title=”L’encyclique ‘Tous frères’ et l’avenir religieux de l’EuropeB”]Résumé de l’étude de l’encyclique “Tous frères” du pape François, vue sous l’angle de l’avenir de l’Europe chrétienne.
L’encyclique “Tous frères” est un plaidoyer pour un nouvel humanisme, essentiellement orienté vers une amplification de l’accueil des migrants. Bien que la religion de ces migrants ne soit pas précisée dans ce texte, le premier appel (24-11-2013) lancé par le Pape dans le sens d’un tel accueil (huit mois après son élection) est très clair: “Nous chrétiens, nous devrions accueillir avec affection et respect les immigrés de l’Islam qui arrivent dans nos pays, de la même manière que nous espérons et nous demandons être accueillis et respectés dans les pays de tradition islamique” (§ 253 d’Evangelii Gaudium). Pour convaincre les chrétiens qu’il s’agit d’un devoir essentiel, le texte a largement recours à la parabole du Bon Samaritain (mentionnée une vingtaine de fois dans l’encyclique) avec l’image du migrant musulman “frère universel” (§ 287 de “Tous frères“) duquel les “prêtres et les lévites” (image du repli sur soi des chrétiens européens) détournent le regard. En fait, compte tenu de la place que l’espace médiatique catholique, et non catholique, consacre à la question migratoire, ce “frère universel” n’est pas du tout ignoré par les “prêtres et les lévites“. Par contre, c’est bien “le prêtre et le lévite” qui “passent outre” le “frère dans le Christ“, lui ignoré par la Fraternité Universelle de l’encyclique, frère dont les persécutions ont atteint un niveau abominable, spécialement en terre d’islam. Pour des raisons de comportement politiquement, religieusement, ecclésialement correct, ce “frère dans le Christ” est laissé au bord du chemin. Seul avec ses plaies, ses souffrances, il est victime du silence, de l’indifférence, de l’oubli de “frères” qui détournent le “regard, et passent outre“. Maintenant, ce sont des acteurs non chrétiens (cf. le paragraphe 4 de l’étude ci-dessous), dont un musulman le Sheikh Dr Muhammad Al-Hussaini (article “Iman blames Christian Leaders for the Persecution of Christians“), qui ont le rôle du Bon Samaritain, qui ressentent une immense compassion devant l’épouvantable sort de ces laissés de côté, et qui s’étonnent du silence de l’Eglise, du silence des hommes politiques de droite comme de gauche. L’un d’eux, Raphaël Delpard auteur du livre “La persécution des chrétiens aujourd’hui dans le monde” (Ed. Michel Lafon, 2009), et réalisateur du film documentaire “La persécution des chrétiens dans le monde” (2017), est même troublé par le “mystère” de ce silence, de cette indifférence, auquel il associe le mystère du choix du martyre plutôt que la conversion à l’islam qui est offerte à ces chrétiens: “mystère encore plus impénétrable lorsqu’on tente de comprendre le moteur interne des chrétiens qui les pousse à endurer, mourir, plutôt que de sauver leurs vies, et leurs pauvres destins“.
En tenant compte du devoir de se multiplier en terre non musulmane (l’un des éléments du discours militant de l’islam: le jihad al-wilada i.e. le jihad des naissances), les multiples appels du Pape, en faveur d’un élargissement de l’accueil des migrants musulmans, posent naturellement le problème de l’avenir religieux de l’Europe.