Est une douloureuse nouvelle, à laquelle peut s’ajouter, dans le cas d’un décès survenu dans la jeunesse, une incompréhension. Et nous venons à nous interroger sur les desseins de Dieu : pourquoi cette soudaineté, pourquoi Seigneur ? Aide nous à comprendre, n’es-Tu pas le Dieu de la Vie, n’es-Tu pas le Vivant ?

Ne fais-Tu pas dire au psalmiste (psaume 115: 15) : “Il en coûte au Seigneur de voir mourir les siens !” Oui Seigneur, Tu es le Dieu des vivants et non des morts, c’est Toi qui nous le dis en Luc 20: 38 : « Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. » Et Tu ajoutes même : « Tous, en effet, vivent pour lui. » Certes Seigneur, pour Toi qui a créé la mort comme un passage, Tu continues de voir ceux qui sont devenus pour nous inanimés en mourant. Inertes et invisibles, il ne nous reste d’eux que des souvenirs, en images, en paroles enregistrées. Alors notre foi en ta toute puissance est ébranlée, comme secouée à terre pour s’ensevelir avec les morts !

Finalement notre foi, qui devrait être notre secours et notre soutien s’effiloche et se plie comme un roseau fragile, prêt à se rompre sous le poids de la douleur de l’absent(e). Notre force spirituelle, qui devrait procéder de notre foi, est jugulée et étouffée par l’incompréhensible et soudaine disparition. Voilà ce qu’on se dit, sous le choc : “c’est si difficile, malgré la foi, de comprendre !“(1) Abasourdis, nous nous disons, en nous détournant souvent de Toi Seigneur : “Décidemment, personne ne connait l’heure de Dieu !” (1)

Toutes ces émotions qui nous submergent, comme ce fut le cas pour Jésus devant la tombe de son ami Lazare, nous font oublier l’essentiel. Qu’est-ce que l’essentiel, pourrions-nous penser, quand la mort survient ? L’essentiel, justement c’est la VIE qui s’ensuivra ou … non ! Dans l’hymne aux créatures, François d’Assise ne l’oublie pas quand il loue Dieu pour la mort, notre sœur corporelle :

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour notre sœur la Mort corporelle à qui nul homme vivant ne peut échapper. Malheur à ceux qui meurent en péché mortel ; heureux ceux qu’elle surprendra faisant ta volonté, car la seconde mort ne pourra leur nuire.

Ainsi donc notre foi devrait nous ramener à l’essentiel malgré, comme le dit François d’Assise, la venue imprévue de cette intruse jamais invitée par aucune créature. Et qui est une sœur plutôt ennemie !

Cher frère, cher ami Jean de “Rach-ddin” (2), ton départ inattendu, m’a surpris, choqué et attristé, encore plus quand j’ai pensé à tes enfants et à ta compagne. Mais je n’ai pas oublié ta foi ardente, en Jésus Christ, qui t’a rendu combatif, persévérant malgré les difficultés, et fort dans les épreuves. Aidé par la sollicitude du Padre Pio, tu as entrainé avec toi les hésitants, tu as découvert la belle liturgie, toi qui étais mélomane de la grande musique, qui avais aimé les beaux chants. Je n’ai aucun doute de l’endroit où tu es dans l’éternel “aujourd’hui de Dieu”. Je suis consolé de savoir que tu le contemples et que tu discutes avec ton ami “le padre franciscain”, le stigmatisé à l’instar de François son père dans l’ordre des frères mendiants. Et je ne doute pas que tu intercèderas pour les tiens, dans le mystère de la communion des saints, qu’ils soient encore sur terre ou au Purgatoire. À-Dieu mon frère et mon ami. Et que ta joie demeure !

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(1) Ce sont deux réactions de connaissances de notre frère disparu.

(2) Jean a arraché la religion chrétienne à ceux qui refusaient de l’y laisser entrer, d’où le jeu de mot ici.