Compte rendu du Forum sur Jeshua al-Massih des 11 et 12 octobre 2014 à Steenwerck

par les organisateurs

 

Rappel des objectifs du Forum, qui furent énoncés dés juin 2010, dans un courrier adressé à un certain nombre de prêtre (dont Mgr Rey) :

1- Informer et montrer aux catholiques, pasteurs compris, qu’ils ont une responsabilité dans l’accueil ou le non-accueil, dans le soutien ou l’absence de soutien aux convertis à cause de l’interdiction islamique de se convertir au christianisme.

2- Toucher les autorités civiles et politiques pour qu’elles réalisent que la liberté de choix, de croire ou de ne pas croire, doivent aussi être garanties par l’État français aux citoyens nés musulmans.

3- Faire intervenir des musulmans de renom pour qu’ils se positionnent sur la question de la liberté de quitter l’islam.

Ces trois points sont les axes d’action, mais avec une priorité sur le premier.

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I – 1ère intervention sur les  sources justifiant ou non l’annonce aux musulmans, qui avait été proposée au père C. Roucou.

Comme il ne donnait pas de réponse à notre invitation, nous avons demandé à A. Laurent d’intervenir sur le sujet. Le 23/09, suite à notre insistance, le père Roucou appelle enfin Moh-Christophe. Tous les points qui nous séparent sont abordés et le père C. Roucou convient que les contacts doivent être plus fréquents à l’avenir ; mais il ne peut être là et, lui apprenant que c’est Mme Laurent qui interviendra à sa place, il nous prévient que les aspects théologiques de la question risquaient de ne pas être traités. Moh-Christophe l’a aussitôt informé que l’important était de rappeler les textes traitant de la question.

Rappelons que, comme pour le premier Forum, l’ordinaire du lieu et le représentant du SRI ont été invités. En effet, l’une des principales exigences du Forum est une large ouverture aux catholiques. De fait nous pouvons dire que ceux que notre démarche ne convainc pas, parmi eux, sont ceux que nous souhaitons toucher prioritairement. Voir plus bas pour le bilan.

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II – Les autres interventions :

Il y a eu une grande variété des intervenants, venus de sociétés à majorité musulmane ou non, chrétiens de sensibilités variées, consacrés ou laïques, chercheurs ou pasteurs.

Nommons Joseph Fadelle, le père S.-Khalil Samir, le père E.-M. Gallez, le père P.-M. Soubeyrand, l’abbé G. Pages, les Missionnaires de la Miséricorde divine (l’abbé Fabrice Loiseau), la communauté Saint Jean (frère Baudouin), la communauté Saint Martin (Dom Antoine Drouineau), Annie Laurent, Mohamed-Christophe Bilek, ainsi que différents convertis qui ont témoigné.

Une variété des approches s’est également manifestée : scripturaire, théologique, magistérielle, historique, sociologique…

A la question « Pourquoi ? », on se réfère à l’injonction du Christ « de toutes les nations faites des disciples », et son explicitation par le bienheureux Charles de Foucauld : « C’est la pratique du deuxième commandement, aimer son prochain comme soi-même ».

A la question « Comment ? », les réponses vont dépendre des conditions de l’annonce : implantation géographique, vocation spécifique, milieu de vie, moyens de communication…Quelles qu’elles soient, il s’agit de s’adresser à des personnes musulmanes, non à l’Islam.

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 III – Les problèmes relevés par certaines interventions.

a) La table ronde sur « les mariages islamo-chrétiens » a soulevé les difficultés épineuses des mariages mixtes, par rapport aux enfants, et leurs réels épanouissements. La réflexion devrait se poursuivre et se soucier de ces cas, de plus en plus nombreux, dans lesquels souvent le conjoint chrétien passe à l’islam.

 

b) Lors de la table ronde : « Quel accueil pour les convertis de l’islam ? », comprenant le père Samir, Joseph Fadelle et Moh-Christophe, fut soulevé le problème du baptême des musulmans qui y renoncent ou le retardent dans la crainte de mettre leur vie en péril, ou celle d’un membre de leur famille, en milieu musulman.

 

Que faut-il conseiller ? Professer publiquement sa foi, au risque de subir le martyre, ou la cacher pour mieux évangéliser en préservant sa vie ?

Il y a aussi les problèmes connexes : quelle doit être la durée d’attente avant le baptême, 3 mois, 1 an ou plus ? Peut-on cacher indéfiniment aux membres de sa famille, voire à son conjoint, le baptême reçu depuis parfois plus de 20 ans ?

Les divergences sont revenues sur le tapis avec la dernière « table ronde : l’apostolat des médias » comprenant l’abbé F. Loiseau, l’abbé G. Pagès et Moh-Christophe.

Les concepts de « baptême de désir, de baptême de sang, d’apostasie après le baptême, du salut en l’absence du baptême » ont été évoqués.

Exemple : Quand on annonce qu’il y a plus de 100 000 convertis en Arabie Saoudite, faut-il les considérer comme chrétiens alors qu’il n’y a pas plus de 1000 d’entre eux qui ont reçu le baptême ?

 

Il est évident qu’il faut approfondir ces questions cruciales, pour entendre les avis autorisés de théologiens et les solutions préconisées par le Magistère.

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IV – Un bilan qui montre la nécessité du Forum.

Nous passons outre la satisfaction d’une réussite relative par le nombre de participants, plus du double de l’année dernière, dans une localité éloignée, malgré les entraves suscitées.

L’enthousiasme des participants et leur large approbation pour sa tenue, ainsi que les questions qui y ont été soulevées, montrent tout l’intérêt du Forum.

Il a mis en lumière l’enseignement et la formation, indispensables, à acquérir pour l’annonce sérieuse et en vérité de Jésus et de sa Bonne Nouvelle aux musulmans qui ne les connaissent pas.

Mais le point nodal du Forum a été de faire la démonstration publique de l’existence des convertis à beaucoup de catholiques, mal informés ou croyants que l’évangélisation des musulmans est dépassée, qu’elle n’a plus lieu d’être.

 

Paradoxalement ce sont les oppositions rencontrées qui sont à l’origine de la plus belle réussite du Forum, puisqu’il a  mis le doigt sur deux obstacles à cette visibilité des convertis:

a) Les services publics et administratifs qui ne réalisent pas que la liberté de choix, de croire ou de ne pas croire, doit être également garantie aux citoyens nés musulmans.

Il se trouve en effet qu’un service de gendarmerie – prudent à l’excès – aurait rappelé au maire son pouvoir d’annuler le Forum à Steenwerck ; Le maire a décidé de le laisser se tenir, soutenu d’ailleurs par la sous-préfecture de Dunkerque, parce que l’association Notre-Dame de Kabylie, organisatrice déclarée, est favorablement connue de l’administration.

b) Le double refus de certains catholiques, pasteurs compris, d’assumer, d’une part, leur responsabilité dans l’accueil et le soutien des convertis ; d’autre part le refus de dialoguer avec eux, du fait qu’ils remettent en question les dogmes islamiques.

 

En conclusion et sans langue de bois :

Que faut-il penser de cette ségrégation, qui ne dit pas son nom, établie entre les bien-pensants sur l’islam et les mal-pensants, déclarés « islamophobes » dés qu’ils osent le critiquer ? Peut-on du reste quitter l’islam et devenir chrétien sans un minimum de critique ?

L’opposition de l’archevêque de Lille, à notre égard, est-elle charitable ? Pourquoi dédaigner de répondre à deux courriers qui lui ont été personnellement adressés ?

Nous avons attendu plus de quatre mois. Est-ce une manière de nous considérer comme des fils spirituels en Jésus Christ que de refuser de nous rencontrer ?

Si l’abbé Pagès, qui indispose manifestement, est interdit de parole ou a été excommunié qu’on nous tienne informés et il ne sera plus invité.

Est-ce qu’il faut jeter l’anathème sur Joseph Fadelle, à cause de ses propos sur l’islam, alors qu’une fatwa pèse sur lui ? N’est-il pas plus juste de le rencontrer et de le conseiller paternellement ?

Quant aux reproches faits à Notre-Dame de Kabylie pour sa liberté de parole,  il semble que les autorités civiles n’en sont pas gênées.

Quoi qu’il en soit, les organisateurs ne sont pas habilités à être des censeurs ou des inquisiteurs. L’esprit d’un tel forum est de donner la parole à tous, dans le respect de la loi et en demandant à chacun d’assumer ses opinions.

Pour ce qui est de l’évangélisation, nous sommes convaincus que l’Esprit Saint en est le maitre d’œuvre. Alors pourquoi avoir peur ?

Le meilleur des dialogues, avec les chrétiens comme avec les musulmans, est celui de la vérité ; il doit être décomplexé et ne doit pas considérer l’autre comme un djihadiste en puissance, ou un intégriste fanatique ; il doit les croire, au contraire, capables de raisonnement, puisqu’ils savent défendre leur foi.

La confirmation nous a été donnée par cet internaute musulman, qui vient de nous écrire ceci :

Vous n’avez aucun monopole de quoi que ce soit. Le Christ ne vous appartient pas du tout, ni sa parole.