…dans l’Eglise ? Autrement dit : le pape, chef ou pas chef ? Une catholique de première (1) prévient : «Les évêques ont besoin d’altérité même s’ils n’en veulent pas. Il n’y a plus, nulle part, un chef qui décide de tout, c’est fini !» Oublions le fait qu’elle parle comme un chef, et allons voir ce que le Fondateur de cette Eglise en a dit lors de son institution.
1- Précisions préliminaires :
- N’allons pas creuser dans le dogme catholique. Ou dans tous les sens qu’on a voulu donner aux paroles du Christ. Limitons nous aux noms que nous avons ici : Simon, Pierre et aussi le nom de Céphas qui lui a été donné (2) ; et à leurs significations, que nous allons résumer dans un tableau linguistique, sans prétention, comme d’habitude.
- Après quoi nous verrons la fonction de “chef”, qui semble être remise en question dans l’Eglise synodale. Laquelle fonction n’est pas celle que Jésus a confiée au premier pape. À la fin de st Jean il est question d’être le pasteur ou le berger ; ailleurs on a dit de lui qu’il était serviteur des serviteurs. Plutôt en bas de l’échelle en conséquence. 9.35 S’étant assis, Jésus appela les Douze et leur dit : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. » << st Marc 23.11 Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. << st Matthieu.
- Les deux noms les plus connus, du “prince” des apôtres, sont Simon et Pierre. La signification de Simon vient de “écouter” (3), qui renvoie à la célèbre formule, “écoute Israël”. Le nom de Pierre vient, quant à lui, du mot Képhas ou Céphas, qui va mériter notre attention.
2- Remarques linguistiques :
- Le mot Képhas est araméen ; et dans cette langue les sons K et P, qui donnent « Képa » ou « Képha / Cépha» (le f n’existe pas dans l’alphabet araméen), signifie pierre ou rocher. À partir des autres signifiants du mot nous allons essayer de le retrouver dans les langues cousines : tamazight (kabyle), arabe, hébreu, persan. Plus l’araméen (syriaque) et le copte traités à part.
- En effet, toujours avec les sons K&P, nous avons des mots dont le sens est plutôt « au-dessus » proches de la notion de position élevée en araméen.
- Avec le son représenté par les lettres Q ou C (4) nous avons aussi des mots proches des précédents : couronne, rock surplombant, diadème, couvrir. Ces notions peuvent renvoyer à l’idée de “dominer”, donc de chef. exemple la kippa, sur la tête…
3- Tableau PDF explicatif :
4- Conclusions :
En Syriaque nous avons pour pierre, le mot « Abno » un mot proche de l’hébreu « Ibne ». Les deux renvoient à la racine « bâtir » « construire » : [V/B-N], existant également en kabyle et en arabe. Le mot est intéressant, comme on peut le voir, puisque la traduction des paroles du Christ : Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église.
Ainsi cette « pierre » reste liée à la fondation et non au plafond. Car le plafond c’est la tête de l’Église, le Christ, et la fondation c’est, avec Pierre/Képhas, la papauté, qui est au service de l’Église. Rien à voir avec la chefferie ? Plutôt un rappel du « chef » fondateur, selon nous. Autrement dit on peut y voir l’origine de l’autorité légitime de Pierre. Qui est intimement liée à la tête qui est le Christ. “Sans Lui la papauté ne peut rien faire“.
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(1) Article de JM Guenois paru dans le Figaro du 13 aout 2023 (repris par belgicatho) : Paule Zellitch, théologienne, présidente de la Conférence catholique des baptisé·e·s francophones (CCBF). Une association revendiquant «10.000 adhérents et sympathisants».
(2) Par Jésus, confère à st Jean 1.42 André amena son frère à Jésus. Jésus posa son regard sur lui et dit : « Tu es Simon, fils de Jean ; tu t’appelleras Kèphas » – ce qui veut dire : Pierre.
(3) Chemaʿ Yisrā’ël (hébreu : שמע ישראל, « Écoute, Israël ») est l’incipit du verset 6:4 du Deutéronome, Chemaʿ Yisrā’ēl YHWH elohāynu YHWH eḥāḏ (« Écoute Israël, l’Éternel [est] notre Dieu, l’Éternel [est] un »)
(4) Les sons représentés par les lettres K et Q/C se confondent dans les alphabets (langues) européens. Exemple le mot hébraïque Kabbale (ou Qabalah), qui signifie « réception » au sens le plus général mais interprété parfois comme « tradition », s’écrit aussi Cabale : Une cabale est une forme de complot ourdi par un groupe de personnes.