Dans un article récent M. l’abbé Renaud de Sainte-Marie a fait le point sur le voile de la mariée dans le christianisme : “À l’occasion de l’examen par l’Assemblée Nationale du projet de loi sur le séparatisme, un député de La France insoumise a affirmé que le voile des femmes mariées symbolisait la soumission de la femme à l’homme ; à ce titre, les ennemis du voile pour les musulmanes devraient aussi légiférer pour interdire le voile des épouses.”
Nous apprenons ainsi que le voile de la mariée : “Quant au voile de la mariée est-il un symbole de l’infériorité hiérarchique de la femme par rapport à l’homme ? Commençons par un peu d’étymologie. Se marier en latin se dit nubere, voiler. Cela tient au rite du mariage dans la Rome antique : « De ce voile [rouge], très long et qui se portait comme la palla , la jeune mariée, à un moment donné, se couvrait la tête, en latin nubebat , ce qui explique que nubere a fini par signifier se marier, et nuptiae par désigner le mariage. »
“Ce rite du voilement de la mariée n’a pas été en soi repris stricto sensu par l’Église latine. Il a été pratiqué plus amplement dans l’antiquité par les Grecs, les sémites (cf. le mariage de Jacob dans la Genèse) et aussi par les chinois. L’époux ne voyait alors pas la mariée durant la cérémonie. L’Église l’accepte quand c’est la coutume mais le voilement de l’épouse ne fait pas partie des rites prévus par les lois liturgiques : le rituel des sacrements n’en fait nulle mention… N’en doutons pas, il y a aussi une raison de décence particulièrement appropriée au lieu liturgique où rien ne doit faire concurrence à la gloire de Dieu (et la chevelure de la femme est l’un des attributs de sa gloire terrestre à laquelle beaucoup d’hommes sont sensibles). Saint Paul donne comme explication de son exigence, les anges : « C’est pourquoi la femme doit, à cause des anges, avoir sur la tête un signe de sujétion » (1 Co, 11, 10). Eux aussi participent au culte eucharistique, même invisiblement, et sont en droit d’attendre de notre part une attitude religieuse qui correspond à celle qu’ils ont. C’est l’une des interprétations que donne saint Thomas dans son Commentaire sur ce passage de l’épître.”
Mais comme on le voit sur différents tableaux de différentes époques la mariée n’a pas toujours été voilée, en Occident chrétien.
Quant à sa tenue ou, plus précisément à sa coiffe et donc à sa chevelure, il semble bien que cela fait partie de la volonté de distinguer la femme de l’homme, dans la plupart des sociétés à travers le monde et l’histoire. La femme garde ses cheveux, ne les coupe pas par tradition quasi universelle, comme on le voit sur la photo ci-dessous. Le genre humain, jusqu’à tout récemment, a tenu compte des physiques féminin et masculin, pour l’habit et la coiffure : c’est la femme qui devient maman et porte dans son sein ses enfants, qui les nourrit d’abord avec son lait maternel, les couche et les habille; les lave et les éduque. Dans la plupart des cultures cela ne se discute pas et est d’une banale convention sociale. Mais aujourd’hui en Occident des courants de pensée veulent tout remettre en question, jusqu’à ne plus prendre en compte les aspects naturels et physiques. Ils veulent recréer le monde et l’humanité.
Nous ne les suivrons pas dans ce qui nous parait être des lubies insensées. En revanche arrêtons-nous à une autre manière de voire le voile de la mariée et à une autre signification qui remonte à la nuit des temps.
Chez les Sémites, en Orient, comme chez leurs cousins d’Afrique du Nord, une femme voilée a signifiée et continue de signifier l’épouse, ou une dame (Madame untelle). Pour indiquer ainsi qu’elle est passé d’un état d’adolescente célibataire et libre, à un autre, celui d’une femme non-célibataire et non-libre qui a pris homme, ou qu’un homme a prise pour fonder une famille en quittant le foyer parental. Et c’est vrai également dans la tradition chrétienne et monastique : une religieuse prend le voile pour signifier qu’elle appartient à Dieu et qu’en lui consacrant sa vie fuit toute attache avec un homme.
La mariée qu’on peut voir voilée dans la photo ci-dessus, de la Grèce antique (image Wikipédia), bien enveloppée et sa chevelure dissimulée par une coiffe ou un voile, mais laissant visible une grande partie du visage, ressemble à s’y méprendre à cette mariée nord-africaine au visage non totalement dissimulé aussi. Ainsi il est juste et primordial qu’une femme indique dans une société son état, par un voile cachant ses cheveux ou une bague. Autre chose est ce que certains courants intégristes font de cette tradition, en voilant leurs filles nubiles de 6 ans voir moins. L’excès des enragés occidentaux fait pendant aux fondamentalistes islamistes…Comme cette petite fille enfermée dans son hidjab ci-dessous, qui est sur la plage mais ne peut se mettre en maillot de bain.
(Un jeune couple amazigh (berbère) reçoit ses bagues avant l’établissement de l’acte de mariage lors du “moussem” (saison) des fiançailles au hameau d’Aït Amer dans le Haut-Atlas le 21 septembre 2019. (FADEL SENNA / AFP).