L’auteur est Michel Orcel. Wikipédia le présente comme un “écrivain et psychanalyste français”, pourvu de diplômes universitaires (institut d’études politiques de Paris, maîtrise de philosophie, DEA d’islamologie, doctorat ès Lettres et Sciences humaines, habilitation à diriger des recherches doctorales en littérature et civilisation italiennes), ayant occupé un poste de maître de conférences (1992-1996). Il exerce son activité professionnelle à Marrakech.
Le livre a été publié par l’éditeur catholique Bayard, affilié à un groupe de presse et d’édition, présent dans 16 pays, occupant le 5ème rang en France.
Les titres universitaires de l’auteur, le sous-titre “Examen et réfutation de quelques thèses de la nouvelle islamophobie“, supposent une étude objective du sujet traité. Là réside l’étrangeté de ce livre. En effet, sur une base de forme et fond médiocres, Orcel se livre à un enchaînement d’agressions ad hominem grossières et diffamatoires contre des islamologues universitaires français, dont le défaut est de ne parler de l’islam, et de ne pas l’enseigner, comme le font les universités des pays musulmans. En effet, le choix de ces islamologues n’est pas l’apologétique, mais l’analyse critique. Leur recherche se fait selon les normes de l’exégèse historico-critique des religions. Ces normes, adoptées par les chercheurs occidentaux depuis le 19ème siècle, sont caractérisées par une méthodologie rigoureuse, et des recherches objectives minutieuses, qualités totalement absentes de ce livre. Deux recensions intéressantes dévoilent les différents aspects du vocabulaire utilisé, le style et la technique de l’auteur. Elles nous évitent de le faire, et méritent donc d’être consultées. Il s’agit des recensions de Didier Fontaine sur le site Amazon et de Scrutator Sapientiae sur le Forum Catholique
La forme et le fond de cet ouvrage conduisent, dans un premier temps, à hésiter à en parler dans le cadre d’un article. En effet, d’une certaine façon ceci reviendrait à attacher de l’importance à un aussi médiocre pamphlet à prétention scientifique, et ainsi à apporter poids et crédit à l’auteur. Cependant le fait que l’islamologue Marie-Thérèse Urvoy soit la cible privilégiée fait pencher en faveur du volet “en parler” dans le dilemme “en parler – ne pas en parler”. L’une des raisons est la reproduction (avec son accord) sur Notre-Dame de Kabylie de certains de ses articles et extraits d’ouvrages (rubriques “Du vocabulaire de l’islam” dans “Dialogue islamo-chrétien” et “Expression / Awal”). Indirectement ce site se sent donc visé. Une autre raison est une recension du journal La Croix (du groupe Bayard), phare de la presse catholique dominante, référence de “vérité” pour la grande majorité des catholiques français, favorable à la thèse d’Orcel. Sous le titre “Aux sources de l’islamophobie contemporaine”, ce quotidien débute très fort”: “L’islam fait peur et certains groupes le considèrent même comme dangereux. Deux livres permettent de comprendre les ressorts de cette crainte qui se traduit par des propos haineux voire racistes“. Au sujet du livre d’Orcel, après avoir parlé de “l’islamophobie savante”, on lit “À travers quelques exemples simples, il dénonce les présupposés et le manque de rigueur scientifique dans l’étude et l’interprétation des sources chez des intellectuels et des universitaires œuvrant dans le champ de l’islamologie, dont certains maîtrisent mal l’arabe” (les parties soulignées ne le sont pas dans l’original). Pour la suite cf. le site de La Croix.
Ne “boxant pas dans le même catégorie” (cf. la présentation dans Wikipédia Marie-Thérèse_Urvoy), il est très probable que la professeure Urvoy ne répondra jamais aux attaques dont elle est la cible. Bien que ne disposant pas des moyens de diffusion de La Croix, et ainsi touchant une part infinitésimale des catholiques qui ont pris pour “paroles d’Évangile” la recension de ce journal, à son modeste niveau Notre-Dame de Kabylie, a le devoir de répondre. Ce site se limitera aux points qui concernent essentiellement Marie-Thérèse Urvoy, les deux recensions, mentionnées plus haut, ayant déjà donné l’information relative à l’ensemble des islamologues objet de l’emportement de l’auteur (Lammens, Théry, Bonnet-Eymard, Luxenberg, Brague, Moussali, Gallez, de Prémare, Gilliot, Delcambre, Urvoy). A propos de M.T. Urvoy, il s’agit ici d’apporter des éléments complémentaires montrant le non-sens, l’absurdité, des agressions du livre.
La place de choix, réservée à Marie-Thérèse Urvoy, apparait à travers quelques passages la concernant:
– Page 21 “Marie-Thérèse Urvoy une islamophobe convaincue”.
– Page 43 “Parmi les égéries de l’islamophobie cléricale, une place de choix revient sans contexte à Marie Thérèse Urvoy. ….Qui, sous les aspects d’une science stricte et discrète, participe à sa manière à l’islamophobie savante. … Mme Urvoy (elle ne s’en cache pas) juge l’islam à l’aune du dogme catholique; elle a pour objectif immédiat la destruction du dialogue islamo-chrétien qu’elle exècre passionnément – ce qui est bien déplorable car cette passion l’amène à oublier toute humilité (scientifique et religieuse) face à une figure aussi géniale et majestueuse que celle de Louis Massignon”.
– Page 44 “Mme Urvoy a aussi commis un ouvrage intitulé “L’action psychologique dans le Coran”, visant à démontrer que le Livre saint de l’islam est un manuel très élaboré de manipulation mentale. Sans commentaire”.
– Page 107 “Mme Delcambre s’est également fait une spécialité de la dénonciation de ce qu’elle, et ses comparses- notamment Mme Urvoy dont on reparlera plus loin- appellent la dhimmitude”.
– Tout le chapitre VI “Distinguer pour mieux… désunir” (pages 121-142) lui est consacré. Il débute par une longue diatribe, voulant démontrer au départ le sacrilège de l’affirmation: le Dieu des chrétiens n’est pas celui de l’islam. Aux yeux d’Orcel, comme aux yeux des clercs et laïcs engagés dans le dialogue islamo-chrétien officiellement reconnu par la Conférence des évêques de France, c’est le péché irrémissible. Le point de départ est la citation d’un extrait (relatif à la déclaration conciliaire Nostra Aetate) de l’article de Mme Urvoy, publié sous le titre “Le dialogue islamo-chrétien: du principe à la réalité” dans le n° 106 (janvier 2010) de la revue “Catholica“, et reproduit sur Notre-Dame de Kabylie . Orcel parle alors de “l’arrogante malignité de ces esprits qui, taxant d’ignorance les Pères conciliaires, prétendent dire à leur place la vérité catholique, et leur mauvaise foi” (page 122), “d’opposition au magistère” (page 124), de “platitude du savoir universitaire” (page 124), de “manipulation d’un discours de Paul VI” (page 125), “Mme Urvoy ne démontre pas, elle se contente pas d’affirmer. … Belle leçon d’honnêteté intellectuelle et morale, on en conviendra ” (page 126), “Cette analyse de la foi musulmane incite du reste à se demander si le savoir de Mme Urvoy en matière de théologie chrétienne est aussi sûr qu’elle voudrait le faire croire” (page 130).
A partir de la page 131, sur la base de l’assertion “les islamophobes chrétiens supportent mal de voir que, délaissant les voies de la sainteté chrétienne, beaucoup de nouveaux musulmans d’origine européenne parviennent à l’islam par des voies soufies”, le discours se poursuit par un vibrant éloge du soufisme et de Massignon. Il est doublé d’un blâme aux “islamophobes savants” pour leur peu d’enthousiasme pour cette spiritualité islamique. Ce discours se veut une leçon adressée à M.T. Urvoy qui “ignore tout de la mystique musulmane” (page 134). On peut lire: “nous apprendrons également à Mme Urvoy” (page 125), “Portez des lunettes, Mme Urvoy, portez des lunettes…” (page 130 note 16), “si Mme Urvoy s’instruisait un peu auprès de ses collègues spécialistes” (page132, même idée p.134), “On mesure à ces mots la science et l’amour proprement chrétien avec lesquels cette dame aborde le continent de la spiritualité musulmane. … Mme Urvoy doit trembler” (page 137), “Mme Urvoy avec sa charité habituelle” (page 139). Parlant de la réticence de M.T. Urvoy à l’égard de Massignon dans l’article de Catholica, Orcel nous offre le bouquet final: “ces phrases arrogantes montrent la puanteur de la jalousie: jalousie de la petite enseignante de province face au grand universitaire professeur au Collège de France, jalousie de l’âme étroite face au mystique, au tâcheron face au génie. Mais on sent bien que se mêle à la jalousie personnelle, la pestilence d’un autre sentiment. Un sentiment que Mme Urvoy partage avec ses lecteurs et auditeurs: la haine de l’islam ” (page 140). L’auteur de “La dignité de l’islam” se garde bien de mentionner que cette réticence, véritable péché mortel pour lui, était partagée par le Père Jomier. Compte tenu de la notoriété de ce grand islamologue, l’auteur de la “Dignité de l’islam” n’a pas osé l’afficher à son “tableau de chasse”.
Avec cette accusation de “haine de l’islam”, Orcel récidive dans ses interventions pour défendre son livre sur le Forum Catholique. C’est assez maladroit, car il dévoile plus explicitement une hargne, une fureur, et surtout une obsession pathologique “anti-Urvoy”, à travers deux “posts” qui font apparaître clairement de quel côté se situe la “haine”. Le premier s’exprime ainsi: “En soutenant que le Dieu des chrétiens et le Dieu des musulmans n’ont rien en commun, vous contredisez le Concile de Vatican II et le magistère des derniers pontifes. Vous vous mettez de facto dans une position pré-schismatique ! Vous devez adorer Mme Urvoy, qui fait de même avec une haine qui laisse bien des doutes quant à l’efficacité de la charité chrétienne“. leforumcatholique.org
A un autre intervenant qui cite ses excès de langage dans sa dénonciation des “islamologues savants”, Orcel répond: “Oui ! Ces lignes acérées sont bien de moi ! Elles m’ont été suggérées par la haine et la violence de ces auteurs, tout simplement. Elles sont toutes justifiées : je le prouve. Quant au ton, relisez quelques bons polémistes chrétiens (Léon Bloy par exemple)… ” leforumcatholique.org/message617881. Ici Orcel n’hésite pas à se comparer à Léon Bloy?
Cette obsession “anti-Urvoy” est bien étrange chez un psychanalyste. Venant d’un homme qui se déclare universitaire, c’est encore plus étonnant. La carrière de Marie-Thérèse Urvoy (cf. Wikipédia) montre l’absurdité des accusations, dont celle de “haine de l’islam”, proférées par Orcel qui, comme pour l’ensemble de son texte, confond analyse et injure, critique et diatribe, islamo-critique et islamophobie. Dans cette carrière, on peut par exemple noter que, née à Damas et ayant vécu au Moyen Orient, elle a été reçue première au baccalauréat syrien en langue arabe pour les écoles privées, ce qui lui a donné le titre de membre correspondant de l’Académie Arabe de Damas. On peut ajouter qu’elle a bénéficié des enseignements des plus fameux professeurs d’arabe et de religion musulmane en Syrie et au Liban, dont ceux du Cheik Kaftaro (plus tard Grand Mufti de Damas) à la faculté de la Sharia de l’Université de Damas. L’absurdité de l’accusation est encore plus manifeste avec la rédaction de 25 articles du Dictionnaire du Coran (Collection Bouquins, Robert Laffont, 2007) que Mohammad Ali Amir Moezzi lui a confiée en tant que directeur de la publication. Musulman chiite, le professeur Ali Amir Moezzi est directeur adjoint du Centre d’études des religions du Livre et directeur d’études à l’École pratique des hautes études (Sorbonne). L’absurdité atteint son plus haut niveau en considérant les très nombreuses recherches d’étudiants musulmans que M.T. Urvoy a dirigées, et conduites à une thèse, et pour les étudiants qui ne dépendaient pas d’elle, les jurys de thèses qu’elle a présidés. La dernière présidence de jury est celle de la thèse soutenue le10/12/2011 à l’École pratique des hautes études (Sorbonne) par Mehrdad Shabahang, préparée sous la direction du professeur Ali Amir Moezzi (lem.vjf.cnrs.fr/spip.article198).
Orcel essaie de justifier en partie son “argument” de “haine de l’islam” en disant que M.T. Urvoy est d’une totale ignorance dans le domaine du soufisme. Les citations mentionnées plus haut dans la seconde partie du chapitre 6 sont claires sur ce point, et ont conduit au “bouquet final” fustigeant la “pestilence” de ce sentiment (cf. ci-dessus). La réponse à une telle malveillante incongruité est le dernier livre de M.T. Urvoy “Essai de critique littéraire dans le nouveau monde arabo-musulman” (Cerf, 2011, 381 pages). Les chapitres 3, 4 et 5 (120 pages) traitent de cette mystique musulmane selon les normes scientifiques de l’exégèse historico-critique des religions, et non sur la base de l’apologétique, ce qu’aurait préféré l’auteur de la “Dignité de l’islam” qui, lui, a choisi cette voie dans son livre. Pour information notons les thèmes traités. Au chapitre 3: “Le soufisme populaire comme révélateur psychosociologique” (perception populaire de la sainteté, ritualisme et magie, le genre manaqib comme autoanalyse collective). Au chapitre 4 : “L’ambiguïté du thème de l’amour dans le soufisme“. Au chapitre 5 : “Le soufisme intellectualiste ou l’universalisme impossible” (un “penseur de frontière” en islam : Ibn Sab’in; essai et échec d’une ouverture supraconfessionnelle; christianisme et islam: deux approches de la sainteté; soufisme et islamisme)
Il est intéressant de noter l’une des sources, qui alimente la fureur d’Orcel, se dévoile quand il écrit page 43 à propos de M.T. Urvoy: “elle a pour objectif immédiat la destruction du dialogue islamo-chrétien qu’elle exècre passionnément”. On voit là un préjugé sans fondement, avec la confusion entre la situation du dialogue actuel, basé sur la pensée idéaliste et subjective dominante dans les relations islamo-chrétiennes officiellement reconnues (cf. l’Article), et un dialogue basé sur le réel. Sur ce point, l‘étude de Catholica, cible du chapitre 6 du livre, est un exposé rigoureux sur une situation, pour laquelle une condition nécessaire (au sens mathématique) dans le traitement du sujet est une bonne connaissance de l’islam, connaissance se situant pour Marie-Thérèse Urvoy à un niveau internationalement reconnu. En lien direct avec cette condition, l’article fait une remarque de simple bon sens en disant: “on n’est jamais seul à dialoguer et la question est de savoir si les partenaires des chrétiens ont, du dialogue, la même conception qu’eux“. L’intervention de Mgr Antoine Beylouni, archevêque libanais d’Antioche, au Synode des évêques du Moyen Orient (2010), montre que ce n’est pas le cas. En effet Mgr Antoine Beylouni dit clairement: “Le Coran inculque au Musulman la fierté d’avoir la seule religion vraie et complète…C’est pourquoi il vient au dialogue avec cette supériorité et avec l’assurance d’être victorieux. …Le Coran permet au musulman de cacher la vérité au chrétien et de parler et agir contrairement à ce qu’il pense et croit“. Après avoir parlé des versets abrogés et abrogeant, des versets prônant la violence sacrée, il ajoute: “Devant tous ces interdits et d’autres semblables faut-il supprimer le dialogue? Non, certainement pas. Mais il faut choisir les thèmes abordables et des interlocuteurs chrétiens capables et bien formés, courageux et pieux, sages et prudents … qui disent la vérité avec clarté et conviction. …”. Cette prudence rejoint la position de Benoît XVI relative au dialogue avec les musulmans. Pour le Pape, loin devant les questions théologiques, les aspects pratiques sont les plus importants, tels que: commandements de la loi naturelle, nécessité de ne pas se servir du nom de Dieu pour se livrer à la violence, reconnaissance de la parité entre homme et femme, égalités des droits pour les non musulmans vivant en terre d’islam, liberté religieuse, droit de changer de religion. Le dialogue interreligieux n’est pas désavoué, il est simplement replacé dans le cadre de ses aspects prioritaires, sur la base d’une approche réaliste et objective des questions que ce dialogue implique. La référence du Pape est un “dialogue des cultures” orienté vers les répercussions culturelles, et éthiques, résultantes pour les différentes religions.
Au plan du dialogue et de l’identité “Dieu des chrétiens – Dieu de l’islam”, dans le “tableau de chasse” de Michel Orcel, il y a un grand absent: le père François Jourdan. Rappelons que le père François Jourdan est prêtre eudiste, islamologue, docteur en théologie, en histoire des religions et en anthropologie religieuse. Il a enseigné la mystique islamique à l’Institut Pontifical d’Études Arabes et islamiques de Rome (1994-1998), et l’islamologie pendant 15 ans à l’Institut Catholique de Paris, et 10 ans à l’École Cathédrale. Il fut délégué du diocèse de Paris pour les relations avec l’islam (1998-2008). Deux de ses ouvrages “Dieu des chrétiens, Dieu des musulmans. Des repères pour comprendre” (L’œuvre, 2008, préfacé par Rémi Brague), et “La Bible face au Coran, les vrais fondements de l’islam” (L’œuvre, 2011), démontrent la fausseté de l’assertion “chrétiens et musulmans ont le même Dieu”, devenu un dogme du dialogue islamo-chrétien officiel actuel. Est-ce un oubli, ou une hésitation? Orcel se rattrape dans ses interventions sur le Forum Catholique, en réponse à un premier intervenant qui cite le premier livre et les titres de son auteur: voir www.leforumcatholique.org/message.php?num=617885, et à un second voir www.leforumcatholique.org/message.php?num=617886
Dans l’interview “Réponses du père François Jourdan aux questions de Moh-Christophe Bilek”, le prêtre eudiste montre clairement en quoi le dialogue actuel est faussé. Il nous le dit, en parlant de dialogue marqué par “l’affectivisme”, le “manque de courage et de liberté”, “la confusion”, “uneincompétence inconsciente des théologiens sur l’islam et une incompétence inconsciente des islamologues en théologie“, “la tentation vécue dans ce j’appelle ‘le bal masqué’ : le musulman mène le bal car il a peur devant la liberté et les remises en cause radicales qui vont lui arriver“. A propos du droit de changer de religion, sujet toujours exclu du dialogue, le père Jourdan dit : ““L’intolérance du Coran (2,217; 3,86-91,106; 4, 14,115,137; 16,106), et de la Tradition sur le fait de quitter l’islam, bloquent et les musulmans et les non-musulmans.Il n’y a que le courage de la vérité qui puisse débloquer“. Notons que la “Tradition” concerne les hadiths. Deux parlent de la sanction de l’apostasie (la mort) : Sahih al-Bukhari (Volume 6, livre 61, Numéro 577) et Sahih al-Bukhari (Volume 4, Livre 52, Numéro 260)
Les titres universitaires d’Orcel, dont une habilitation à diriger des recherches, et le sous-titre de son livre “Examen et réfutation de quelques thèses de la nouvelle islamophobie“, conduisent naturellement à l’attente d’une analyse de type universitaire des thèses des islamologues furieusement pris à parti par l’auteur. Une telle analyse suppose une démonstration rigoureuse justifiant ce qui revient à une mise en cause de leur honnêteté intellectuelle. Il n’en est rien. On se trouve face au discours d’un militant, utilisant essentiellement un argument: les thèses dénoncées sont dictées par “la haine de l’islam”, elles émanent d’islamophobes convaincus. Les Éditions de Paris, qui publient la collection “Studia Arabica” sous la direction de M.T. Urvoy, “se faisant une spécialité de l’islamophobie savante” (page 38), sont dénoncées comme étant “d’extrême droite”, ce qui clôt toute discussion. Tout ceci n’a pas empêché la recension de La Croix, favorable à la thèse d’Orcel. Ce quotidien a pu ainsi convaincre la grande majorité de ses lecteurs catholiques de la vérité de l’assertion résumant le contenu du livre: “il dénonce les présupposés et le manque de rigueur scientifique dans l’étude et l’interprétation des sources chez des intellectuels et des universitaires œuvrant dans le champ de l’islamologie“. De cette façon ce journal contribue à la mise en cause de leur honnêteté intellectuelle, et de leur compétence professionnelle. La très large diffusion de La Croix, qui figure sur la plupart des tables de presse des paroisses, a été une incitation à parler de cet ouvrage dans Notre-Dame de Kabylie, après un premier temps d’hésitation, ceci malgré la disproportion des moyens en présence de part et d’autre.