Face à cette double question la plupart répondront sans hésiter : oui l’islam est inquiétant, voire dangereux. Quant à nous nous disons les deux mon général !
Mais avant d’expliciter notre opinion, distinguons entre les deux questions, ou plutôt entre les deux mondes, le non-musulman et le musulman. En effet s’il est inquiétant ça ne peut pas être pour le monde musulman, mais en revanche il l’est pour la société occidentale en général et le christianisme en particulier, pensent aujourd’hui la majorité des gens. Quoi que pour ce qui est du christianisme, nous savons que si l’on interroge les chrétiens il se peut qu’il y ait une proportion égale de personnes le trouvant inquiétant ou pas du tout. Mais qu’en est-il de la société musulmane ? Nous verrons dans une seconde partie cette question qui est celle d’un islam inquiet de “lui-même”, si on peut dire ainsi, et de manière rapide.
En résumé il est donc inquiétant pour la société occidentale, par son aspect fondamentaliste et intransigeant, pour ne pas dire par sa dangerosité. Du coup pour son incompatibilité avec un vivre-ensemble qui se passe bien, pourtant, avec la majorité des musulmans. C’est du reste à cause de ceux-ci qu’il y a un problème, à savoir les bons musulmans, selon l’image d’Epinal que s’en font les bons pratiquants de la société de consommation. Car en fait qu’est-ce que c’est que le vivre-ensemble sinon manger à la même gamelle, comme de bons toutous, sans se disputer et se mordre ? Patrick Buisson, qui se dit catholique, est exemplaire dans ses récents propos, sur BFMTV et sur Valeurs Actuelles :
“J’ai plus de respect pour une femme voilée que pour une lolita en string de 13 ans. J’ai plus de respect pour un musulman qui fait sa prière cinq fois par jour que pour les bobos écolos à trottinette”. L’essayiste a alors dressé un éloge des musulmans pratiquants: “Je considère qu’en humanité, ils ne sont pas des êtres inférieurs, j’ai même tendance à considérer qu’ils sont des êtres supérieurs.”
Mais il n’est pas représentatif de la partie de la population française qu’inquiète l’islam. Il en est bien loin car sa foi catholique est conventionnelle ou civilisationnelle, pour ne pas dire nostalgique. Cela dit il indique que le danger est interne à la société française, beaucoup plus qu’externe. Et c’est même l’objet de son dernier livre : “La Fin d’un monde”, dans lequel il fait le point sur la décadence française depuis les années 1960. “L’islam n’est que le miroir de nos insuffisances et de nos démissions. L’islam nous renvoie à l’image de notre déclin et de notre décadence. C’est ça qui nous est insupportable“, a-t-il ainsi affirmé. Mais il serait sans doute étonné de voir que de l’autre côté de la Méditerranée, les musulmans lucides pensent tout le contraire de ce qu’il dit sur l’islam.
“Et excusez-moi ma langue piquante ! Une autre question me fait mal au cœur et torture ma conscience, et Pardonnez-moi mon Dieu de la poser sans gants et sans masque : quand une mosquée cinq étoiles est construite avec les bras des non-musulmans pour des musulmans qui du matin au soir tiennent les murs par leur dos, n’arrêtent pas de jeter l’anathème sur leurs confrères musulmans, ne cessent d’insulter dans leurs cinq prières quotidiennes ceux qui construisent pour eux une mosquée cinq étoiles destinée à un dieu qu’ils souhaitent à leur guise et à leur taille intellectuelle et à leur croyance trouée, Dieu répond-Il aux appels de ces fidèles sous le toit de cet édifice grandiose ?…Dieu n’écoute pas l’appel parvenant du peuple d’un pays où on construit une mosquée cinq étoiles, et dont les enfants ont besoin d’une paire de chaussures en plastique pour rejoindre une école lointaine sans chauffage, ni réfectoire, ni tables ! Un cri d’un enfant qui a faim est plus écouté par Dieu qu’un appel à la prière dans une mosquée cinq étoiles dans un pays où les enfants ne trouvent pas un bus pour rejoindre l’école ou un morceau de craie pour écrire le nom de leur pays ! Dans une mosquée cinq étoiles, on ne prie pas Allah, on prie celui qui représente Allah… Sous prétexte de défendre Allah, et pourtant Allah n’a pas besoin ni d’armée ni d’avocats pour se défendre, en réalité on défend celui qui prétend être l’ombre d’Allah. Même dans une mosquée cinq étoiles où l’appel à la prière est lancé d’un minaret de trois cents mètres de hauteur, Allah n’Exauce pas les prières de ces pseudo-fidèles qui sèment la haine dans des prêches incendiaires.”
“Faut-il rappeler à ceux auxquels il reste encore un minimum de mémoire et de discernement que ces assassinats étaient commis par des musulmans contre d’autres musulmans. Ils n’ont épargné ni vieux, ni jeunes, ni femmes, ni enfants, ni mères, ni bébés, ni croyants, ni athées, ni intellectuels, ni analphabètes, ni travailleurs, ni chômeurs, ni militants, ni fonctionnaires, ni professions libérales…
Aussi, qu’ils soient commis par l’armée, les services de sécurité ou par les islamistes, ces crimes ont tous été commis au nom de l’Islam. Des islamistes ont été assassinés par d’autres islamistes pour la simple raison qu’ils appartenaient à des courants islamistes différents ou qu’ils ont eu tout simplement le malheur de se trouver au mauvais endroit, au mauvais moment. Mais comme disait en son temps Khomeiny à propos des victimes de sa justice expéditive : “Si elles sont coupables, on aura fait notre devoir. Si elles sont innocentes, elles iront au paradis.”
Ainsi donc pour parler de l’islam, les Européens tirent leurs conclusions en fonction de leur histoire personnelle, souvent en fonction de leur idéologie, en sorte que ce qu’a dit M. Buisson est contredit par ce que dit M. Zemmour : « La pratique de l’islam n’est pas compatible avec la France. Deux civilisations ne peuvent pas vivre sur le même sol ».
Ce que dit Mélenchon : « Les musulmans de France ne méritent pas d’être traités comme ils le sont depuis une semaine, montrés comme des suspects »
Sera contredit par ce que dit Philippe de Villiers : « A chaque fois que l’Islam s’est installé quelque part, ça s’est toujours mal terminé » … « C’est un système spirituel, juridique et politique (…) et donc, il n’y a pas de compatibilité entre la république et l’islam ».
Et ainsi de suite. Qui est dans le vrai ? Ne serait-ce pas ce qui s’appelle instrumentaliser la religion musulmane, en recourant à ses deux versions : la version hard (djihad) et la version soft (paix) ? (à suivre)