70 ans après le déclenchement de la Révolution en 1954, le 1er novembre, que dire des espoirs de libertés qui en étaient attendus ? Car la Révolution n’avait pas, pour seul programme, celui de se libérer de la colonisation. Il y avait tous les espoirs de recouvrer, avec l’indépendance, toutes les libertés universelles qui découlent des droits humains. Et de vivre sur la terre de ses ancêtres en hommes libres, ce que signifie le mot Imazighen. Libre donc de parler, de s’exprimer oralement et par écrit. Libre de ses choix politiques et religieux. Libre de créer, d’entreprendre et de circuler. Libre de se manifester culturellement, religieusement et politiquement, et donc de manifester tout simplement. Libre, surtout, de refuser que l’injustice, la haine et le mensonge régentent les rapports entre frères et soeurs, entre citoyens et gouvernants, entre les élites et les gens du peuple.

  • 1- La JUSTICE est le premier des trois (1) besoins les plus fondamentaux de l’homme. Qu’en est il en Algérie indépendante depuis 64 ans ?

La justice suppose une loi et des juges en vue d’encadrer les droits et les devoirs de chacun. Parce que les hommes s’ils désirent tous la justice, pratiquent souvent l’injustice quand cela concerne les autres, leur prochain. Bien loin de mettre en pratique la recommandation du Christ, en Mat. 7 : 12 « Donc, tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux, vous aussi : voilà ce que disent la Loi et les Prophètes. »

Et c’est dans sa pratique de la justice qu’un gouvernement peut être jugé. Voici ce qu’ont constaté les ONG relativement au gouvernement actuel de l’Algérie lors de l’élection présidentielle de septembre 2024 : elles appellent tout simplement au boycott de ladite « élection présidentielle ». Signataires : Collectif des familles de disparus en Algérie (CFDA) ; Comité de sauvegarde de la LADDH ; Libertés Algérie ; Mouvement IBTYKAR ; Riposte internationale ; Tharwa N’Fadhma N’Soumeur ; Coordination des organisations maghrébines des droits humains (COMED) ; EuroMed Droits ; Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) ; Forum de solidarité euro-méditerranéenne (FORSEM) ; Institut du Caire pour les études des droits de l’Homme (ICEDH) ; Organisation mondiale contre la torture (OMCT) ; SHOAA for Human Rights.

Et la preuve de cette injustice à ciel ouvert c’est le nombre de prisonniers politiques qui croupissent dans les geôles du pouvoir, selon les journaux “expatriés”. Lesquels nous ont appris qu’à l’occasion de la célébration du 1er novembre, date du déclenchement de la Révolution algérienne en 1954, le Président Tebboune a gracié des détenus en nombre (4000). Parmi lesquels une petite partie seulement (200) est constituée de détenus pour délit d’opinion.

  • 2- La VERITE vient en second car justice et vérité vont ensemble.

Dans les trois besoins nous reléguons en 3ème position l’amour (ou la bienveillance) du fait qu’il faut de la vérité et de la justice pour que ce besoin, si essentiel, se développe et devienne en quelque sorte l’élément qui irrigue toute la société. Sans quoi, si le mensonge et l’injustice sont prégnants, les individus et les familles vivront dans la frustration et la division. Engendrant conflits et animosités. Nous avons une réaction d’un lecteur du Matin (ci-dessous) qui résume bien la situation algérienne.

Mon cher ami B., dans la nouvelle Algérie du duo Teboune-Changriha, il n’est pas du tout difficile de distinguer le mensonge de la vérité, ni le réel du fictif, comme vous le dites ci-haut. […] Ils ne sont pas machiavéliques comme certains peuvent le penser, leurs ruses et mensonges sont tellement grotesques que même un enfant les voient venir. Tous deux utilisent la violence brute, méprisable et des mensonges éhontés pas du tout cachés. Il n’y a rien qu’à regarder le déroulement de la mascarade électorale et l’annonce carnavalesque des faux résultats. Il ne faut pas non plus oublier les rafles de citoyens innocents condamnés à mort ou des peines de prison. Parmi ces citoyens innocents, on note des journalistes, qui normalement, dans un pays qui se respecte, sont protégés par la loi parce qu’ils ne font qu’exercer leur métier. Le mensonge est la règle mon cher B. et l’INJUSTICE est la loi dans cette nouvelle Algérie de Changriha et Teboune. Ce régime ne gère pas le pays pour améliorer le sort des citoyens. Mais il gère une RÉPRESSION. Toutes les ressources du pays sont mobilisées pour mater le peuple, le museler et s’il le faut, le bruler. Exactement, comme il a fait pour la Kabylie. Toutes les actions de ce régime, nous montrent, qu’il n’a aucun scrupule pour tuer et massacrer. Assouvir ses besoins, c’est seul but, son seul crédo. Ce régime n’a rien à foutre du peuple, ca fait depuis 1962 qu’il nous le démontre jour après jour.

Nous voudrions citer aussi les cas flagrants d’injustice et d’arrestations arbitraires qu’ont subi les nombreux détenus Kabyles. L’exemple le plus parlant est celui de Mme Kamira Nait Sid, libérée le 1er septembre 2024, après avoir purgé trois ans de prison. Et qui n’en a pas fini avec la justice du pays, laquelle s’acharne sur elle et veut la rejuger du fait de l’intervention des instances internationales. Du reste le gouvernement en place depuis 2019, avec son état profond militaire, a, d’une manière générale, comme perspective, la soumission complète de la Kabylie. Celle-ci étant considérée par le pouvoir algérien depuis 1962 comme un repaire de rebelles politiques et de néo-chrétiens. Il faut savoir que, quasiment, toutes les églises domestiques, d’obédience protestante, ont été fermées. Celles des catholiques sont, elles, ouvertes. Mais elles sont sensées n’accueillir que les étrangers sur place, des pays du nord ou du sud de l’Algérie.

Kamira Nait Sid libérée Tamurt.info

La militante des droits de l’homme et coprésidente du congrès mondial amazigh (CMA), Kamira Naït Sid retrouve enfin sa liberté, trois ans après son incarcération. La détenue d’opinion a quitté sa cellule à la prison de Koléa, ce matin, où elle a été accueillie par sa mère et un groupe de militants.
  • 3- L’AMOUR du prochain, qui se manifeste par la bienveillance et le respect, ne sont donc pas de mise envers la population. L’inverse s’appelle en Algérie la “hogra” c’est-à-dire le mépris, qui règne en maitre.

Ceux qui gouvernent le pays, en effet, ne cochent aucune case qui aille dans le sens de la bienveillance à l’égard de tous les citoyens ; bien au contraire ce sont le mépris et l’arrogance qui prévalent parmi tous ceux qui ont de l’autorité depuis le simple subalterne jusqu’au haut fonctionnaire ou haut-gradé. Le constat qu’on peut tirer de la politique gouvernementale actuelle, aurait dit un exilé, ayant fui le pays, « c’est un projet politique totalitaire, qui prétend s’appuyer sur des valeurs. Sauf qu’elles sont détournées au profit de la classe dirigeante et de ses alliés. Ainsi la souveraineté, le sacrifice des martyrs pour l’indépendance, l’égalité entre tous, la défense contre l’ingérence étrangère, la protection des cultures du pays, la lutte contre le clanisme, la défens de l’islam, etc. ne sont vues que dans l’intérêt de la nomenklatura militaire et de ses proches, ou “cousins”. »

Autre analyse parue dans le Matin :

Né de l’élan révolutionnaire de Novembre 1954, le projet national esquissait la genèse d’un Etat démocratique ambitieux, fondé sur la liberté, l’égalité, la solidarité, et la modernité. Le congrès de la Soummam (1956), étape cruciale dans l’organisation de la révolution algérienne, avait par ailleurs consolidé cet idéal en posant ses bases fondamentales. <> Cependant, cet idéal démocratique a rapidement été sacrifié par des luttes de pouvoir au sein du FLN, initiant ainsi un tournant autoritaire dans l’histoire de l’Algérie. De toute évidence, il ne convenait pas à des factions du FLN (Front de Libération Nationale) qui refusèrent de subordonner le pouvoir politique à l’autorité du droit. <> En sorte qu’en n Algérie, la crise politique s’éternise. Cette crise, apparue dès les premiers pas de l’indépendance, se prolonge près de sept décennies plus tard. Ses racines plongent dans le dévoiement du projet national.
  • Conclusion : espoir ou désespoir ?

Rien ne s’annonce à l’horizon qui puisse susciter de l’espoir pour les jeunes qui quittent le pays en masse. Et rien d’autre que la fatalité atavique pour les plus vieux, après le coup de grâce porté en 2018 aux espérances nées du Hirak qui avait pourtant arraché la démission de l’inamovible président Bouteflika dont le règne avait duré 20 ans ! Mais à qui la faute ? Toujours aux militaires qui ne lâchent ni ne partagent le gâteau de la rente algérienne. L’espoir d’un changement s’est évanoui. Et le marasme algérien se poursuit.

Quant à nous les nouveaux chrétiens issus de ce pays, nous ne pouvons qu’offrir nos prières pour ses habitants. C’est le moins que l’on puisse faire, puisqu’on ne peut, selon les lois musulmanes et la constitution, ni faire de la politique, ni proposer la voie de Notre Seigneur. Mais Lui peut et nous croyons qu’Il attend son heure.

Le président Tebboune en visite en Chine


(1) La justice, l’amour (bienveillance et respect) et la vérité. Tout homme en a besoin pour vivre, grandir et s’épanouir. Comme de se nourrir, de boire et de respirer.