L’Église une espèce de SAMU SOCIAL ?
J’ai découvert le message évangélique vers la fin de l’année 1961, mais étant jeune et ne maitrisant pas vraiment le français, j’ai dû attendre la fin des années 90, alors que j’avais été baptisé en 1970, pour me rendre compte des changements opérés par le Concile.
Je voudrais profiter de l’article de Sandro Magister, pour pointer du doigt la raison principale de la débâcle catholique par rapport à l’évangélisation des musulmans. Heureusement que cette débâcle n’est pas celle de l’Esprit Saint, mais des hommes ! Car les protestants d’obédience évangélique et, dans une moindre mesure, certains Coptes, dont le merveilleux Zakaria Boutros, n’ont pas chômé pendant ce temps et ont été dociles à l’action de l’Esprit!
Sandro Magister s’appuie sur le livre du père Piero Gheddo pour rappeler que si le prosélytisme n’a jamais été recommandé par le Seigneur, l’évangélisation est ontologique à la fondation de l’Église, nécessairement universelle et intemporelle.
“L’obligation d’évangéliser était réduite, après le Concile Vatican II, à un engagement social;” raconte le père Gheddo dans un livre intitulé : la mission sans si et sans mais.
“Comme si le Père, écrit-il encore, avait envoyé le Fils sur terre pour creuser des puits et pour fonder une Église semblable à un service d’urgences.”
L’évangélisation fut pourtant la préoccupation constante des papes qui se sont succédé de 1965 à 2013…
1 – Le pape Paul VI :
« Pour s’opposer à cette dérive, Paul VI convoqua en 1974 un synode consacré à l’évangélisation. Et, l’année suivante, il publia une exhortation apostolique, “Evangelii nuntiandi”, afin de réaffirmer avec vigueur que “même le plus beau témoignage se révélera à long terme inefficace si le nom, l’enseignement, la vie et les promesses, le règne, le mystère de Jésus de Nazareth, Fils de Dieu, ne sont pas proclamés”. “Mais Paul VI ne fut pas écouté”, écrit le père Gheddo. »
2 – Le pape Jean-Paul II :
« Jean-Paul II, lorsqu’il publia l’encyclique “Redemptoris missio” en 1990, se heurta également à un mur d’incompréhension. Le tir de barrage entra en action avant même que l’encyclique n’ait été écrite. Elle est inutile, objectait-on, le concile a déjà tout dit. Alors que, au contraire – explique le père Gheddo – le pape Karol Wojtyla voulait précisément dire avec force ce sur quoi le décret “Ad gentes” avait été trop timide ou silencieux. »
3 – Le pape Benoit XVI :
« Le 3 décembre 2007, fête du saint missionnaire par excellence, François-Xavier, la congrégation pour la doctrine de la foi publie une “Note doctrinale à propos de certains aspects de l’évangélisation” qui commence par un diagnostic très réaliste de l’anémie missionnaire de l’Église actuelle : “On dit qu’il suffit d’aider les hommes à être plus hommes ou plus fidèles à leur propre religion, qu’il suffit de construire des communautés capables d’agir en faveur de la justice, de la liberté, de la paix, de la solidarité. De plus, certains affirment que l’on ne devrait pas annoncer le Christ à ceux qui ne le connaissent pas, ni favoriser l’adhésion à l’Église, parce qu’il serait possible d’être sauvé même sans cela”. »
De fait le document a également paru tomber dans le vide. “Il a été presque ignoré par la presse catholique et missionnaire”, écrit le père Gheddo.
Il n’y a rien d’étonnant car – j’ai commencé à le réaliser en 1982 lors du baptême de nos trois enfants -, laïcs et prêtres, pour la majorité d’entre eux, en France en tout cas, avaient été « pourris-gâtés » par les développements théologiques du Concile, auxquels s’ajoutèrent les effets dé-constructeurs de Mai 1968 sur la Tradition catholique. Résultat : en 1996, une nouvelle génération de prêtres, dans l’Église en Algérie, mon ardent et beau pays, pouvait pavoiser et chanter que l’islam est une voie de salut.
C’est ce que proclament les héros non-missionnaires de la fin du 20ème siècle et du début du 21ème :
« Voir l’Église à la manière des pères de Chergé et Salenson conduit à remettre en cause le sens de sa mission évangélisatrice. Pour le prieur de Notre-Dame de l’Atlas, l’élargissement de la communauté ecclésiale hors de ses frontières visibles permet d’exorciser “au mieux les relents de prosélytisme et cette idée fixe qui tend à réduire la conversion au passage d’une religion à l’autre” (p. 141).
Et on peut aboutir ainsi à déclarer que :
« Il va jusqu’à écrire que le Fils est “le seul vrai musulman” car il n’a été que oui [autrement dit « soumis »] à la volonté du Père (p. 127). […]
Jésus le seul vrai musulman…
Une telle aberration a donc été écrite et aucun évêque, aucun théologien ne s’est levé pour la condamner !
Que dit l’islam depuis le début ?
Que Jésus est musulman !
Que les musulmans soient créés à l’image de Dieu et qu’à ce titre ils méritent tout le respect et toute l’attention des chrétiens pour qu’ils découvrent le message de l’Évangile, nous sommes bien placés pour le savoir, nous qui avons accepté la formidable proposition de devenir, en Jésus Christ, des enfants de Dieu.
Mais, en revanche, si l’islam est une voie de salut, alors que nous avons pris tant de risques pour suivre le Christ, n’est-il pas légitime que le Magistère de l’Église nous en avertisse ?
Et n’est-il pas normal que nous ayons sollicité une entrevue auprès du pape Benoit XVI en novembre 2012, puis renouvelée au pape François, en avril de cette année, afin qu’une réponse nous soit donnée une bonne fois pour toutes ?
Nous attendons d’autant plus une réponse que le Saint-Père, qui a écrit à l’imam de l’université d’Al Azhar, au Caire, le 19/09/13 pour lui dire qu’il avait estime et respect « pour l’islam et les musulmans », a proclamé dans la lettre encyclique Lumen fidei, du 29/06/13, de manière on ne peut plus clair que :
« La foi chrétienne est centrée sur le Christ, elle est confession que Jésus est le Seigneur et que Dieu l’a ressuscité des morts (cf. Rm 10, 9).
… La preuve la plus grande de la fiabilité de l’amour du Christ se trouve dans sa mort pour l’homme. Si donner sa vie pour ses amis est la plus grande preuve d’amour (cf. Jn 15, 13), Jésus a offert la sienne pour tous, même pour ceux qui étaient des ennemis, pour transformer leur cœur. Voilà pourquoi, selon les évangélistes, le regard de foi culmine à l’heure de la Croix, heure en laquelle resplendissent la grandeur et l’ampleur de l’amour divin. Saint Jean place ici son témoignage solennel quand, avec la Mère de Jésus, il contempla celui qu’ils ont transpercé (cf. Jn 19, 37). « Celui qui a vu rend témoignage – son témoignage est véritable, et celui-là sait qu’il dit vrai – pour que vous aussi vous croyiez » (Jn 19, 35)
…c’est justement dans la contemplation de la mort de Jésus que la foi se renforce et reçoit une lumière éclatante, quand elle se révèle comme foi dans son amour inébranlable pour nous, amour qui est capable d’entrer dans la mort pour nous sauver. Il est possible de croire dans cet amour, qui ne s’est pas soustrait à la mort pour manifester combien il m’aime ; sa totalité l’emporte sur tout soupçon et nous permet de nous confier pleinement au Christ.
… Maintenant, à la lumière de sa Résurrection, la mort du Christ dévoile la fiabilité totale de l’amour de Dieu. En tant que ressuscité, le Christ est témoin fiable, digne de foi (cf. Ap 1, 5 ; He 2, 17), appui solide pour notre foi. « Si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est votre foi ! », affirme saint Paul (1 Co 15, 17). Si l’amour du Père n’avait pas fait ressusciter Jésus d’entre les morts, s’il n’avait pas pu redonner vie à son corps, alors il ne serait pas un amour pleinement fiable, capable d’illuminer également les ténèbres de la mort. Quand saint Paul parle de sa nouvelle vie dans le Christ, il se réfère à « la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour moi » (Ga 2, 20). Cette « foi au Fils de Dieu » est certainement la foi de l’Apôtre des gentils en Jésus, mais elle suppose aussi la fiabilité de Jésus, qui se fonde, oui, dans son amour jusqu’à la mort, mais aussi dans son être Fils de Dieu. Justement parce que Jésus est le Fils, parce qu’il est absolument enraciné dans le Père, il a pu vaincre la mort et faire resplendir la plénitude de la vie… Les chrétiens confessent l’amour concret et puissant de Dieu, amour que l’on peut rencontrer, qui s’est pleinement révélé dans la Passion, Mort et Résurrection du Christ. »
Or comment ne pas estimer que l’islam est antichrétien dans son fondement scripturaire qu’est le Coran puisqu’il y est écrit, dans la sourate 4, verset 157 :
«… le Messie, Jésus, fils de Marie, prophète de Dieu», n’a pas été tué et n’a pas été crucifié, mais […] ce fut une illusion, car même ceux qui se sont livrés ensuite à des controverses à son sujet sont encore réduits, faute de preuves, à de simples conjectures. En réalité, ils ne l’ont point tué… »
Et dans la sourate 61, verset 6 :
« Souviens-toi également de Jésus, fils de Marie, qui disait : «Ô fils d’Israël, je suis le messager de Dieu envoyé vers vous. Je viens confirmer le Pentateuque qui m’a précédé, et vous annoncer la venue après moi d’un Prophète du nom d’Ahmad.»