Les propos (1) du président Macron ont enflammé les esprits … algériens surtout. Mais parmi beaucoup de réactions j’ai été agréablement surpris par celle d’un Algérien, qui se démarque nettement en parlant de “colonisation hallal et colonisation haram“, pointant du doigt la partialité de ceux qui s’excitent sans recul et sans modération. Cet Algérien c’est Amine Zaoui qui est écrivain par ailleurs; voici un extrait de sa chronique sur le journal Liberté :
« Dans l’imaginaire algérien construit sur une lecture faussée de l’Histoire de son pays, il existe une colonisation méchante et une autre douce ! Aux yeux de l’Algérien, la colonisation ottomane-turque de notre pays et qui a duré plus de trois siècles est une colonisation douce, sucrée comme le baqlawa ! Et que la colonisation française qui a duré presque un siècle et demi est une colonisation dure, sale comme un porc !
Certes, et sans nuance aucune, la colonisation française est une colonisation sauvage, oppressive, violente et injuste, mais la colonisation ottomane-turque, elle aussi, était une colonisation de viol, de vol et de violence. N’oublions pas que la colonisation ottomane-turque a offert notre pays à la colonisation française sans aucune résistance et sans regret !
Nous avons mal écrit notre Histoire. Nous avons mal enseigné notre Histoire. Dans l’imaginaire algérien, parce que la colonisation française est chrétienne, donc elle est méchante. Et parce que la colonisation ottomane-turque est musulmane, donc elle est adorable ! De ce fait, on condamne la colonisation chrétienne et on pardonne à la colonisation musulmane. On énumère les atrocités de la première et on ferme les yeux sur les atrocités de la deuxième. Qu’importe la colonisation, elle demeure un acte barbare contre l’humanité. Qu’importe la religion du colonisateur, ce dernier demeure un violeur de la dignité du peuple colonisé. Devant les droits humains universels, toutes les colonisations sont égales. »
Les mots en gras sont de nous et non de l’auteur qui remarque que la réaction épidermique, y compris celle des journalistes et des intellectuels, a pour origine l’opposition entre l’islam et le christianisme. C’est en cela que nous ne sommes pas d’accord car, contrairement à l’islam qui a fait toutes ses conquêtes au nom d’Allah et de Mohammed, aucune colonisation ne s’est faite au nom du Christ, parce que le Christ n’a jamais appelé à la conquête du monde et n’a jamais eu d’armée. Dire en conséquence que “la colonisation française est chrétienne” est une grave erreur. La colonisation française a été menée par la République, qui a éliminé la monarchie française dans le sang et a confisqué les biens de l’Eglise catholique. Et en laïcisant le pays la république déchoit le catholicisme de son statut de religion d’Etat. Puis l’administration française, devenant entre temps de plus en plus anticléricale (de 1830 à 1905), va même spolier l’Eglise catholique de ses biens et expulser d’abord les congrégations enseignantes (les Jésuites notamment) en 1880 puis les ordres religieux en 1903. Et pour finir, à la suite de la loi de séparation de 1905 de l’Eglise et de l’Etat français, celui-ci devient propriétaire, via les communes, même des lieux de culte catholique.
En revanche il est vrai que la majorité des militaires engagés dans la colonisation sont des chrétiens. Mais on ne peut pas dire que la colonisation de l’Algérie par la France a été une oeuvre chrétienne. En revanche celle du pays amazigh (berbère) par l’état omeyade a bien été une oeuvre islamique, pour imposer la religion de mahométane.
(1) Selon « le Monde », Emmanuel Macron a déclaré qu’après son indépendance en 1962, l’Algérie s’est construite sur « une rente mémorielle », entretenue par « le système politico-militaire ». Toujours dans des propos cités par le journal, il a critiqué « une histoire officielle totalement réécrite » par Alger qui « ne s’appuie pas sur des vérités » mais sur « un discours qui repose sur une haine de la France ».
Les turcs, en presque 4 siècles de colonisation de l’Algérie, ont laissé une casbah délabrée, une mosquée (Ketchaoua) ou des Harems transformés maisons closes (pour ne pas dire bordels).
Les Français, en 132 ans, d’occupation ont laissé des villes, des routes, quelques industries, des infrastructures modernes et surtout pétroles gaz qui font vivre aujourd’hui l’Algérie.
Un minable corsaire turque est vénéré en Algérie arabo-islamiste sous le nom de “Baba Aroudje” qui veut dire “Papa Aroudje).
Merci pour votre message U-wthem. Nous comparons à tort deux époques, avec les colonisations turque et française. Pendant la première l’Algérie, telle que nous la connaissons au 20ème siècle, n’existait pas. Ni avec son nom actuel, créé par la France au 19ème, ni avec ses frontières actuelles, tracées par la Métropole colonisatrice.
Le pays “algérien” de la période turque était morcelé en tribus, principautés, en lutte avec les Turcs au nord, et en lutte entre elles dans le sud et loin des Turcs.
Voici un résumé sur Wikipédia:
>>> “Le développement démographique de la ville d’Alger se fait aux dépens de son substrat berbère déjà bien entamé ; elle attire diverses populations méditerranéennes. L’influence de la ville va se heurter aux Kabyles, principal groupe berbère de son arrière-pays. Paradoxe de l’histoire, ces derniers seront pourtant, à l’origine, les premiers alliés des frères Barberousse, et ce dès 1512, et joueront à leurs côtés, un rôle essentiel dans la fondation de la régence d’Alger. Ce sont des contingents originaires de Djidjelli et de ses environs qui aideront Arudj à se débarrasser du maître d’Alger, Salim-et-Toumi, lequel l’avait bien appelé pour chasser la garnison espagnole installée depuis 1511, face à la ville, dans la fameuse forteresse du Peñon. Celle-ci ne sera prise qu’en 1530 par Kheir-ed-din, toujours soutenu par ses Kabyles. C’est grâce à eux qu’une poignée de Turcs et de renégats pourra conquérir tout le pays et en particulier abattre définitivement les Abd el Waddites de Tlemcen et les Hafsides. Ces tribus organisées autour de deux « États », Koukou et Beni Abbès constituent tout au long de l’histoire de la régence une force militaire capable de s’opposer à la milice des janissaires38.”
Si on jette un coup d’œil, aux cartes qui accompagnent cet extrait : https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9gence_d%27Alger
>> on peut se rendre compte que l’Algérie n’existe qu’à parti de 1900, grâce à la France, ou à cause d’elle. On parle bien de l’état bien sûr, pas des populations autochtones et berbères essentiellement, qui sont là depuis Massinissa, mais qui n’ont jamais réussi à s’organiser soit en royaume stable soit en fédération d’états. On ne refait pas l’histoire, mais il faut la connaitre…pour ne pas mourir idiot.