1- Qu’en est-il dans le christianisme d’abord ?
Nous venons de le dire, l’Ennemi de Dieu est au singulier, et il apparait dés le troisième chapitre de la Genèse dans la Bible. Son premier nom est d’abord « serpent », puis, à partir des livres de « Job » et des « chroniques », le nom de Satan lui est attribué. C’est ce nom propre qui lui est resté puisqu’il est aujourd’hui universellement connu, tout comme le nom commun, le diable, qui lui est associé, dans le Nouveau Testament.
Jésus confirme cette inimitié entre le diable et Dieu, notamment dans la parabole sur l’ivraie (Mt 13, 25 et suivants) qui est jetée dans le champ de Dieu par son ennemi.
Le verset 9 du chapitre 12 de l’Apocalypse fait le lien entre ces noms :
Et il fut précipité, le grand dragon, le serpent ancien, appelé le diable et Satan, celui qui séduit toute la terre, il fut précipité sur la terre, et ses anges furent précipités avec lui.
Jamais dans la Bible un homme ou un groupe d’hommes, un peuple ou une nation ne sont déclarés « ennemis de Dieu » : il est arrivé que les Saintes Écritures rapportent que Dieu se déclare ennemi de son peuple, Israël, ou de l’homme à qui Il a confié une mission ; c’est toutefois très symbolique et pour lui indiquer qu’il doit se convertir faute de quoi il encoure “la colère” de l’Eternel.
Mais il faut surtout voir que le vrai ennemi de Dieu, Satan, travaille depuis le commencement de l’humanité : son temps est certes compté mais il durera jusqu’au Jugement dernier. Or nul homme ou groupe d’hommes ne peut avoir une telle action sur une telle durée.
Et quelle est cette action, car c’est elle qui est définie dés la Genèse : une opposition radicale à l’œuvre de Dieu.
Jésus l’explique en st Jean 8,44 :Vous avez pour père le diable, et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement, et il ne se tient pas dans la vérité, parce qu’il n’y a pas de vérité en lui. Lorsqu’il profère le mensonge, il parle de son propre fonds ; car il est menteur et le père du mensonge.
Donc le diable ou Satan, manifeste son action sous deux formes : le meurtre et le mensonge.
Remarquons que Jésus dit à ses adversaires qu’ils ont pour père le diable et qu’ils accomplissent ses désirs. Donc bien qu’il soit à l’origine du mal, ce sont eux qui, en le “prenant pour père”, sont homicides et menteurs par leurs actes. De sorte qu’on peut reconnaitre l’arbre à son fruit, selon l’enseignement de Jésus, et dire que les hommes meurtriers et menteurs proclament ainsi leur filiation avec Satan.
.يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُواْ قَاتِلُواْ الَّذِينَ يَلُونَكُم مِّنَ الْكُفَّارِ وَلْيَجِدُواْ فِيكُمْ غِلْظَةً وَاعْلَمُواْ أَنَّ اللّهَ مَعَ الْمُتَّقِينَ
Ô vous qui croyez! Combattez ceux des mécréants qui sont près de vous; et qu’ils trouvent de la dureté en vous. Et sachez qu’Allah est avec les pieux.
2- Qu’en est-il maintenant dans l’islam ?
On sait hélas que le Coran parle au pluriel quand il s’agit des ennemis d’Allah : Et le jour où les ennemis d’Allah seront rassemblés en masse vers le Feu…41,19
Le Coran ne fait pas de Satan (1) l’ennemi de Dieu, mais en fait l’ennemi des hommes (Coran 20,116-117) : « Et quand Nous dîmes aux Anges : “Prosternez-vous devant Adam”, ils se prosternèrent, excepté Iblis qui refusa.
Alors Nous dîmes : “ô Adam, celui-là est vraiment un ennemi pour toi et ton épouse. Prenez garde qu’il vous fasse sortir du Paradis, car alors tu seras malheureux.»
Il désigne aussi expressément toutes les catégories de personnes que le musulman doit considérer comme ses ennemis. En Coran 60,1, Allah déclare que : « mon ennemi est le vôtre » et dans le verset 45 de la sourate 4, tout est résumé : « Allah connaît mieux vos ennemis…»
Donc les choses sont claires et il n’est pas étonnant que dans les prêches islamiques actuels, quelques musulmans se posent des questions sur leur religion…
Je laisse parler l’un d’eux :
>> Huit jours après la fin du Ramadan, j’ai encore les oreilles qui bourdonnent des appels à anéantir les trois quarts de l’humanité. En un mois, on peut, en effet, en y mettant l’art et la manière, procéder à des «purifications ethniques» ou à des génocides, sans encourir les foudres du Tribunal pénal international. Cette noble institution, manipulée par les États-Unis bien sûr, ne s’occupe pas des appels et incitations au meurtre et à la liquidation physique. Aucun tribunal, aucun magistrat de nos pays ne se mettraient d’ailleurs en peine de juger sur des intentions alors que les passages à l’acte ne se comptent plus. Et puis les plus dévots d’entre nous s’évertueront à vous expliquer que lorsqu’on demande à Dieu d’anéantir ses ennemis, on exprime un désir, un vœu pieux en somme. Les plus sceptiques vous diront que de telles supplications adressées à Dieu ne servent qu’à panser les blessures d’amour-propre des croyants. […]Ce n’est pas rabâcher, et il y en a qui le font mieux, que de rappeler qui sont les cibles invariables des appels à l’anéantissement, à savoir les juifs et les chrétiens. Mais comme il y a des croyants plus difficiles à convaincre, il y a lieu de qualifier la cible, de manière à la rendre plus détestable. Pour les juifs, c’est facile et d’actualité : ce sont des envahisseurs et des spoliateurs. Sur le même coin de terre, mais à des siècles de distance, les chrétiens sont les croisés, mais comme ils sont toujours chrétiens, en dépit de nos efforts, et ils refont les croisades, sous d’autres formes. Ce sont donc ces cohortes, ces multitudes de juifs et de chrétiens que j’ai entendus périr, sous mes fenêtres, et ce durant tout un mois, sans que l’ami Obama ne s’émeuve […]
Dans l’un des feuilletons égyptiens du Ramadan 2012, Bab-al-Khalq, un célèbre repenti de retour d’Afghanistan, Mahfoud Zarata, est approché par des fondamentalistes qui veulent le rallier à eux. Excédé par leur langage belliqueux, Mahfoud leur dit : «Vous ne me parlez que d’ennemis à abattre, mais vous n’avez donc pas d’amis ?» Et il les quitte sur la formule «es-Salaam alaïkoum», en insistant : «Vous m’avez entendu ? Es-Salaam, Es-Salaam(2) !» Les salafistes du feuilleton n’ont pas répondu à la question de savoir s’ils avaient des amis, mais nos fondamentalistes de Syrie ont répondu à leur place durant ce Ramadan. […]
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(1) Lequel fait, dans Coran 15,39, à la face d’Allah, cette déclaration incroyable : « Ô mon Seigneur, parce que Tu m’as induit en erreur ». Satan affirme donc que c’est Allah qui l’a égaré, ou induit en erreur : le mot arabe est le même pour « égarer » ou « induire en erreur », ou encore « séduire » dans le sens de « tenter ». C’est donc Allah qui a égaré Satan, amenant celui-ci à tromper Adam…
(2) : Paix, paix !