël je n’ai pas trouvé une aussi grande foi. » (Matthieu 8:10). Son inquiétude, du reste, est de ne pas la trouver foi à son retour : «…Cependant, le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? »  Et c’est le manque de foi qu’Il blâme chez les Apôtres et, logiquement, chez le premier d’entre eux qui défaille : « Jésus étendit la main, saisit Pierre, et lui dit : Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » (Matthieu 14:31)

Marcher sur les eaux - Lectures du jour

Si bien que la réponse à la question : Jésus peut-il avoir la foi ? La réponse est non, Jésus ne peut pas avoir la foi puisqu’il est Dieu (2)…avoir la foi est réservé à l’homme, car c’est son moyen de salut. Tandis que le Christ n’a pas besoin de salut, puisqu’Il est le Sauveur ; mais en revanche il semble bien qu’il croit en nous ! De sorte que le lien entre Dieu et nous est indubitablement la foi : Dieu croit en nous, Il croit que nous pouvons avoir la foi sans Le voir. Et, en ce qui nous concerne, nous avons la foi quand, sans Le voir, nous croyons ! C’est le nœud de notre salut qui se réalise sur la croix [+] : la hauteur vertigineuse de Dieu vient chercher le croyant sombrant dans son horizontalité.

Il est bon de savoir aussi que la foi venant de Dieu, “étant un don de Dieu” dit l’Ecriture, elle se reçoit donc de Lui au quotidien, tous les jours, pour ne pas dire tous les instants. Qu’est-ce à dire ? Que nous devons poser des actes de foi, non seulement quand nous sommes dans la joie et la reconnaissance parce que tout va bien, mais aussi et surtout quand nous sommes dans l’épreuve, quand nous ne comprenons pas ce que Dieu veut , quelle est sa volonté sur nous. Quand nous sommes “au jardin de Gethsémani” comme notre Maître qui nous apprend à poser l’acte de foi ultime : que ta volonté soit faite et non la mienne !

N’oublions pas que notre chemin est celui qui mène au Père par le Christ, notre modèle et notre référence. Cela est résumé dans la prière qu’Il nous a laissée, le Notre-Père. En d’autres termes notre combat est celui de la foi, la foi en Christ, qu’il faut préserver de nos défaillances, de notre faiblesse, de notre relativisme et de notre tendance à l’infidélité.

***

(1) https://actualite.nouvelle-aquitaine.science/saint-thomas-lincredulite-a-lepreuve-des-sens/

(2) Cet article est basé sur une publication dans le périodique Reconquête de janvier 2018, n° 344 : Jésus a-t-il la foi ? Consultable en PDF ici:

Chargeur En cours de chargement…
Logo EAD Cela prend trop de temps ?

Recharger Recharger le document
| Ouvert Ouvrir dans un nouvel onglet

Télécharger [1.16 MB]