Selon certains responsables politiques et commentateurs: les massacres de chrétiens au Nigéria seraient dus au changement climatique, et aux pénuries alimentaires résultantes. Ce texte est la traduction d’un article (en anglais) publié par l’islamologue Raymond Ibrahim (américain d’origine copte)
Remarque liminaire. Cette étude a recours à des “liens hypertexte” sous forme de lignes bleues (équivalent aux références à la fin d’un texte), permettant d’accéder (uniquement via un écran), par clic sur l’une de ces lignes, aux sources utilisées, à la définition d’un terme, ou à la justification d’une affirmation. Une copie “papier” de cette étude ne permet pas le complément d’information donné par ces “liens“.
A propos des massacres de chrétiens au Nigéria, et du silence médiatique qui accompagne ces atrocités, Raymond Ibrahim donne plus de détails dans un article plus récent intitulé ‘Where Is the Media?’: Persecution of Christians, June 2022 où il dit : “The Christians of Nigeria are, in fact, being purged in a genocide, according to several NGOs. Every two hours, one Christian there is killed” (Les chrétiens du Nigéria sont victimes d’un génocide. Toutes les deux heures un chrétien est assassiné). Dans un article traitant plus généralement des persécutions dans le monde et du silence médiatique, ce sujet était abordé le 05-04-2021 sous le titre “The Most Tragic Story Never Told: The Muslim Persecution of Christians“ (LIRE). Ce texte commentait le dernier rapport (janvier 2021) “World Wide List, 2021” d’Open Doors (cf. en français: Index Mondial de Persécution des Chrétiens 2021, https://www.portesouvertes.fr/persecution-des-chretiens). Sur la base du bilan mensuel que cet auteur publie depuis octobre 2010, son article donnait une information stupéfiante (dont les chiffres peuvent être vérifiés via les liens hypertexte fournis : 2 et 3 paragraphes avant la fin du texte) : “Entre 2018 et 2021, la persécution des chrétiens a augmenté de près de 60 % dans le monde“. Il ajoutait: “si l’on en croit les tendances actuelles, elle continuera probablement à augmenter et à se propager dans d’autres régions“. Raymond Ibrahim évoquait déjà l’épais voile de silence, et d’indifférence (ainsi que diverses manipulations médiatiques) qui couvre les persécutions subies par les chrétiens. Parmi ces manipulations, la dernière est celle du changement climatique.
L’article du 05-04- 2021 démontait les mécanismes de désinformation, utilisés par les médias dominants américains, pour cacher les causes réelles des persécutions. Ces “mécanismes” sont les mêmes que ceux utilisés par les médias français, et par certains responsables politiques, comme le montrent les exemples du paragraphe “Présentation et Analyse” (LIRE). Par contre, quand il s’agit des persécutions subies par les musulmans en Chine avec les Ouïghours (Bruxelles sanctionnant Pékin), en Birmanie avec les Rohingyas [déclarée par l’ONU “la minorité la plus persécutée au monde“, donc pas celle des chrétiens en voie de totale disparition au Moyen Orient qui a vu la naissance du christianisme], le “deux poids deux mesures” médiatique, et politique, devient flagrant et généralisé. Il faut noter que, sur la base du bilan d’Open Doors, l’article de Raymond Ibrahim citait aussi des pays non musulmans (Corée du Nord, Chine, Inde et Mexique, où les chrétiens sont persécutés pour d’autres raisons). L’article se terminait en évoquant le silence qui couvre les persécutions antichrétiennes (essentiellement pour des raisons de comportement politiquement, religieusement et ecclésialement correct).
Ce silence devient surprenant quand il vient de responsables chrétiens. Ainsi, aux États Unis l’indifférence des églises américaines pour le sort effroyable des chrétiens persécutés a suscité la stupéfaction de la journaliste américaine Kirsten Powers: “Les chrétiens du Moyen-Orient forcés de fuir le berceau du christianisme, et d’Afrique, sont massacrés, torturés, violés, kidnappés, décapités. On pourrait penser que cette horreur pourrait dévorer les chaires et les bancs des églises américaines. Il n’est pas ainsi. Le silence est presque assourdissant“. De son côté, le Gatestone Institute s’étonne du silence du Pape. En France, la situation est la même. Parfois on a une très rapide et extrêmement rare mention de persécution (limitée au mot, sans commentaire, i.e. le “service minimum”), mention noyée dans le chapelet des intentions égrenées lors de la Prière Universelle. Cependant l’horrible sort de nos frères dans le Christ qui, en refusant la conversion à l’islam traditionnellement proposée par l’islam, reproduisent l’héroïque témoignage sanglant des premiers chrétiens, n’est quasiment jamais évoqué dans les homélies. En fait, ce sont des non chrétiens (athées, ou musulmans dont Muhammad Al-Hussaini et Boualem Sansal) qui manifestent leur compassion pour ces chrétiens. L’un de ces athées, Raphael Delpard, auteur d’un livre et d’un film, voie dans ces persécutions un “mystère encore plus impénétrable lorsqu’on tente de comprendre le moteur interne des chrétiens qui les pousse à endurer, mourir, plutôt que de sauver leurs vies, et leurs pauvres destins“. Dans une recension du livre de Raphaël Delpard, la journaliste de Riposte Laïque, Lucette Jean-Pierre, bouleversée par le courage de ces chrétiens qui subissent de longues séances de tortures, mais refusent d’abjurer leur foi, quitte à payer cela du prix de leur vie, s’étonne du silence de l’Église catholique, du silence des hommes politiques de droite comme de gauche. De son côté, lors de sa visite dans les églises et les villages du nord Nigeria incendiés, ou détruits, par les fondamentalistes islamiques, le philosophe Bernard-Henri Lévy, profondément touché par le sort cruel des chrétiens de ces régions, reproduit le témoignage de prêtres, évêques locaux sur des femmes, et hommes, mutilés, assassinés, après avoir refusé la conversion à l’islam.
En outre, il faut noter que « l’instruction religieuse chrétienne n’est plus autorisée dans certaines provinces du nord. En revanche, les professeurs de religion islamique sont employés par l’État et rémunérés par des fonds publics », ce qui est pourtant contraire à la Constitution nigériane. Ces fonds publics sont également utilisés dans la construction de mosquées, tandis que les chrétiens essuient, de leurs côtés, refus sur refus lors de demandes d’achats de « terrains sur lesquels ils pourraient construire des églises » [LIRE]
S’adressant aux leaders chrétiens, une personnalité musulmane britannique, le Sheikh Dr Muhammad Al-Hussaini, va même jusqu’à dire que “la persécution des chrétiens s’amplifie parce que la hiérarchie de l’Église s’en soucie peu“ (A ce sujet, lire l’article “Iman blames Christian Leaders for the Persecution of Christians” du site de Christian Concern. De son côté l’écrivain algérien, Boualem Sansal, s’étonne lui aussi d’une telle indifférence. Il le fait dans un article de la Revue des Deux Mondes, consacré à la situation religieuse actuelle, sous fond d’un islam deuxième religion de France, “bientôt la première” (dernier quart de la page 54). Or, sur le critère de la pratique religieuse, un article du Gatestone Institute basé sur un sondage de l’IFOP de 2011, disait que l’islam était déjà la première religion en France: 1.9 million de catholiques pratiquants, 2.5 millions de musulmans pratiquants [LIRE aussi].
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Ci-dessous, en format PDF, la traduction de l’article de Raymond Ibrahim