Il s’agit d’une communication (voir la vidéo de l’intervention ) du Professeur Marie-Thérèse Urvoy, faite dans le cadre du Colloque “Le Coran parole récitée, écrite et interprétée” (7 juin 2019) au Collège de France, “Chaire Histoire du Coran. Texte et transmission“. Le site Notre-Dame de Kabylie remercie vivement l’auteur pour son acceptation de publication de ce document. Dans le cadre de ce colloque, parallèlement à son épouse, la communication de Dominique Uroy (vidéo de son intervention) traite un autre aspect de l’analyse coranique. Plus bas, la fructueuse coopération des deux époux, dans la recherche coranique, est précisée.
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Remarque liminaire. Cette étude a recours à des “liens hypertexte” sous forme de lignes bleues (équivalent aux références de fin d’un texte, ou de bas de page), permettant d’accéder (uniquement via un écran), par clic sur l’une de ces lignes, aux sources utilisées, à la définition d’un terme, ou à la justification d’une affirmation. Une copie “papier” de cette étude ne permet pas le complément d’information donné par ces “liens“.
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Le texte de la communication (vidéo de l’intervention ) de Marie-Thérèse Urvoy débute ainsi :
“Dans de nombreuses circonstances, le croyant, qui est le seul Musulman dans le Coran, frappe par sa certitude dans sa croyance. Cela peut aller jusqu’à l’accusation de déloyauté et de mauvaise foi pour ceux qui le contredisent. Cette assertion est à rattacher à l’enseignement du Coran. La majorité des Musulmans ne comprennent pas que tous les autres ne pensent pas comme eux. De fait, cette certitude relève de la vérité du message coranique. Les précisions s’inscrivent dans l’obligation d’obéir au Prophète, avec les traditions à suivre, n’arrivent qu’ultérieurement. Ce n’est donc pas la satisfaction que ressent le croyant lorsqu’il est en règle avec les prescriptions de la Loi. Ce ressenti existe mais relève d’un autre registre différent.”
C’est ce “registre différent” qui est analysé dans la communication au colloque du Collège de France, texte qui donne l’argument fondamental de l’apologétique islamique :
“Nous lui avons consacré une étude, tant il s’est avéré que nous sommes, avec cet argument, au cœur de la certitude des Musulmans. S’appuyer sur un miracle d’ordre littéraire et scripturaire est unique dans l’histoire religieuse de l’humanité. « Les conséquences qui en découlent sont immenses. Puisque ce livre provient tout entier de Dieu, du point de vue islamique, il est la source de toute certitude: il peut donner une grille de lecture des événements et tout fidèle qui voit la réalité à travers lui se sent à la fois valorisé personnellement et en sécurité totale dans ses démarches. Tout le reste prend alors un caractère relatif »” (citation de J. Jomier, Pour connaître l’islam. Paris, Cerf, 1988, p. 177).
Pour le Musulman, sa religion est « la religion immuable » (al-dîn al-qayyim), idée forte, conduite dans le Livre dans une progression perçante […]”
L’article de Notre-Dame de Kabylie https://nd2kabylie.org/?s=A+propos montre en quoi Marie-Thérèse Urvoy est particulièrement qualifiée pour s’exprimer sur le sujet du titre. En particulier, on peut retenir :
– sa naissance et jeunesse à Damas où,elle est reçue 1ère au baccalauréat syrien en langue arabe pour les établissements privés (le prix de ce résultat était alors le titre de membre correspondant de l’Académie arabe de Damas), ses études et travaux de recherche à Damas et Beyrouth,
– les enseignements du Cheik Ahmed Kaftaro (plus tard, Grand Mufti de Damas) qu’elle a suivis à la faculté de la Sharï’a de l’Université de Damas. Il s’agit là d’un contact direct avec l’islamologie pratiquée en milieu islamique, et appliquée aux musulmans arabes.
– une vaste connaissance préalable du Coran et, plus généralement de la littérature, de la philosophie, de la pensée arabe et islamique (textes contemporains, et médiévaux qui ont donné lieu à la publication de 9 livres et de nombreux articles), dont plus spécialement sur le Coran :
- L’action psychologique dans le Coran (Cerf, 2007).
- La mésentente. Dictionnaire des difficultés doctrinales du dialogue islamo-chrétien, (Cerf, 2014).
- Enquête sur le miracle coranique. (Cerf, 2018).
Ces trois ouvrages sont le résultat d’une fructueuse coopération de recherche scientifique avec son époux Dominique, spécialiste de la philosophie islamique, de l’histoire d’Al-Andalus et, plus particulièrement, auteur d’une Histoire de la pensée arabe et islamique (Paris, Le Seuil, 2006, 676 p.). Il est important de noter que cette collaboration a conduit à une approche originale de l’étude du Coran, “livre fondateur” de l’islam, considéré parole divine “descendue” sur le prophète, à ce titre création absolument inimitable dans son sens comme dans sa forme. Cette approche (qui est celle du présent article) concerne deux points fondamentaux: l’action du Coran dans la formation de la certitude du croyant, et celle de son rôle dans la psychologie de ce croyant.
Dans le domaine des études coraniques et du monde arabe, indépendamment des livres et articles coécrits avec son époux, il faut aussi noter les 25 entrées que Marie-Thérèse Urvoy a rédigées pour le Dictionnaire du Coran, ouvrage publié sous la direction de Mohammad Ali Amir Moezzi, directeur d’études (Section des Sciences Religieuses) à l’ École Pratique des Hautes Études (Université Paris Sciences et Lettres).
En expliquant le rôle du Coran dans la psychologie du musulman (ceci indépendamment de la solidarité des musulmans qui les met en totale fusion avec leur communauté la Oumma), la communication de Marie-Thérèse Urvoy au Colloque du Collège de France devrait intéresser les responsables politiques et religieux de notre pays :
– Pour les représentants du christianisme, ce document arrive dans une France déchristianisée, où les vocations, et ordinations s’effondrent dans les séminaires diocésains et inter-diocésains Cf 1 (voir les 2 courbes de la figure 1: nombre de prêtres vs nombre de “prêtres traditionnels”). Une exception : celui de Versailles, et le séminaire de La Castille (connu pour les nombreuses vocations qu’il attire, et pour sa vitalité missionnaire), où son évêque Mgr Rey est maintenant interdit d’ordinations par Rome (26-06- 2022) pour sympathies envers les “communautés traditionnelles, et la forme extraordinaire du rite romain” (???) LIRE 1, LIRE 2. Avant cette sanction, en 2011 un sondage de l’IFOP (basé sur le critère de la pratique religieuse, lire) concluait que l’islam était déjà la première religion en France (1.9 million de catholiques pratiquants vs 2.5 millions de musulmans pratiquants). Cette situation a lieu, avec un Dialogue islamo-chrétien devenu la priorité, une évangélisation abandonnée car souvent assimilée au prosélytisme, et l’action de certains prêtres qui dissuadent les postulants musulmans au baptême (LIRE).
– Quant aux autorités politiques, elles doivent tenir compte d’une population musulmane non assimilée, en phase de croissance continue via sa démographie et l’immigration. Ceci en considérant deux faits qui concernent les deux volets de la définition du terme “démographie” (i.e. une appréciation qualitative des populations humaines, leurs migrations, et aussi une évaluation quantitative de la population humaine dans un lieu donné). Le 1er fait est lié aux demandes d’inscription du “Droit à l’avortement” dans la Constitution. Le second est lié aux termes du Hadith “Récit de Ma’qil ibn Yasar, Dawud XI 2045” où, à une question de l’un de ses disciples, Mahomet répond: “Épouse des femmes qui sont aimantes et prolifiques, que je puisse submerger les autres peuples grâce à vous“. Ici, il s’agit ici du jihad al-wilada (jihad des naissances, i.e. jihad démographique) LIRE. A ce sujet, notons qu’un Hadith est une communication des paroles de Mahomet, dont les recueils constituent l’un des trois livres “canoniques” de l’islam avec le Coran et la Sîrah (biographie du prophète de l’islam).
Le texte de la communication de Marie-Thérèse Urvoy au colloque du Collège de France est reproduit dans le document PDF ci-dessous. La version “orale” étant donnée par la vidéo de l’intervention.
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