Du quotidien algérien El-Watan du 15/11/11, des informations sur ce frère trainé devant la justice sur dénonciation et condamné sévèrement.

Siaghi Abdelkrim, 29 ans, s’est converti à la religion chrétienne en 2006. Dénoncé par son voisin pour prosélytisme, il a été jugé et condamné à 5 ans de prison ferme.

La Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD-Oran) compte manifester, jeudi prochain à partir de 13h30, devant la cour d’Oran, en signe de soutien à Siaghi Abdelkrim, condamné en première instance, en mai dernier, à 5 ans de prison ferme, officiellement pour «atteinte au Prophète». De son côté, un collectif de soutien à Siaghi Abdelkrim est né à Alger, à l’initiative de jeunes militants des droits de l’homme, et appelle à un rassemblement dans la capitale, demain, devant le ministère de la Justice, à partir de 10h. Pour rappel, Siaghi Abdelkrim s’est converti à la religion chrétienne en 2006. En avril dernier, son voisin l’a dénoncé pour prosélytisme après qu’il lui ait offert un DVD. Il appelle aussitôt la police et accuse Siaghi d’avoir blasphémé le Prophète Mohammed.

La police arrive sur-le-champ, et interpelle, avec mandat de perquisition, le principal accusé. Il écopera, en première instance, d’une peine de 5 ans de prison ferme, ce à quoi il fera appel. Entre temps, la société civile, ayant eu vent de l’affaire, a décidé de se mobiliser et de soutenir ce citoyen algérien, victime, selon elle, d’une grave dérive judiciaire. Pour la CNCD-Oran, «c’est une atteinte à l’un des droits fondamentaux, sans parler du fait que le juge a outrepassé ses prérogatives». Elle annonce, à ce propos, la présence supplémentaire, le jour du procès, de deux avocats d’Oran, ainsi que celle d’un avocat d’Alger, qui viendra au nom de la Ligue algérienne des droits de l’homme (LADDH). Sur les réseaux sociaux, des appels à un rassemblement à Oran sont lancés, notamment sur facebook, avec pour slogan : «Libérez-le».

A Alger, c’est un collectif de soutien qui a été créé il y a 10 jours, après avoir eu vent de l’affaire, et appelle à une mobilisation citoyenne pour annuler cette condamnation. Dans son communiqué, le collectif dira qu’il s’agit d’un «système judiciaire qui compte devenir inquisitoire». Sabrina, l’une des porte-parole de ce collectif, précisera qu’il est composé de jeunes militants des droits de l’homme, qui n’ont pas de casquette politique spécifique. Un de ces militants nous affirmera que cette condamnation est basée sur les propos d’un voisin, sans aucune preuve patente. «C’est scandaleux qu’on condamne un homme à 5 ans de prison ferme, sur la base de propos tenus par une personne, sans aucun élément de preuve tangible.» De ce fait, cette mobilisation citoyenne met à l’index tout le système judiciaire qui se pratique en Algérie.

Dérive judiciaire

Dans son communiqué, le collectif assure que cette affaire n’est pas une simple dérive judiciaire, «mais celle d’un système qui criminalise toute contestation sociale et oblige les Algériens, aspirant à la justice et à la liberté, à vivre comme dans des clandestins dans leur pays».

Plus loin, il dira : «Le pouvoir voudrait faire croire que l’Islam interdit la pratique des autres cultes, et que la religion serait menacée par les non-musulmans ou les non-pratiquants, au lieu de reconnaître que la menace réside dans cette véritable inquisition, dangereuse aussi bien pour les non-musulmans que pour l’Islam et les musulmans.»

Le collectif soutient que par cette affaire, le pouvoir ne fait que donner des gages à l’islamisme et tire à lui la couverture religieuse. A coups d’ordonnances, dira-t-il, le pouvoir de Bouteflika institue une sorte de police de la pensée. Cette mobilisation citoyenne compte ainsi mettre la pression sur les autorités afin d’obtenir la relaxe pour Siaghi Abdelkrim et garantir son droit à la liberté de conscience, de religion et de conviction. Elle appelle pour cela la société civile à participer aux deux actions de protestation qui auront lieu respectivement mercredi et jeudi prochains, à Alger et à Oran.

Akram El Kébir

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le 18/11/11: El Watan

 

 

 

Procès de Karim Siaghi : Verdict le 1er décembre

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Il y avait foule hier au tribunal d’Oran pour le procès du jeune Karim Siaghi, chrétien, qui risque une peine de 5 ans de prison et une amende de 200 000 DA, pour «prosélytisme».

Dès la matinée, une cinquantaine de personnes s’étaient réunies devant le tribunal pour exiger l’annulation pure et simple de la peine et le respect de la liberté de conscience. Dès l’ouverture de l’audience, à 13h, une forte pression s’est exercée sur les magistrats qui, selon Mustapha Krim, président de l’Eglise protestante d’Algérie, «ont fait preuve d’écoute et de compréhension au suivi des témoignages. Nous espérons la relaxe totale». Le verdict est prévu pour le 1er décembre prochain. Par ailleurs, un sit-in s’était tenu mercredi à Alger, au niveau du ministère de la Justice, réunissant un peu plus de 60 personnes : les membres de la famille Siaghi, ainsi que les avocats des prévenus, des représentants de l’Eglise protestante d’Algérie, le pasteur Hanafi Idiri de l’Eglise Adventiste d’Alger, des militants des droits de l’homme, des anonymes, tant chrétiens que musulmans.

Un des membres de la famille de Karim Siaghi a tenu à s’exprimer sans ambages : «Je dénonce cette condamnation à 5 ans de prison ferme et cette amende de 200 000 DA pour ‘‘pratique d’un culte non musulman’’. Nous espérons une annulation pure et simple de cette décision de justice.» Le collectif de soutien à Karim Siaghi, qui avait déjà contacté les avocats à Oran, a estimé que «les accusations n’ont aucun fondement. Non à une justice idéologisée ! Oui aux libertés individuelles fondamentales conformément à l’article 36 de la Constitution. Cette décision de justice est anticonstitutionnelle et arbitraire. Karim est une nouvelle victime de la loi de 2006. Les faits ne sont pas prouvés. Ce qui est surtout aberrant et injuste, c’est que celui qui l’a dénoncé était absent au tribunal.»

Outre des chrétiens, des musulmans sont venus nombreux, pour exprimer leur solidarité à l’égard de Karim Siaghi. Vêtue d’un hidjab, Selma, étudiante, est venue pour exprimer son ras-le-bol de toute forme de discrimination. «Qu’un Algérien soit juif ou chrétien, il a le droit de vivre comme n’importe quel autre qui est musulman. Un chrétien a totalement le droit d’offrir une Bible, tout comme un musulman a le droit d’offrir un Coran. Auparavant, ce type d’affaire avait surtout lieu en Kabylie, maintenant, ça se déroule à Oran, et après ça se passera où ?» s’interroge-t-elle.

Noël Boussaha